Résumé de l’éditeur
Avis de Marnie
Un pavé. Le vrai, le gros… le livre dans lequel on adore se plonger, qui va au bout de l’introspection. Des personnages complexes, bien ancrés dans leur réalité, cohérents avec leur évolution. Ne cherchez plus une romance historique profonde aux détails soignés, vous l’avez trouvée !
En effet, Laura Kinsale nous raconte un long, puissant et profond récit riche en sentiments partagés ou non, et en thèmes soulevés. Les caractères sont complexes, évoluent au fur et à mesure que les rebondissements surviennent. Il est très rare que la différence de classe sociale paraisse aussi insurmontable dans une romance. En fait, l’amour ne suffit pas et chacun des deux héros, éduqué de façon totalement différente, subissant la pression familiale, doit se battre contre ses proches, pour pouvoir mener la vie à laquelle il et elle aspirent.
D’un côté, nous avons un aristocrate à qui tout a toujours été permis, brillant, autoritaire, doté d’un sens du devoir et de l’honneur lié à son titre de duc, qui, se retrouve à lutter contre son propre corps, avec une sorte de rage mêlée de désespoir, alors que sa famille tente tous les moyens de le destituer de ses droits. D’autre part, Madeline est une quaker, tout à fait à sa place dans un milieu au sein duquel elle a trouvé la réponse à ses questions philosophiques, spirituelles et un mode de vie qui lui convient. Cette rencontre improbable va soudain les faire réfléchir sur ce qu’ils attendent de leur vie, mais aussi sur ce qui leur manquait.
L’introspection est très profonde et totalement cohérente pour ces deux personnages, d’abord cloisonnés dans leurs milieux respectifs qui vont franchir une ligne interdite. Au lieu de couper cette romance qui pourrait facilement s’arrêter à la moitié du roman, par un «ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants», l’auteur va s’attarder sur les compromissions que chacun est obligé de faire et qui leur coûte énormément, mais aussi sur le regard plein d’incompréhension et de méfiance sur le milieu de l’autre. Ils seront obligés de faire des sacrifices déchirants mais cela apporte également une vraie profondeur dramatique à cette histoire. Cet aspect doux amer, désenchanté se mêlant à cette intrigue ludique dont le pitch fait rêver, provoque un contraste passionnant, qui rend cette romance historique originale et pour tout dire inoubliable.
Laura Kinsale est un auteur à suivre, tant elle est capable de créer avec une histoire somme toute très simple, un univers plein de passion, de sensibilité et d’émotion.
Avis de Callixta
Flowers from the storm est un grand livre et jamais, la romance n’a été aussi proche de la ce qu’on appelle la littérature que dans cet ouvrage. Cela est sans nul doute dû au talent de Laura Kinsale dont le style puissant et impeccable lui permet de tout oser. C’est aussi parce que c’est une grande histoire, belle, profonde, grave et universelle.
Christian Langland est duc et conscient d’être un homme puissant et intouchable dans l’Angleterre du dix-neuvième siècle. Il est aussi très beau, d’une intelligence sortant de l’ordinaire (il est capable d’inventer de nouveaux théorèmes mathématiques, c’est dire!). Il vit donc dans une tranquille opulence ignorant superbement ce qui l’entoure. La première scène montre ce jouisseur paresseusement appuyé sur sa maîtresse enceinte de ses oeuvres mais, malheureusement, complètement mariée à un autre. Cette inconfortable situation va lui coûter chère. L’histoire aurait pu être un vaudeville plus ou moins drôle mais elle va virer dans le drame. Christian fréquente également Archimedea Timms et surtout son père pour ses études mathématiques. On ne peut imaginer des êtres aussi dissemblables de lui. Ce sont des quakers issus donc d’une secte protestante très rigoureuse qui ne reconnaît aucune hiérarchie entre les hommes mais seulement la supériorité de Dieu et de lui seul. Très stricts et très puritains, ils mènent une vie simple et discrète aux antipodes des excès du duc. Mais le père de Maddy (c’est tout de même plus charmant que son prénom complet !) apprécie cet homme brillant.
