Quand survient la passion/Le frisson d’une nuit – Avis + et –

Présentation de l’éditeur

Quand survient la passion de Jan Colley

L’homme de glace, songea Eve en dévisageant l’homme qui se tenait devant elle. Son nouveau voisin méritait bien le surnom que les médias lui avaient donné autrefois. Pourtant, si son visage ne trahissait rien, Eve sentait bien que ce n’était qu’une façade, comme s’il s’était juré de ne plus jamais se laisser atteindre par aucun sentiment. La seule chose à laquelle il semblait tenir, c’était sa tranquillité. Sans doute aurait-elle dû lui tourner le dos, mais une obscure émotion qu’elle ne s’expliquait pas la poussait à vouloir percer les défenses de cet homme sombre et énigmatique…

Le frisson d’une nuit de Amy J. Fetzer

Juliana n’est pas ta nièce, Jack. C’est ta fille. Notre fille. Quand Mélanie lui annonce que le bébé qu’elle tient dans ses bras est leur fille, Jack est frappé de stupeur. Il n’a passé qu’une nuit avec Mélanie, une seule, et elle serait tombée enceinte ? Et, si c’est réellement le cas, pourquoi ne lui a-t-elle rien dit ? Une question dont il ne devine pourtant que trop bien la réponse : comment lui reprocher son silence, alors qu’il s’est empressé de la fuir au lendemain de leur nuit d’amour ?

Avis de Marnie

Si la première histoire est un vrai plaisir foisonnant d’idées qui sonnent étonnement justes, disons le tout de suite, le second récit est un désastre qu’il vaut mieux éviter et qui ne mérite pas de critique. En effet, qui croirait déjà à un marine parti en mission spéciale pendant quinze mois, recevant un message sibyllin de sa sœur sur la naissance d’une petite fille, qu’il croit être sa nièce (il n’a jamais su que sa sœur était enceinte mais cela ne le touche pas plus que ça…) et qui se dit en revenant de ladite mission, tiens si je cherchais la femme avec qui j’ai couché quinze mois auparavant, parce que tout de même je l’ai dans la peau ! Oups… voilà qu’elle a accouché de mon enfant… bon, ce n’est pas que c’est mal écrit, mais tout cela manque de force, de crédibilité, les personnages sont incohérents et agissent comme si cela se passait il y a vingt ans… (« J’ai été malheureux parce que j’ai été un enfant naturel et je t’épouse pour éviter ça à ma fille…« ). Une croix !

Passons à la vraie révélation : Quand survient la passion. Non, je ne suis pas de parti pris, mais il est vrai qu’un roman mettant en scène un ex-rugbyman néo-zélandais (Ah, ces All blacks !) peut faire saliver n’importe quel fan de rugby [[ce que je suis et ce depuis plus de trente ans !]]. Mais cette petite histoire qui ne paye pas de mine est surprenante à plus d’un titre.

En effet, en premier lieu, le contexte est des plus plausibles. Je salue l’auteur qui a su nous parler avec un regard incisif sur son pays, la Nouvelle-Zélande, petite nation totalement enfermée sur elle-même, avec en arrière-plan l’omniscience de l’Angleterre « la mère patrie »… La seule chose qui le fait exister avec une résonance dans le monde entier, c’est grâce à son rugby ! Si bien que lorsqu’un de ses demi-dieux tombe de son piédestal, plus dure est la chute, plus cruelles sont les conséquences.

C’est ce point de départ qui retient toute notre attention. La deuxième bonne idée de Jan Colley est d’avoir créé un héros charismatique, un mâle alpha, qui au lieu d’être dur à l’extérieur et doux à l’intérieur comme ce genre de héros est le plus souvent représenté, Connor Bannerman est vraiment l’homme qu’il paraît. Victime de la vindicte populaire, nous pourrions croire comme tout héros qui se respecte que ce qu’on lui a reproché est injuste, mais en fait, même si l’effervescence exagérée et quelque peu hystérique des gens est détestable, notre héros a vraiment mal agi et ne l’a réalisé que lorsqu’il était trop tard. Il y a des erreurs qu’il est impossible de réparer ; le tout est de savoir les surmonter. Sombre, paranoïaque, attiré malgré lui par sa voisine, mais n’hésitant pas à la blesser pour se protéger émotionnellement, Connor va peu à peu apprendre à assumer ce qu’il a fait, ce qu’il éprouve et ce dont il a besoin.

En face de lui, Eve paraît lumineuse, spontanée et courageuse. Notre héroïne cache pourtant ses fêlures, trop occupée d’une part à régler ses comptes avec son passé, et d’autre part à prendre en charge les problèmes de l’homme qu’elle aime. Cette opposition lune et soleil est particulièrement attractive, les deux héros ne se rejoignant vraiment que pour des scènes sexuelles passionnées et totalement assumées… mais si, d’habitude nous avons le réveil souvent gêné de la femme, ici, la scène du lendemain matin est vécue du côté masculin, surprenante, un peu dérangeante par sa sincérité. Cela se produira plusieurs fois tout au long du roman parce que la complexité n’est pas féminine, Eve sachant totalement ce qu’elle veut, habituée à se battre pour gagner. Sa franchise est rafraîchissante, notre héroïne paraissant d’une simplicité attendrissante… Alors que les contradictions, les réactions indépendantes de sa volonté viennent du héros.

Enfin, l’intrigue est captivante… Sur le chemin des héros, nous avons un homme d’affaires véreux qui corrompt tous les hommes politiques qu’il croise, avec en arrière-plan une élection politique, et de l’argent pour bâtir un stade sur fonds de coupe du monde de rugby prévue deux ans plus tard [[ce qui est totalement exact]]… Il y a donc une vraie authenticité dans les enjeux qui sont lancés comme un pari pour un petit pays qui n’a pas les moyens de ses ambitions et tout cela est fort bien vu ! On en arrive à regretter une fois encore quand un roman est réussi que le format ne permette pas de prolonger notre plaisir et en plus, d’approfondir tous les éléments que l’on nous apporte. En tout état de cause, nous ne pouvons pas reprocher à Jan Colley de manquer d’idées… son roman fourmille de pistes et de détails qui contribuent à nous le faire apprécier.

Au final, Jan Colley est vraiment un auteur original à suivre… non seulement son roman est un excellent divertissement, mais il est aussi intéressant et intriguant, avec des scènes sensuelles d’une rare intensité ce qui ne gâche rien !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 469
Editeur : Harlequin
Collection : Passions
Sortie : 1er février 2008
Prix : 5,95 €