Onirik : Vous avez déjà écrit de nombreuses romances historiques mais bien que vous ayez choisi le dix-neuvième siècle dans votre travail le plus récent, vos premiers livres étaient situés dans différents contextes : l’après-guerre civile, le début du vingtième siècle, la guerre d’indépendance… Avez-vous choisi définitivement votre période préférée ou allez-vous écrire des romances contemporaines ou paranormales ?
Laura Lee Guhrke : Dans un avenir proche, je vais rester dans le dix-neuvième siècle. J’aime beaucoup cette période surtout les dernières années du siècle. Quant aux romances contemporaines ou paranormales, je n’ai encore rien prévu mais je n’exclus vraiment rien dans ce domaine.
Onirik : Quelque soit le contexte que vous choisissez, il est toujours décrit avec un grand soin et une grande méticulosité. Vous semblez être aussi passionnée par la période de la guerre d’indépendance que par les rues sombres de Londres en 1900. Pensez vous que prendre soin du contexte est primordial ?
Laura Lee Guhrke : Tout à fait. C’est fondamental d’avoir une profonde connaissance de la période dans laquelle vous travaillez, afin que les lecteurs soient aussi dans cette période, juste à côté des personnages de l’histoire. C’est cependant un exercice difficile d’équilibrer cela avec les goûts de notre époque. Par exemple, une femme des années 1890 n’avaient pas les mêmes attentes profondes d’indépendance qu’une femme d’aujourd’hui, je dois donc faire attention que mon héroïne des années 1890 ne passe par une chiffe molle aux yeux des lectrices contemporaines.
Onirik : Vos personnages sont souvent originaux, ils exercent des emplois rarement vus dans la romance (Le duc de Tremore est un archéologue, Mick Dunbar est policier…) Pourquoi une telle originalité ?
Laura Lee Guhrke : J’essaye vraiment de donner des choses à faire à mes personnages. Je n’aime pas lire les histoires de héros qui vont éternellement à des bals et des soirées, et je n’aime pas non plus en écrire. Je veux qu’ils aient une occupation, un métier ou une passion qui leur permet de se sentir utile dans la société. Et cela permet de faciliter la fréquentation des personnages puisqu’ils peuvent travailler ensemble sur un projet, se connaître mieux et avoir la possibilité de tomber amoureux. J’apprends toujours de nouvelles choses quand je fais des recherches dans ce domaine.
Onirik : Aussi légers que peuvent apparaître certains de vos livres au départ, il y a toujours de la gravité qui s’y insinue. Par exemple, la scène de séduction finale de She’s no princess est une sorte d’issue presque dramatique. Pourquoi trouve t-on un aspect aussi tendu et presque dérangeant dans vos livres ?
Laura Lee Guhrke : La tension et drame sont primordiaux pour le déroulement du roman. Je reçois parfois des lettres de lectrices qui sont en colère contre moi parce que je les ai fait attendre très longtemps les moments de forte intensité, par exemple, il est possible que mes héros ne s’embrassent même pas avant la moitié du livre mais quand cela arrive, c’est un moment qui a une grande répercussion sur le récit. Mon but est de toujours garder la lectrice collée au livre. Le plus grand compliment qu’une lectrice puisse me faire c’est de me dire : « Je suis restée debout toute la nuit pour finir votre livre. Je n’ai pas pu le poser. » Quand j’entends cela, je sais que j’ai fait correctement mon travail de conteuse d’histoire.
Onirik : Vous prenez soin à décrire et à analyser les sentiments humains dans tous vos livres et en particulier les personnages qui ont connu des traumatismes. Dans Conor’s way par exemple, vous décrivez un homme totalement désespéré qui recommence à apprécier la vie et son évolution est très crédible. Considérez vous cet aspect central dans le livre ?
Laura Lee Guhrke : Selon moi, chaque livre a un thème, chaque personne a un problème personnel qu’il a besoin de régler. J’aime lorsque mes personnages évoluent émotionnellement parce qu’ils tombent amoureux. Par exemple, dans Conor’s way, Conor a dû réapprendre à aimer après avoir perdu tous ceux qu’ils aimaient. Dans She’s no princess, le héros Ian a du apprendre à apprécier la vie, et apprendre à vivre et à aimer passionnément. Je m’efforce que chaque héros et héroïne que je décris apprennent à changer et à devenir meilleur grâce à la personne dont isl tombent amoureux. Selon moi, c’est ce que l’amour est supposé faire : faire de chacun de nous une meilleure personne.
