La couleur du mensonge – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Secrets de famille, tentatives de meurtre, cabale et romance…Une enquête menée tambour battant par l’irremplaçable Jayne Ann Krentz.

A trente-cinq ans, Claire Lancaster vient tout juste d’apprendre qu’elle est la fille d’un de plus puissants hommes d’affaires d’Arizona. Mais la volonté de son père de l’intégrer à l’empire familial n’est pas du goût de tout le monde…

Lorsque l’hostilité latente se transforme en agressions ouvertes, Claire comprend qu’elle fait plus que déranger : on cherche à l’éliminer. Vengeance personnelle ou complot plus vaste ? Pour quels sombres projets représente-t-elle un danger ? Et qui est vraiment Jake Salter, le conseiller de son père, qui lui propose une protection très rapprochée ?

Déterminée à élucider toute cette affaire, Claire devra compter sur son intuition hors du commun pour découvrir la vérité et rester en vie…

Avis de Callixta

Inutile de présenter l’auteur de La couleur du mensonge, Jayne Ann Krentz est une auteur mondialement connue et Belfond publie régulièrement ses ouvrages. Ne parlons pas de ses autres productions sous son pseudonyme de Amanda Quick, tout aussi connu. La sortie de l’un de ses livres est toujours un événement et dans ce dernier ouvrage, elle a choisi de retourner à un style qu’elle a déjà pratiqué : le paranormal.

L’intrigue se déroule dans notre monde contemporain mais concerne des être humains particuliers dotés de pouvoirs psychiques importants. Ils sont regroupés dans un groupe : la société des Arcanes, créée au 19e siècle et qui exerce un contrôle sur eux, les classe selon leur degré de pouvoir… Et il faut les surveiller puisqu’en effet, il s’est produit plusieurs fois des attaques menées par ces humains psychiquement supérieurs et qui ont essayé de comploter pour s’emparer de ce qui justifie l’existence même de la Société : la formule d’une potion élaborée par un savant de la Renaissance et qui permet de renforcer les pouvoirs. Les deux descendants du savant n’ont rien trouvé de mieux que de créer cette instance de surveillance. Le talent de Jayne Ann Krentz lui permet de suivre cette intrigue sur toutes les époques puisque, sous le pseudonyme d’Amanda Quick, elle a déjà écrit une de ces attaques dans un livre nommé : Second sight en 2006 non traduit en français (l’histoire de Gabriel Jones, un des fondateurs de la Société).

La couleur du mensonge est donc le deuxième opus et fait un saut dans le futur puisque nous voici, dans l’Arizona contemporain. C’est là que vont se rencontrer deux membres de la société à niveau particulièrement élevé : Clare Lancaster et Jake Salter. Elle dispose d’un don très rare lui permettant de deviner les mensonges des autres et lui appartient à la caste des Chasseurs dont le nom dit clairement qu’ils sont dotés d’instincts particuliers pour repérer les prédateurs et les combattre. Accessoirement Clare Lancaster a découvert qui était son père quelques mois auparavant : c’est un riche homme d’affaires et elle a déjà tiré sa demi-sœur des griffes de son mari quelques temps auparavant. Malheureusement, celui-ci est décédé dans des circonstances mystérieuses et Clare a bien failli être accusée du meurtre et depuis, a perdu fiancé et emploi à cause de cela. Quand elle arrive dans la ville de son père, c’est à sa demande qu’elle est venue et elle va déranger pas mal de monde.

Disons-le tout net si vous êtes adeptes d’histoires paranormales qui vous sortent du monde contemporain, ne choisissez pas ce livre. A part les quelques qualités psychiques décrites auparavant, nos héros n’ont rien de particulier et les révélations sur leur société sont parcimonieuses et ne nous égarent pas dans un monde parallèle, loin de là. Mais les fans de Jayne Ann Krentz connaissent certainement son style en la matière et ne seront pas surprises.

Rien de nouveau d’ailleurs dans ce roman : c’est du Krentz et c’est efficace. Les héros évoluent dans un monde privilégié où l’argent ne manque pas. Cela permet à l’auteur de montrer son amour pour les grosses voitures allemandes (tous les personnages en possèdent au moins une que ce soit une grosse berline, un 4X4, ou une voiture de sport !) et pour les coûteux soins dans des spas ! Ils forment rapidement un couple où chacun cherche à damer le pion à l’autre. Clare ne se laisse pas faire et répond du tac au tac au héros, lui est dominateur mais aimable et prêt à protéger sa belle… Tout cela donne des dialogues spirituels et vifs, des scènes amoureuses tout à fait agréables mais qui manquent un peu d’originalité. Mais, là aussi, les fans apprécieront. C’est du bon Krentz !

