Présentation de l’éditeur
« C’est en découvrant à quel point je pouvais être blessée par une amie que j’ai compris l’importance de l’amitié dans ma vie. Et j’ai dû admettre que l’amitié est aussi passionnelle que l’amour et que nos amies sont aussi vitales à notre bonheur que l’homme de notre vie »
Dans l’échelle des sentiments on a toujours placé l’amitié après l’amour et la famille. Mais ce n’est plus le cas : entre les familles éclatées et les séparations conjugales l’amie a une place grandissante. Elle est l’indispensable reflet sans lequel on ne sait vivre, la confidente, celle qui nous conseille dans les choix importants. C’est pourquoi en cas de rupture ou de trahison les femmes sont plus désemparées qu’elles ne veulent l’admettre et le vivent parfois aussi intensément qu’une rupture amoureuse. Denise Bombardier raconte ces relations entre femmes, beaucoup plus complexes et enrichissantes que ce qu’on en dit.
Avis d’Enora
A partir de ses expériences, et notamment une peine d’amitié, Denise Bombardier analyse avec sensibilité, émotion et humour, l’amitié féminine : de la petite enfance, où les fillettes cherchent à se connaitre à travers l’autre, à la maturité où elle devient un refuge affectif à l’abri des problèmes conjugaux, familiaux ou professionnels, en passant par l’adolescence où l’amitié est refuge et tremplin.
L’amitié pour se comprendre, se rassurer, se comparer et s’assurer de sa normalité. L’amitié pour se confier dans nos peurs les plus intimes, celles de ne pas être aimée, d’être abandonnée, de vieillir sans compagnon. L’amitié pour rire, de soi, des autres, pour mettre à distance les pressions de la vie moderne. L’amitié, comme bouée de secours quand s’écroule le couple ou quand surgissent des problèmes avec les enfants. L’amitié qui nous fait chercher, comme en amour, celle ou celui qui possède une part de nous qu’on veut soustraire aux regards des autres. L’amitié qui fait souffrir aussi, du manque de réciprocité ou de la trahison. Car l’amitié féminine peut osciller entre noblesse du sentiment et méchanceté des intentions et dans ce cas là, le combat peut être mortel, tellement les armes sont connues, tout comme le sont, les faiblesses de l’armure. « L’amitié comme l’amour peut éclater devant des cataclysmes qui renvoient chacune à ses fragilités, à ses propres terreurs et aux limites de son altruisme »
Que l’amitié puisse être passionnelle ou fusionnelle, tout comme l’amour, bien sûr. D’autant plus qu’entre femmes le transfert pour retrouver son premier amour d’enfant, c’est-à-dire sa mère, se fait beaucoup plus facilement. Mais il existe aussi des amitiés plus adultes, plus mûres qui nous font rechercher des amies différentes, pour nous contredire, nous secouer, nous dépayser.
Une femme est-elle plus profondément sincère avec ses amies qu’avec son compagnon ? Et si oui, est-ce dû à l’effet miroir qui les empêche de feindre ? Ou est-ce parce qu’elle ne peut confier à son amoureux, ces sentiments tordus qui habitent de temps à autre, toute femme normalement constituée ? C’est ce que pense l’auteur mais je laisse la réflexion ouverte…
La petite réserve que je fais par rapport à l’analyse de Denise Bombardier, c’est que n’étant pas un homme, elle ne sait pas plus que moi, sur quoi se fonde la vraie amitié masculine. Affirmer que les femmes, contrairement aux hommes à cet égard, recherchent à travers leurs amies les empreintes de leur propre intimité, me semble un peu présomptueux. Affirmer que l’amitié entre femmes a toujours fasciné les hommes pour qui elle demeure aussi mystérieuse et enviable que menaçante, manque de réciprocité. L’amitié masculine peut tout autant fasciner la gente féminine. Affirmer qu’une amitié entre un homme et une femme ne peut exister que si celui-ci est gay est un peu réducteur à mon sens.
Malgré cela, Denise Bombardier a réussi un très bel essai sur l’amitié féminine et ses ambiguïtés, qui parlera à chacune des lectrices…et sûrement des lecteurs.
Fiche technique
Format : broché
Pages : 176
Editeur : Albin Michel
Sortie : 2 mai 2008
Prix : 14 €