Le capuchon du moine – Avis +

Présentation de l’éditeur

À première vue, c’est le crime parfait. Un riche propriétaire lègue ses biens à l’abbaye de Shrewsbury en échange d’une paisible retraite… et meurt en dégustant une perdrix ! Quelle main criminelle a versé dans le plat quelques gouttes de poison provenant de la pharmacie de frère Cadfael ?

Les suspects ne manquent pas, à commencer par les héritiers de la victime. Il faut toute l’ingéniosité de Cadfael, ce Maigret du XIIe siècle, pour démêler l’intrigue diabolique tissée par Ellis Peters, la reine incontestable du suspense féodal.

Avis de Domino

Frère Cadfaël est donc de retour pour une nouvelle enquête. Cette fois-ci un riche propriétaire qui avait décidé de léguer ses biens à l’Eglise meurt empoisonné avant que l’accord ait pu être ratifié. Bien évidemment les soupçons se portent sur l’héritier lésé qui jure ses grands dieux qu’il n’est responsable de rien.

Une enquête c’est comme un puzzle. Au départ, il y a un certain nombre de pièces qu’il va falloir placer au bon endroit afin d’obtenir la vérité. Certaines s’emboîteront parfaitement et pourtant donneront au final un tableau erroné, un faux coupable. C’est la même chose pour l’enquête que mène Cadfaël . Il dispose de faits et d’indices et essaie d’en tirer une image logique ce qui l‘amène inévitablement à refuser la solution la plus confortable, c’est à dire celle qui donnera le moins de travail ! Au lieu de s’arrêter à la surface des choses, aux apparences, Cadfaël cherche et interroge, jusqu’au moment où il peut répondre aux trois questions essentielles : qui, comment et pourquoi… tout comme nos enquêteurs modernes !

De nos jours, on ne peut concevoir une enquête policière sans Experts de tout bord qui vont examiner le moindre poil, la plus infime trace de fibre, la plus microscopique parcelle de peau pour désigner le coupable. On a même aujourd’hui des experts qui font parler les os ! Il est donc légitime de s’étonner de l’intérêt d’une enquête où l’investigateur ne dispose que des cinq sens que Dame Nature lui a donnés ainsi que son intelligence ! Et pourtant, les enquêtes de Frère Cadfaël sont passionnantes de bout en bout ! On ne s’ennuie jamais à le voir aller de l’un à l’autre, se pencher, humer, toucher et interroger.

Au fil de son enquête, il dresse un tableau saisissant de vie de la société du XIIe siècle, pas celle de la Cour et des puissants comme certains films le montrent mais celle des petites gens, des artisans, des paysans. Parallèlement à l’enquête, le lecteur découvre également un pan du passé de Cadfaël, un versant évoqué dans les romans précédents et qui de façon impromptue resurgit. Et tout comme l’enquête sur le meurtre était un puzzle, la découverte de la vie de Cadfaël avant d’entrer au monastère, s‘effectue, par petites touches dessinant le portrait d’un homme complexe, pétri d’humanité, une humanité acquise au fil de l’expérience. Car outre l’enquête sur la mort du sieur Bonel, il aura ce passé à gérer sans blesser qui que ce soit.

Autre fil conducteur entre les précédents romans, la vie du monastère avec toutes ses mesquineries et ses luttes de pouvoir, ainsi que la guerre civile qui continue à déchirer le pays. Il est admirable de voir comment Ellis Peters réussit à entrelacer ces différents fils pour tisser une toile à la fois dense et chatoyante. Le lecteur se passionnera tout autant des démêlés de Cadfaël avec sa hiérarchie que de sa recherche de la vérité.

Les aventures de ce Bénédictin font souffler un vent de fraîcheur dans l’univers parfois sombre et glauque du roman policier actuel. Si vous ne connaissez pas encore ce moine gallois empressez-vous de le découvrir, sinon replongez vous-y. Dans tous les cas, c’est le dépaysement assuré !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 300
Editeur : 10/18
Collection : Grands détectives
Sortie : 7 juin 2001
Titre original : Monk’s Hood (1980)
Prix : 6,90 €