Mourir, partir, revenir. Le jeu des hirondelles – Avis +/-

Comme nous habitions au premier, l’étage le moins exposé aux obus, l’entrée de notre appartement était la pièce la plus sûre de tout l’immeuble et les voisins avaient pris l’habitude de s’y retrouver les soirs de bombardement.

Beyrouth 1984, le paysage de la ville s’est sensiblement modifié. Des conteneurs barrent les rues. Pendant ce temps les murs des immeubles se sont vus décorés de barils métalliques, de blocs de parpaing et de sacs de sable. Les conteneurs sont destinés à gêner au maximum les efforts des francs-tireurs. Quant aux aménagements improvisés des immeubles, il s’agit de limiter les dégâts de l’artillerie.

Ce troisième volet [[après « Catharsis : Beyrouth » & « 38 rue Youssef Seemaani » (Cambourakis)]] de la jeunesse de la dessinatrice libanaise décrit l’adaptation de sa famille aux conditions d’existence durant la guerre civile du Liban. Ainsi un coup de téléphone doit se prévoir longtemps à l’avance puisqu’il faut parfois plusieurs heures pour obtenir la tonalité. Les visites aux grand-parents nécessitent une préparation du parcours. C’est à dire repérer à l’avance les endroit où on peut marcher « normalement », ceux où on doit marcher penché, ceux où on rase les murs et surtout ceux où la seule solution consiste à courir. La vie familiale persiste avec ses précautions, ses craintes et ses espérances.

La narration est pour le moins originale puisqu’elle repose sur des représentations de la ville et des personnages en noir & blanc. Cependant, il ne s’agit pas d’un simple dessin mais d’une répartition du noir et du blanc, cette dernière couleur étant parfois minoritaire à l’intérieur de la case lorsque le noir l’emporte.

Un album original et instructif sélectionné pour le festival de BD d’Angoulême en janvier 2008.

Fiche Technique

Éditeur : Cambourakis
Inédit, grand format, noir & blanc, 192 pages
Prix : 20 euros