God save la France – Avis +

Présentation de l’éditeur

Nom : Paul West. Age : 27 ans. Langue française : niveau très moyen. Fonction : jeune cadre dynamique promis à un grand avenir. Occupation : déjouer les pièges potentiellement désastreux du quotidien français. Hobbie : lingerie féminine. Signe particulier : Paul West serait le fruit d’un croisement génétique entre Hugh Grant et David Beckham. Jeune Britannique fraîchement débarqué à Paris, créateur, en Angleterre, de la fameuse enseigne Voulez-Vous Café Avec Moi, Paul a bien du mal à s’adapter au pays des suppositoires, des grèves improvisées et des déjections canines. Et il n’est pas au bout de ses surprises…

Avis de Marnie

Faut-il rire seulement et ne trouver ici qu’un ramassis de clichés, une sorte de bêtisier dont s’amusent les étrangers lorsqu’ils viennent passer quelques temps à Paris ? L’intelligence de ce roman, car c’est un roman et non une autobiographie, c’est de reprendre lesdites énormes idées reçues, d’en ajouter d’autres, d’en bousculer certaines, et aussi de ne pas hésiter à mettre en boite la fausse innocence de l’étranger, prêt à croquer dans la pomme et très prêt de se faire manger lui-même.

Voici donc un jeune britannique de 27 ans, cadre commercial plein d’avenir, prêt à passer une année en France pour travailler pour une firme française qui souhaite lancer une chaîne de « tea café », mais voilà, nous sommes à la veille de la seconde guerre du golfe et on devient très frileux à Paris pour tout ce qui est anglo-saxon. L’auteur va profiter de ce point de départ pour mettre en lumière tout ce qui semble étrange à un jeune anglais ancré dans ses petites habitudes, ainsi le phénomène très français de la rentrée de septembre qui n’existe dans aucun autre pays, les embrassades entre collègues de bureaux, l’accent qui rend incompréhensible la moindre phrase en anglais, et tout ce qui, nous, français, nous fait rire lorsqu’un étranger commente nos travers.

Les lieux communs y passent et sont plus qu’accentués pour forcer le rire comme les grèves incessantes par toutes les corporations, pour tout et n’importe quoi, la mauvaise humeur, les tracasseries administratives… et honnêtement, c’est franchement drôle, car Stephen Clarke a vraiment le talent pour lancer la phrase qui fait mouche, mais sans méchanceté ni amertume. Certains passages sont hilarants et rien que pour cela, soit passer un bon moment de franche rigolade, ce roman serait à conseiller. Ainsi que nous pouvons le deviner en lisant la dédicace, le style est un vrai hommage à Jerome K Jerome, l’auteur d’un des plus amusants et pittoresques best-sellers britanniques, Trois hommes dans un bateau. Même si ce récit est évidemment bien plus moderne, on y retrouve le ton persifleur de cette chronique de voyage qui a enchanté notre enfance.

Mais, derrière tous ces lieux communs, somme toute, superficiels, se dessine un vrai étonnement et beaucoup d’intérêt pour devenir de l’attirance, une valse hésitation entre rejet, agacement et séduction. Paul West ne représente pas le jeune homme crédule, il n’est simplement pas au fait des us et coutumes qu’il découvre peu à peu. Sans beaucoup de scrupule, il essaye de tirer son épingle du jeu, que ce soit professionnellement ou sentimentalement. Comme le dira un de ses amis, la meilleure façon d’habiter à Paris, est de trouver une française qui vous héberge, et cela ne semble déranger personne… S’il rejette tout d’abord ce qui le choque en tant qu’Anglais, comme le fromage, certaines de nos habitudes dont il ne comprend pas le sens, les déjections canines et autres symboles parisiens, il va peu à peu comprendre en fréquentant plusieurs femmes de tous milieux, qu’il existe des vérités derrière chaque cliché et qu’il est passionnant de les comprendre et les interpréter.

Sans même qu’il s’en aperçoive, il va se franciser… c’est un retour en Angleterre pour les fêtes auprès de sa famille qui vont lui faire comprendre à quel point il s’est déconnecté de ce qui faisait son identité, sa réalité. Il va peu à peu trouver certaines habitudes bien appréciables… En filigrane, une intrigue politico-financière nous est racontée, et l’on sent que le journaliste qu’est Stephen Clarke souhaite pointer du doigt ce qui est gênant, abusif et hypocrite dans notre système permissif, tout en ajoutant quelques notes de fraîcheur dans une ambiance qui devient un peu lourde, ainsi la découverte de notre système de santé pour un Anglais, passage particulièrement drôle de bout en bout.

Même si l’on s’amuse de tous ces clichés, quelques remarques nous interpellent, nous en tant que Français. Certaines habitudes ou choses que nous faisons journellement et surtout machinalement, prennent ici un sens nouveau, vues par les yeux incrédules d’un étranger. Les jeux de mots mêlant franglais sont distillés tout au long de cette histoire racontée sur un ton alerte, tragi-comique et faussement flegmatique, l’auteur avouant lui-même que cette qualité que l’on prête aux britannique est là aussi une idée reçue erronée ! Mais ce qui est surtout une vraie découverte pour le lecteur, c’est de s’apercevoir qu’au bout de trois chapitres ce récit s’approfondit et plus qu’un manuel de survie comme Stephen Clarke le définit lui-même, c’est une leçon d’apprentissage de la vie…

Biographie de l’auteur

Alors qu’il vivait en France depuis 10 ans, le journaliste britannique Stephen Clarke a décidé de rédiger un petit  » guide de survie  » à l’usage de ses compatriotes exilés au pays des froggies. Imprimé initialement à 200 exemplaires, A year in the merde – c’est son titre original -, est mis en vente sur le site Internet de l’auteur qui se charge de le livrer lui-même à domicile. Le bouche à oreille s’en mêle et l’ouvrage se vend à plusieurs milliers d’exemplaires à Paris avant qu’un éditeur anglais en acquière les droits. Devenu un best-seller au Royaume-Uni, God save la France a paru aujourd’hui dans plus d’une quinzaine de pays dont la France, (NiL Editions, 2005). Stephen Clarke travaille désormais à la suite des aventures de Paul West.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 319
Editeur : Pocket
Sortie : 12 avril 2006
Prix : 6,80 €