Onirik : Dans The marriage bed, vous abordez un sujet plutôt tabou : l’adultère. Ce thème n’est pas fréquent et rarement sous l’angle du pardon. Est ce que vous appréciez de traiter de tels sujets ou d’autres moins conventionnels ?
Laura Lee Guhrke : L’adultère est et a toujours été un problème bien réel dans notre société. Mais selon moi, le problème plus profond dans ce livre est le mariage. The marriage bed est un livre à propos du mariage pour moi, celui qui n’est pas toujours parfait et merveilleux. Celui qui est un vrai engagement avec une autre personne, pour la vie, et que vous ne fuyez pas lorsque les choses deviennent difficiles. Ce livre parle de la façon dont un couple apprend à pardonner , à retomber amoureux et à faire marcher leur mariage. C’est le livre parmi tous les autres dont je suis le plus fière parce que j’ai choisi une fin controversée, un thème difficile et que ça a fonctionné. Du moins, je l’espère !
Onirik : Vos livres sont souvent construits avec une lente montée des sentiments des protagonistes et de la tension sexuelle qui les unit. Considérez-vous que cette tension est la partie la plus intéressante d’une histoire ?
Laura Lee Guhrke : C’est primordial. Comme je l’ai dit précédemment, il doit y avoir un flux et reflux de la tension tout au long du livre afin que les lectrices continuent à lire. J’essaye de faire monter la tension aussi haut que je peux, puis de la relâcher un petit peu, puis de la pousser encore plus haut… jusqu’au dénouement quand ils sont réunis.
Onirik : Vous êtes de toute évidence une grande lectrice, qui sont les auteurs classiques ou contemporains qui vous ont inspirée ?
Laura Lee Guhrke : Je lis beaucoup et cela m’aide beaucoup pour écrire. Je trouve toujours quelque chose qui m’inspire dans le travail d’autres auteurs. Je ne pourrais pas en citer un ou deux mais je dirais que les livres de l’époque dans laquelle je travaille actuellement m’aident toujours. Par exemple, j’écris en ce moment des livres qui se déroulent dans les années 1890 donc je lis beaucoup Oscar Wilde et Georges Bernard Shaw, ces temps-ci. J’écoute des enregistrements d’opérettes de Gilbert et Sullivan et je viens juste de terminer la biographie de Winston Churchill qui était un jeune homme à peine adulte dans les années 1890. Cette sorte de lecture nourrit toujours mon inspiration et m’aide à donner la couleur de l’époque à mon propre travail.
Onirik : Trop peu de vos livres sont publiés en France, et même le dernier volume de votre dernière série She’s no princess n’a pas été traduite Savez-vous si le prochain le sera ?
Laura Lee Guhrke : C’est aux éditeurs français et à mon propre éditeur de se mettre d’accord là dessus. Si ça dépendait de moi, je vendrais toutes mes publications aux éditeurs français ! Ils payent bien et mes lectrices françaises m’envoient des lettres très élogieuses !
Onirik : Vous avez commencé une nouvelle série avec His every kiss, que pouvez vous nous en dire ?
Laura Lee Guhrke : En fait, ce livre His every kiss est le second d’une autre série. Dans l’ordre, ces livres sont : Guilty pleasures, His every kiss, The marriage bed, et She’s no princess. La nouvelle série commence avec un livre intitulé, And then he kissed her. Cet ouvrage parle d’une femme qui vit à Londres en 1893 et qui veut écrire des livres sur l’étiquette. Elle est la secrétaire d’un éditeur mais il persiste à refuser ses écrits sans même les lire. Quand elle le découvre, elle devient folle et quitte son emploi. La vie de son éditeur s’effondre sans elle et il va tout faire pour la faire revenir. C’est l’histoire d’une femme ligotée par les règles de la société dans laquelle elle vit, qui se libère et apprend à vivre selon ses propres critères. Et elle fait tomber amoureux d’elle le séduisant et charmant héros, aussi. Évidemment, il y a une fin heureuse !
Merci pour cet interview et de me donner l’opportunité de parler de mes livres. Au revoir.