Hollywood, années folles – Avis +

Avis de Marnie

Loin d’être complaisantes, empreintes de nostalgie, ou encore amères et plaintives, il fallait vraiment le talent d’écriture de Garson Kanin pour nous rendre ses mémoires aussi vivantes et si spirituelles. Voici le Hollywood de la fin des années 30… jusque dans les années 60. Mais au lieu d’une plate écriture chronologique, nous avons ici un « petit » metteur en scène mais un grand auteur qui nous transmet la passion de son art, et cherche un sens à de la futilité que représente le monde du cinéma, la différence entre un chef d’œuvre et un mauvais film, les recettes d’un succès, et qui nous révèle avec une vraie chaleur humaine ses relations avec acteurs, metteurs en scène, producteurs et public !

Si le seul film resté célèbre en tant que réalisateur de Garson Kanin fut Mon épouse favorite avec Cary Grant, comment ne pas se souvenir qu’il fut le scénariste de chefs d’œuvre notamment de George Cukor, tels Madame porte la culotte, comment l’esprit vient aux femmes ou encore une femme qui s’affiche ? Livrant ses impressions, en butte aux réactions inconsidérées, rusées ou encore totalement à contre sens des grands producteurs de l’époque, se dessine Hollywood peut-être un peu comme on se l’imaginait, comme on en rêvait, mais surtout à travers les yeux incrédules, sceptiques, amusés et compréhensifs d’un écrivain qui ne sera jamais blasé.

Au gré des rencontres de Garson Kanin, voici qu’apparaîssent Greta Garbo, Charlie Chaplin, Harry Cohn, Spencer Tracy, Ginger Rogers, Samuel Goldwyn, Charles Laughton, Groucho Marx et bien d’autres… mais surtout, surtout, le ton anecdotique et humoristique fera une pause pour soudain devenir admiratif, inconsolable, empreint d’émotion pour nous parler de la vibrante et attachante Carole Lombard, actrice inoubliable de To be or not to be, épouse de Cary Grant qui disparaîtra tragiquement dans un accident d’avion en 1942.

L’auteur est un témoin, racontant ses déboires tragicomiques, tout d’abord sous la coupe des directeurs de studio, nous sentons bien qu’il ne fait pas bon d’être scénariste à Hollywood, comme l’a écrit depuis Ben Hecht. Il ne se met que rarement en scène, sauf subtilement au détour d’une page pour nous parler de la femme de sa vie, la fabuleuse Ruth Gordon (Harold et Maude). Son autobiographie fourmille d’anecdotes, de phrases cultes, tout cela raconté de façon piquante, dans un style très enlevé qui nous captive, allant à l’essentiel en quelques coups de crayons…

Passionnant, drôle, émouvant, Garson Kanin réussit ce que doit être une autobiographie, nous faire partager ce qu’il a vécu, avec recul et analyse tout en nous faisant partager son émotion, et ses rencontres bien humaines avec des personnages hors du commun, sans faire vaciller les mythes… Il fallait tout le talent d’un scénariste pour y parvenir, et vous n’avez qu’à revoir deux des plus grandes comédies américaines que sont Comment l’esprit vient aux femmes et Madame porte la culotte pour vous en persuader !

Fiche Technique

Préface de François Chalais

Format : broché
Editeur : Ramsay
Collection : Ramsay poche cinéma
Sortie : 5 février 1999
Prix : 5,80 €