La route – Avis +

Présentation de l’éditeur

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d’objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d’une humanité retournée à la barbarie.

Cormac McCarthy raconte leur odyssée dans ce récit dépouillé à l’extrême. Prix Pulitzer 2007, La Route s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires aux États-Unis.

Avis d’Enora

Au moment où No country for Old Men [[roman de Cormac McCarthy, publié aux Editions de l’Olivier sous le titre « Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme »]], réalisé par les frères Coen, avec Tommy Lee Jones va sortir, le 23 janvier, sur nos écrans, les éditions de l’Olivier publient le dernier roman de Cormac McCarthy qui vient d’être récompensé par le prix Pulitzer 2007 : juste consécration pour ce grand écrivain américain qui a été si longtemps ignoré par le public européen.

La route nous emmène dans un futur (prémonitoire ?) apocalyptique ou tout n’est plus que cendre, grisaille, froid, faim et peur. Dans un univers à la Mad Max, les hommes tombés dans une folie meurtrière, sont devenus cannibales. Et sur la route qui mène au sud, deux silhouettes, l’homme et le petit, qui avancent inlassablement en poussant un caddie. Vers où ? Vers quoi ? La mer.

On retrouve dans ce roman, les thèmes chers à l’auteur, comme l’errance, son profond pessimisme quant à la condition humaine et la violence des hommes. «Il sortit dans la lumière grise, s’arrêta et il vit l’espace d’un bref instant l’absolue vérité sur le monde. Le froid tournoyant sans répit autour de la terre intestat. L’implacable obscurité… l’accablant vide noir de l’univers… du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer »

Il y a du Beckett en McCarthy, son livre fait quelque part écho au monde absurde, indéterminé et post-apocalyptique de Fin de partie «Vous êtes sur terre, c’est sans remède» et à En attendant Godot, par cette aspiration à la mort (il y avait toujours une part de lui-même qui souhaitait que ce fût fini) et cette douleur de l’homme abandonné par Dieu (il n’ y a pas de Dieu et nous sommes ses prophètes), tout en prenant le contre-pied, puisqu’ici l’inaction de l’attente est remplacée par cette marche sans fin sur la route et que l’homme cherche à effacer dans son esprit toute référence à son passé révolu «Il était lui-même un extra-terrestre. Un être d’une planète qui n’existait plus… il ne pouvait pas ranimer dans le cœur de l’enfant ce qui était en cendre dans son propre cœur».

Mais ce qui peut sauver l’humanité, ce qui fait de l’homme et du petit, des «gentils» comme s’en inquiète l’enfant (-on est encore des gentils ? – oui – et on le sera toujours ? – oui, toujours) et ce qui les distancie définitivement des personnages de Beckett, c’est cet amour qui les lie. Dans un entretien avec Oprah Winfrey, McCarthy a avoué que le fait d’être redevenu père à un âge très avancé, a été une expérience marquante et que son fils qui a maintenant huit ans a été sa source d’inspiration pour ce roman [[À noter, d’ailleurs, que la dédicace lui est adressée]]. L’amour de cet homme pour son fils est le moteur qui le fait vivre, lui interdit de renoncer. Car dans cette émouvante parabole sur la paternité, l’enfant-fée qui porte le feu ne représente-t-il pas l’avenir de l’humanité ? «C’est pas toi qui doit t’occuper de tout – si c’est moi, c’est moi»

Dans un style aussi dépouillé que le paysage dans lequel avancent les protagonistes, Cormac McCarthy nous livre sur fond crépusculaire, une épopée humaine d’une grande richesse. Pour tous ceux qui découvriraient l’auteur à travers ce roman, je leur conseille vivement de lire deux autres très belles oeuvres, Suttree et Méridien de sang (Blood Meridian, or the Evening Redness in the West).

The Road sera porté à l’écran par John Hillcoat, cinéaste australien, avec la participation de l’acteur Viggo Mortensen.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 245
Editeur : Editions de l’Olivier
Collection : Littérature étrangère
Sortie : 3 janvier 2008
Prix : 21 €