Quant à l’intrigue, elle est un peu emberlificotée et Jayne Ann Krentz a du mal à composer entre ce qui est le début de l’histoire : le meurtre du mari de sa sœur et ses conséquences et les menées sombres de membres de la Société qui cherchent à monter un nouveau coup. Mais, c’est prenant et on tourne les pages avec intérêt se demandant ce qui va arriver et qui se cache finalement derrière toute cette affaire.

C’est donc un bon roman qui manque peut être de passion, d’un tout petit peu de rythme et d’originalité pour être un grand roman mais c’est indéniablement un vrai moment de plaisir que doivent attendre les nombreuses fans de Jayne Ann Krentz.

Pour vous donner l’eau à la bouche, je peux vous dire que le second roman contemporain sur cette Société est déjà paru en anglais sous le titre de Sizzle and burn et que le quatrième roman publié sous le pseudonyme d’Amanda Quick, The third circle permettra de retourner au 19e siècle, dès avril 2008 en version originale.

Avis de Domino

Pour les fans de Jayne Ann Krentz – et ils sont nombreux – un nouveau roman de cet auteur est toujours une bonne nouvelle et ne le cachons pas, toujours attendu avec beaucoup d’impatience. Certes, au fil des années, l’auteur a parfois déçu en répétant à l’envi les mêmes schémas, allant même jusqu’à reproduire de roman en roman les mêmes personnages tant au niveau physique que moral. Alors, malgré ces déceptions, pourquoi un nouveau roman est-il toujours attendu avec une telle fébrilité ? Peut-être parce qu’à l’instar d’autres consoeurs, même quand Jayne Ann Krentz n’est pas au mieux de sa forme, ses romans sont toujours intéressants, et en le commençant le lecteur espère toujours retrouver l’étincelle qui existait dans ses toutes premières oeuvres.

Disons-le d’emblée, La couleur du mensonge ne la possède pas cette étincelle. C’est un honnête roman qui se lit sans déplaisir mais qui ne laissera de souvenirs impérissables, foi de fan de JAK ! A sa décharge, on ne pourra que regretter que Belfond n’ait pas jugé utile de publier le premier roman de cette série. En effet, La couleur du mensonge fait partie d’un cycle consacré à Arcane, une société secrète dont les membres sont dotés de pouvoirs parapsychiques. Peut-être cela aurait-il pu permettre au lecteur de ne pas se perdre dans les méandres des luttes qu’Arcane doit affronter ainsi que dans le labyrinthe des organisations qui gravitent autour, quoique rien ne soit moins sûr !

Comme dans tous les romans de JAK, il y a un couple central qui commence par s’affronter pour finalement faire front commun afin de résoudre l’énigme. A cet égard, c’est bien au niveau de l’énigme policière que pèche le récit. Les ressorts sont tellement énormes, le coupable tellement évident – du moins pour l’un des crimes – qu’on s’étonne que des être réputés suprêmement intelligents et dotés de pouvoirs paranormaux ne le découvrent pas dès que le meurtre est commis ! Mais bon, il paraît qu’un génie ne saurait pas faire cuire un oeuf à la coque, cela doit relever du même type de « handicap » !

Hormis l’intrigue policière qui une fois dépouillée des ses oripeaux parapsychiques est d’un classicisme qui confine au banal, tout l’intérêt du roman réside dans la conception du mensonge développée dans le cours du récit. Et finalement c’est ce qui rachète (un peu) le roman, cette théorie somme toute séduisante qui fait du mensonge le corollaire obligé de la civilisation. Rien que pour la réflexion qu’immanquablement chacun sera amené à faire, La couleur du mensonge mérite d’être lu. Dans un monde qui érige la Vérité en vertu cardinale il est bon de rappeler que mentir n’est pas le péché suprême ! L’autre intérêt du roman réside dans le jeu de dupes qui se met en place, chacun des personnages portant un masque qui ne sera ôté qu’au moment de la conclusion. On ne peut que regretter que JAK ait poussé l’astuce un peu trop loin ce qui confère à la fin du roman un aspect légèrement vaudevillesque qui nuit quelque peu à la cohérence du récit !

Alors au final que retenir de ce roman ? Pas grand chose à vrai dire ! Il a la légèreté et la fragilité d’une bulle de savon : c’est joli à regarder mais sans grande consistance. Il fait passer un bon moment mais chez les véritables amateurs de Jayne Ann Krentz, il laisse un arrière-goût de regrets et d’inachevé. Alors, à quand un nouveau grand roman qui nous rappelle qu’elle vaut tellement mieux ?

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : Belfond
Sortie : 19 mars 2008
Prix : 19,50 €
Titre original : White lies