La terrible vengeance du chevalier d’Anzy – Avis +

Présentation de l’éditeur

Le chevalier Louis d’Anzy est un jeune aristocrate aux sympathies révolutionnaires. Blessé aux Tuileries, il est soigné par un lord anglais et sa fille Mary. Entre Louis et cette dernière, c’est le coup de foudre. Avec d’autres aristocrates, ils quittent la France et s’embarquent pour l’Angleterre. Mais lors de la traversée, Louis est jeté à la mer. Il est sauvé par un cuisinier et sa fille, la ravissante Esther. Un autre amour ? Louis ne songe qu’à se venger…

Avec le cuisinier, il ouvre à Londres un grand restaurant qui sera celui de toute la noblesse en exil. Des émigrés comme Rivarol, Montlosier, Chateaubriand et le comte d’Artois s’y bousculent. Parmi eux, il y a aussi les passagers de la traversée. Louis va pouvoir assouvir son désir de vengeance. Mais entre la blonde Mary et la brune Esther, il devra choisir.

Avis d’Enora

L’histoire débute le 10 aout 1792, le roi et sa famille sont internés et un grand nombre d’aristocrates encore sur le territoire français, décident d’émigrer. Blessé lors de l’attaque des Tuileries, le chevalier d’Anzi est embarqué sur un bateau à destination de Londres. Quand les autres nobles apprennent ses sympathies républicaines, ils le jettent par-dessus bord. Recueilli par un cuisinier et sa fille, d’Anzi ne vivra plus que pour se venger.

Dans la veine des grands romans épique du XIXe et en particulier d’Alexandre Dumas (il y a de l’Edmond Dantès dans ce héros), ce livre nous fait vivre les aventures palpitantes du chevalier d’Anzy. François Céréza construit un récit plein de rebondissements sur un fond historique richement documenté. Il s’appuie sur une période trouble de l’histoire pour asseoir son récit dans le romanesque, multipliant les actions, les coups de théâtre et les dialogues savoureux. Un peu comme Féval, il oppose la corruption d’un monde, ici celle de l’aristocratie émigrée, faite de manigances, de lâcheté et de stupre, à celle du courage et des valeurs chevaleresques déclinantes incarnées par d’Anzi et ses compagnons. Nous sommes presque dans Les mystères urbains, genre inauguré par Sue, tant la ville de Londres tend à devenir une métaphore de ce monde qui part à vau l’eau.

Avec beaucoup d’habilité, l’auteur sait décrire la difficulté de l’exil de ces nobles, qui rejetés par les leurs, s’aperçoivent que tout ce qui les a fait, les défait, et qui pour survivre, doivent se mettre à travailler : le duc de Montmorency se fit pâtissier, d’autres devinrent charcutiers ou tisserands ou commissionnaires.

Les nombreux personnages sont variés, cocasses ou émouvant comme le gascon Bertrand du Terrail, « Bertrand comme du Guesclin et du Terrail comme Bayard », homme de cape et d’appétit ; et la jeune Mary, dont la mère est morte folle quand elle avait huit ans, et qui après avoir été séduite et abandonnée très jeune par un homme d’âge mûr, a décidé de ne plus jamais être victime des hommes.

Parmi les dialogues et les réflexions incisifs, citons les piques sur Lafayette « qui voulait protéger tout le monde mais dont tout le monde cherchait à se protéger » et quelques satires sur l’amour dignes de Guitry « il pensait que les hommes désirent souvent être le premier amour d’une femme et que les femmes aspirent toujours à être le dernier amour d’un homme…les hommes veulent avoir le dernier mot et ce sont les femmes qui l’ont. »

Véritable roman d’aventures historiques, dans lequel les actions de ses protagonistes s’appuient sur la dynamique de l’Histoire, La terrible vengeance du chevalier D’Anzi se déroule sur un rythme époustouflant, maintenant sans défaillance l’intérêt des lecteurs jusqu’aux dernières pages. François Céréza qui nous avait déjà impressionnés avec Cosette ou le temps des illusions et Marius ou le fugitif, suite des Misérables, réussit là un récit passionnant, savamment écrit.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 345
Editeur : Plon
Sortie : 24 avril 2008
21,90 euros