Présentation de l’éditeur
Tess a 9 ans lorsque sa sœur aînée Phoebe est enlevée, violée et étranglée. Sur son témoignage, le coupable est immédiatement arrêté, jugé, puis exécuté. Vingt ans plus tard, un test révèle que son ADN n’est pas celui retrouvé sur Phoebe. Traumatisée à l’idée d’avoir pu faire condamner un innocent, Tess décide de faire toute la lumière sur cette affaire. Au risque de revivre le cauchemar qui a bouleversé sa vie et passer pour le suspect principal du meurtre de sa sœur…
Avis d’Enora
Commençons par le petit bémol, un air de déjà lu : une héroïne dans la trentaine, au passé traumatisant plus ou moins refoulé et la remontée des années plus tard, d’éléments déclenchant un pyrosis de souvenirs et permettant de résoudre enfin l’énigme. Comme le dit Michel Grisolia « Il y a toujours dans ses romans un gamin menacé par Un étranger dans la maison, une Petite Sœur traumatisée par des adultes ou une mère prête à l’Expiation pour le mal infligé par sa faute à ses enfants. » [[ Michel Grisolia , L’Express du 28/11/2002]].
C’est là qu’intervient le talent de Patricia MacDonald car si l’air est connu, les variations qu’elle nous propose sont toujours riches en découvertes et en rebondissements. Tess avait neuf ans quand un homme s’introduit dans leur tente et enlève sa grande sœur que l’on retrouvera violée et étranglée quelques jours plus tard. Sur son témoignage visuel, on arrêtera un délinquant sexuel récidiviste, Lazarus, dont le groupe sanguin correspond à celui du sperme. Après une délibération courte, le jury le condamne à la peine de mort. Lorsque vingt ans plus tard, la mère de Lazarus réussit à faire rouvrir le dossier, les progrès scientifiques permettent de prouver que l’ADN ne correspond pas. Tess culpabilise à l’idée d’avoir envoyé un innocent à la mort, d’autant que même sa famille l’amène à douter de son témoignage et qu’elle devient la cible de la mauvaise conscience collective du village. A qui faire confiance dans ces circonstances ? Même le séduisant avocat qui envahit ses rêves éveillés, semble se servir de son attirance pour disculper les véritables coupables !
Nous allons suivre la jeune femme dans sa recherche de la vérité, croisant un certain nombre de personnages secondaires complexes. Maître incontesté du suspense, Patricia MacDonald ballade son lecteur de fausses pistes en déconvenues jusqu’à la vérité finale. Beaucoup plus à l’aise dans l’analyse des personnalités ambiguës et pathologiques, elle analyse avec brio comme à son habitude, la psychologie du meurtrier. Par contre le comportement de son héroïne laisse parfois perplexe, quant à l’inévitable aventure amoureuse, elle est bien trop aseptisée pour être véritablement intéressante.
Par contre dans cette intrigue, Patricia MacDonald soulève avec finesse le problème de la peine de mort «Je ne reproche pas aux victimes d’un crime de vouloir se venger. Mais conférer à l’Etat le pouvoir d’exercer cette vengeance est totalement déraisonnable. D’autant que le châtiment est infligé de façon arbitraire, si vous êtes riches, vous y échappez, si vous êtes pauvre, vous n’avez aucune chance. ». Et comment toute question philosophique perd sa cohérence quand on est confronté au réel « On croit à un principe ou on n’y croit pas. S’il s’applique au meurtrier de sa propre fille, pourquoi pas aux assassins des filles des autres »
Au total, sans être le meilleur roman de Patricia MacDonald, Rapt de nuit est un thriller à l’intrigue bien ficelée qui maintient le suspense jusqu’à la fin, dans une atmosphère provinciale étouffante. Un agréable moment de lecture pour tous ceux qui aiment les romans noirs mais pas trop.
Fiche Technique
Format : broché
Pages : 383 pages
Editeur : Albin Michel
Parution : 3 janvier 2008
Prix : 21,50 €