Un enfant en danger / Toi que j’aime encore – Avis +

Un enfant en danger de Jean Barrett

Retrouver Joël. Retrouver son fils chéri, à tout prix. Injustement accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis, Noah Rhyder a réussi à s’évader de prison. Désormais fugitif, il n’a plus qu’une obsession : récupérer Joël, son petit garçon de cinq ans. Le tenir dans ses bras, le rassurer, et lui dire combien il l’aime, quel que soit pour cela le prix à payer. Quitte, s’il le faut, à prendre en otage Ellie Matheson, la tutrice légale de l’enfant. La seule à pouvoir lui dire où se trouve Joël. Pourtant, quand il arrive chez elle, prêt à tout, il ne trouve pas l’adversaire rigide et autoritaire qu’il s’apprêtait à affronter. Mais au contraire une femme troublante et extrêmement désirable qui, comme Noah va bientôt s’en rendre compte, semble attachée autant que lui au petit garçon…

Toi que j’aime encore de Dana Marton (Mallory Kane)

Cody… Le seul homme qu’elle ait jamais aimé. Mais aussi celui qui l’a le plus fait souffrir… En découvrant son ex-mari devant chez elle, Dana Maxwell est bouleversée. Pourquoi Cody est-il là, essoufflé, et visiblement apeuré ? Après leur divorce, elle lui avait bien fait promettre de ne jamais chercher à la revoir… Pourtant, quand il lui apprend qu’un assassin qu’il avait fait emprisonner vient d’être libéré et a juré leur perte à tous deux, Dana n’a d’autre choix que d’accepter sa protection. Et de suivre dans un chalet perdu en pleine montagne – le seul endroit où ils pourront être en sécurité – celui qu’au fond d’elle-même elle n’a jamais pu oublier…

Avis de Marnie

Pour ce second volume Black rose du mois, l’éditeur s’est intéressé à deux romans, écrits pour le premier en 1998 et pour le second en 2001. Il a été visiblement bien inspiré… Si un enfant en danger est d’une facture tout à fait classique mais se laisse lire avec plaisir, l’intrigue retenant l’attention du lecteur de bout en bout malgré des invraisemblances énormes, toi que j’aime encore est très surprenant, même si la fin ne réussit pas à tenir toutes ses promesses. Là encore, se félicite que le choix de ces histoires soit d’un niveau très supérieur à ce que proposait la défunte collection “intrigues”.

Un enfant en danger, de Jean Barrett

Le roman est construit en deux parties :
– la première nous présente un huis clos entre deux héros à l’opposé l’un de l’autre, le prisonnier évadé ayant enlevé la seule personne qui lui permettra de retrouver son fils avec lequel il veut s’enfuir. Obsédé par ce but, pour Noah, qui veut la fin, veut les moyens. Un road movie commence, dans l’incompréhension la plus totale de part et d’autre. Ellie veut l’empêcher de réussir et protéger l’enfant, et leurs relations, tour à tour orageuses, calculées, faites de discussions plus ou moins honnêtes et de non-dits, constituent la meilleure partie du roman. Ils en oublient tous les deux d’être gentils, dévoilent des facettes de leur caractère pas vraiment lisses pour des héros, ce qui est attrayant pour le lecteur. La tension monte… empreinte également de désir. Peu à peu, ils apprennent à se connaître. Pour se faire enfin confiance ?

– la seconde partie est plus classique. Le rapport de force entre les deux héros s’efface pour laisser la place à une intrigue policière, sympathique mais qui n’est pas non plus extraordinairement passionnante. Toutefois, la bonne surprise, c’est que le principal suspect laisse la place à d’autres solutions possibles. Seulement le format de 250 pages limite quelque peu la profondeur de l’histoire. Donc, tout s’accélère un peu à la va-vite, notre héroïne jouant soudain les justicières au grand cœur.

Le tout forme une histoire un peu bringueballante, mais qui se tient, grâce surtout aux deux héros, dont la personnalité est très bien fouillée, nuancée, et qui sonnent surtout très juste. C’est juste un peu dommage que cet aspect, le meilleur du roman, puisqu’on a laissé ces caractères prendre une grande place, le soit au détriment des personnages secondaires, qui en pâtissent, seulement esquissés et beaucoup trop en arrière-plan, notamment le policier dominé par sa haine à l’encontre du héros et qui aurait vraiment mérité plus de relief que l’auteur ne lui en a apporté.

