Le fier conquérant – Avis +

Résumé de l’éditeur

Les troupes de Guillaume le Conquérant déferlent sur l’Angleterre. Rien ne semble pouvoir les arrêter. Pour les chefs normands, voilà une excellente occasion de se tailler de nouveaux fiefs. Ralph de Warenne fait partie de ces ambitieux : en récompense de ses bons et loyaux services, il reçoit la terre d’Aelfgar et la main de lady Alice. Sa fortune est assurée. A charge pour lui, cependant, de mater la rébellion saxonne.

Pour chasser Ralph l’usurpateur, Célia est prête à tout. Même à se faire passer pour Alice, sa demi-sueur. Elle doit protéger les siens de ce Normand qu’elle hait de toutes ses forces. Pourtant, lorsqu’elle sent cette bouche vorace forcer ses lèvres, ces mains avides s’emparer de ses seins, elle défaille. Pourquoi ce barbare éveille-t-il en elle ce tumulte voluptueux, pourquoi se soumet-elle si docilement à ses caresses ?

Avis de Marnie

Brenda Joyce a décidé depuis une décennie de se spécialiser dans le romantic suspense. Il est donc agréable de se replonger dans ce qui constitue certainement son meilleur livre, une romance historique dont l’action se situe trois ans après l’invasion de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, soit en 1069. Si certaines romances, notamment celles de Julie Garwood, ont montré cette période quelque peu apaisée, propice à une évocation d’histoires sentimentales entre Saxonnes et Normands, ici, il n’en est rien. Ainsi, au vu de la note finale de l’auteur, nous sentons un vrai travail historique approfondi (ce qui manquera malheureusement dans ses œuvres suivantes) et une étude de caractères des personnages bien ancrés dans leur époque.

Ici, c’est le héros qui représente la grande force du roman. Ralph de Warenne est plus un barbare qu’un homme policé. Guerrier il est, guerrier il restera. Il n’a même pas un vernis de sociabilité. Intelligent, rusé et sans scrupule, si l’amour l’adoucira un peu, il ne deviendra jamais doux ou tendre. Il donne le ton et le rythme du livre et cela dès les premières lignes ou il matte une rébellion en mettant le feu au village qui s’est dressé contre lui et enchaîne en tentant de violer l’héroïne. Célia n’est pas une fragile jeune fille qui attend un chevalier pour la sauver. Atteinte d’une tare comme elle l’appelle elle-même, soit d’un œil qui se révulse dans son orbite lorsqu’elle éprouve une vive émotion ou qu’elle est épuisée, elle provoque chez tout le monde, y compris ses proches, une peur superstitieuse de l’œil du diable. En butte aux malveillances de sa demi-sœur, promise à Ralph, elle va lutter pour pouvoir survivre envers et contre tous, y compris celui pour qui elle éprouve rapidement une vraie attirance.

Les évènements s’enchaînent tous comme des batailles que le héros ou l’héroïne se doivent de gagner. La tension entre eux sera nettement plus sexuelle que sensuelle. Que ce soit Célia pour ses proches ou la cause saxonne, ou Ralph pour sa propre fortune ou la cause normande, chacun d’eux utilisera le pouvoir qu’il a sur l’autre, mais chacun d’eux n’hésitera pas à sacrifier l’autre si son devoir l’exige. C’est là que se situe l’ambiguïté de cette histoire d’amour, qui n’a rien de romantique, entre Ralph qui se conduira certaines fois comme une redoutable crapule et Célia qui le trahira. Les deux héros, en fait, refuseront presque jusqu’au bout de ressentir un sentiment qui les asservit ou les rend faibles et même la dernière scène entre eux, malgré les révélations d’usage pleines de passion trouveront en moins de deux minutes un exutoire violent et combatif, totalement crédible et qui les définit mieux qu’une déclaration pleine de sirop que l’on aurait pu supposer.

Il est un peu dommage que Brenda Joyce se soit un peu éloignée de ce qu’elle semblait savoir créer avec talent, une atmosphère violente et dramatique, pleine d’agressivité et de passion avec des héros d’une rare intensité, dans un contexte fouillé et très bien relaté. Il faut avouer que l’on a du mal à croire que les gentilles enquêtes de la spontanée mais aseptisée Francesca Cahill soit issues de la même imagination !

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : J’ai lu
Collection : Aventures et Passion
Sortie : 1991 réédition janvier 1999
Prix : épuisé, en vente d’occasion