Je t’ai aimé comme on aime les cons – Avis +

Présentation de l’éditeur

L’histoire débute par une scène de séparation. Une jeune femme, Miranda, quitte Pedro après une relation de quatre ans. Et dès les premières vignettes, le ton est donné : Pedro, aux allures de macho trapu et velu, et cependant les larmes aux yeux, demande à sa bien-aimée une dernière faveur : « Tu me laisses la télé ? »…

Miranda retourne alors à Valence qu’elle avait quitté pour rejoindre Pedro – rencontré sur Internet – à Séville où, malgré de profondes amitiés nouées avec Ana, collègue de travail, ou Manu, colocataire excentrique, elle avait eu beaucoup de mal à se sentir chez elle. C’est alors, comme elle se le dit tristement, un « retour à la case départ ». Miranda se retrouve chez ses parents, cherche du travail et va revivre le souvenir des épisodes souvent gris de ces quatre années de relation avec Pedro.

Avis d’Enora

Comme le titre l’indique nous sommes ici dans une histoire de cœur et de rancœur. Une très belle histoire, toute en tendresse, de reconstruction après une rupture douloureuse. Sur un scénario parfait qui alterne présent et passé, épisodes dramatiques et passages à la dimension comique, Maria José Giménez nous fait vivre les aléas d’une relation depuis la rencontre jusqu’à la rupture.

Miranda a quitté sa ville et sa famille pour suivre Pedro, le grand amour de sa vie. Quatre ans plus tard les illusions ont fait place à une dure réalité ; sa famille et ses amis lui manquent, la vie est difficile, entre les emplois précaires et inintéressants, le manque d’argent et la cohabitation forcée, mais surtout Pedro se révèle un homme égocentré et surtout menteur. Revenue chez elle, elle essaie de se reconstruire en s’interrogeant sur les causes de cet échec. Entre douleur et nostalgie elle va peu à peu retrouver l’estime d’elle-même et l’envie d’être heureuse.

Aidée par le graphisme minimalisme en noir et blanc de José Miguel Fonollosa, cette BD nous entraine dans le monde des sentiments et des ressentis. Paradoxalement, Maria José Giménez utilise le thème de la rupture pour nous parler d’amour, de pardon, d’amitié, de tendresse. Il nous interroge sur les limites de la dépossession de soi dans l’amour et l’abus que peut en faire l’autre, sur les illusions, la peur de les perdre et d’affronter la réalité. Cette histoire n’est pas à prendre avec manichéisme, Miranda et Pedro ne sont pas les archétypes de la femme ou de l’homme ; l’empathie vient de ce que chacun dans sa vie a été à la fois un peu Pedro, dans sa lâcheté, son mensonge, son égoïsme, et Miranda, dans sa naïveté, sa douleur et sa difficulté à retrouver une envie d’avancer. Gimenez et Fonollosa nous parlent ici, avec poésie, de la vie quotidienne et de la difficulté des relations à l’autre.

Fiche technique

Dessins : Fonollosa
Scénario : Gimenez
Format : médium
Pages : 112
Editeur : Dargaud
Sortie : 16 mai 2008
Prix : 8,50 euros