Pourtant, Christian va disparaître au monde soudainement et même passé pour mort. Maddy va le retrouver par hasard dans un asile d’aliénés ultra-moderne pour l’époque tenu par son propre cousin. Le duc y est comme un fauve en cage. Il semble muet et handicapé et fait preuve d’une grande violence.
Le livre devient alors grandiose et poignant. Il est extrêmement riche passant de la description de la société quaker à celle de cet asile de fou qui vous glace le sang puis à la cruelle société londonienne des beaux quartiers. Christian s’y débat pour se retrouver et reprendre la place qui est la sienne. Sans doute victime d’une rupture d’anévrisme (l’auteur ne nous donnera jamais aucun diagnostic, bien sûr, impossible alors), sa maladie n’est pas reconnue et sa transformation terrorise tout le monde y compris sa propre famille. Les tableaux décrivant sa souffrance et son isolement se succèdent aussi approfondis, aussi fins les uns que les autres.
Une vraie galerie de portraits se dessinent derrière les deux héros : les amis de Christian, ceux de Maddy, le personnel de l’asile, la famille terrifiante de Christian dans sa médiocrité .Tous sont parfaitement caractérisés en peu de mots en quelques scènes ciselées. L’histoire qui naît entre Christian et Maddy est magnifique. Rien ne les poussait l’un vers l’autre. Le hasard et l’humanité de Maddy et peut-être le devoir que lui impose sa religion l’ont juste amenée vers lui. Il a saisi la main qu’elle lui tendait mais il n’avait que celle-là à prendre. Les scènes où il demande, avec toute la fermeté dont il est capable et en écorchant les mots, de rester près de lui et de l’aider sont magnifiques.
De cette rencontre forcée vont naître des liens de plus en plus indissolubles et profonds et le lecteur voit bien avant les protagonistes que rien ne les séparera jamais. Tous deux sont finalement enfermés : Christian est un fou aux yeux de tous sauf de Maddy. Même si elle a peur, même si elle n’en est pas toujours convaincue, elle sait qu’il est sain d’esprit et seulement coupé du monde par ses problèmes d’expression et son handicap. Elle voit rapidement qu’elle l’aide. Son intervention va peu à peu libérer Christian mais de bien autre chose que de sa maladie. Maddy est elle-même prisonnière de sa religion, de la fermeture au monde qu’elle impose et Christian avec l’arrogance qu’il n’a jamais perdue va peu à peu l’extraire de là sans qu’elle le veuille. C’est un arrachement douloureux qu’elle consent uniquement parce qu’elle se sent utile.
C’est un long combat pour tous les deux semés d’embûches diverses mais toujours aussi bien amenées et cohérentes. Faire d’un homme diminué (et il l’est vraiment) un héros plein de charme mais aussi de force était une gageure que Laura Kinsale a relevé avec brio. Rendre séduisante une jeune quaker un brin sentencieuse et coincée par de nombreuses interdictions n’avait rien d’évident mais, là aussi, Laura Kinsale réussit à la perfection. Elle conduit une histoire dense et grave à sa fin sans une seconde d’ennui et en donnant l’impression d’avoir souffert avec les héros. Elle écrit aussi remarquablement bien d’un style élégant et précis.
On ne peut alors que regretter la rareté des sorties littéraires de Laura Kinsale. Son dernier ouvrage date déjà de plusieurs années et on doit souvent se contenter de rééditions de ses livres. Quel dommage ! Laura Kinsale explique cette rareté par ses difficultés à produire des livres à date régulière et on la comprend même si c’est pour nous une déception. En attendant qu’elle reprenne la plume, lisez et relisez Flowers from the storm !
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 560
Editeur : Avon Books
Sortie : 14 août 2003
Langue : anglais
Prix : épuisé, se trouve sur les sites de vente d’occasions