L’écriture est quelque peu sage, un peu plus d’intensité verbale aurait là aussi permis un meilleur traitement à l’intrigue. Lorsque l’on referme ces pages, il ne reste plus qu’un récit honnête, plaisant, divertissant par certains côté, mais qui, dans un style plus noir, plus nerveux, plus percutant, aurait donné un résultat autrement meilleur !

Toi que j’aime encore, de Dana Marton (Mallory Kane)

Le traitement de cette histoire me paraissant sortir de l’ordinaire, j’ai surfé sur le site de l’auteur, pour connaître sa bibliographie. Quelle bonne surprise de découvrir que ce récit constitue en fait la première publication de cet écrivain… Cependant, il est mérité de s’apercevoir que Mallory Kane a été nominée en 2001, pour le meilleur premier roman pour ces collections. En effet, il est vraiment d’excellente facture…

Tout repose sur deux huis clos entre les deux héros. Ils se retrouvent la première fois pour que tout ce qui les sépare soit presque jeté au visage du lecteur. Toutes les incompréhensions, les malentendus, les non dits explosent dans une scène de grande intensité, écrite de façon réaliste et moderne. Pendant ce temps, le méchant fait progresser l’intrigue. Là encore, le format ne permet pas un vrai approfondissement de la folie mégalomaniaque du personnage qui aurait gagné à avoir des scènes fortes pour contrebalancer le couple charismatique qui prend toute la place !

Suit le second huis clos, ou chacun des deux héros tente de toucher l’autre alors que Mallory Kane s’attarde pour notre plus grand plaisir sur l’introspection de Dana et Cody pour mieux les rendre attachants. C’est tout à fait réussit, principalement parce que l’auteur évite le fameux piège des retrouvailles : en effet, souvent, nous lisons les 250 pages pour se dire en refermant le livre que s’ils s’étaient expliqués, rien ne serait arrivé. Or, là pas du tout ! Les deux héros ont parlé, parlé, parlé, bien avant leur rupture, et même pendant ce huis clos. Seulement, s’ils s’écoutent, ils ne se comprennent pas. C’est en se retrouvant suivant les circonstances, à la place de l’autre, en ressentant les mêmes angoisses qu’ils se cachent à eux-mêmes, que la vérité va leur apparaître…

Beaucoup d’émotion et de sensibilité dans cet échange… mais aussi de vérité mâtinée d’une certaine maturité, ce qui est étonnant quand on sait que c’est le premier roman de cet auteur ; moins convainquant, le long final qu’elle nous propose. La tension était tellement forte et si bien amenée, qu’il est dommage qu’elle accouche d’une petite souris. La confrontation avec le méchant tourne un peu au grandguignolesque, et l’héroïne en décalage, et quelque peu hystérique surjoue, pas vraiment à la hauteur du personnage qu’elle paraissait être, d’où un manque de cohérence. Mais bon, cela n’ôte tout de même pas la bonne impression laissée par cette histoire.

Enfin, il est plaisant de noter un personnage secondaire très intéressant… énigmatique et charismatique à souhait, le coéquipier du héros, Dev. Tout le potentiel est là pour faire une histoire prenante avec un tel homme ! La porte de sortie laissée par l’auteur nous promet un récit qui pourrait être alléchant… à surveiller !

Par conséquent, Mallory Kane semble être un auteur spécialisée dans les romantic suspenses, et ce, depuis son premier roman. Visiblement, ce mélange des deux genres lui convient très bien. Ses personnages sonnent juste, éprouvent une riche gamme d’émotions et de sentiments. Leurs confrontations sont captivantes et surtout intenses avec une jolie dose de tension sensuelle à la clé. Nous retrouvons, toute proportion gardée, le style de Anne Stuart en devenir chez cet auteur, notamment le talent de rendre éprouvant et étouffant les relations entre des héros quelque peu torturés qui se déchirent pour mieux s’aimer. Là, elle n’a pas réussit à maintenir cette puissance jusqu’au bout, mais le résultat est toutefois surprenant ! A découvrir…

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : Harlequin
Collection : Black Rose
Sortie : 6 novembre 2007
Prix : 5,95 €