Résumé
A 32 ans, Rebecca Lear effectue un triste bilan : trompée par son mari qui vient d’obtenir le divorce, elle s’aperçoit qu’elle n’a rien fait de son existence à part avoir gagné le titre de Miss Houston dans sa jeunesse. Voulant donner un nouvel élan à sa vie, elle accepte d’intégrer l’équipe de la campagne électorale du sénateur Masters. Elle y rencontre Matt Parrish, un avocat arrogant qui ne voit pas sa participation d’un très bon œil.
Avis de Marnie
Il y a du Susan Elizabeth Philips chez Julia London, et c’est un vrai compliment, soit l’art et la manière de créer du comique émouvant. Cet aspect que l’on trouvait déjà dans le premier volet de sa trilogie, material girl, est encore plus évident ici. Le résultat est une franche réussite, ce roman étant meilleur que le précédent.
Aussi, cela ressemblait plutôt à une gageure de nous captiver avec le thème. Honnêtement, comment nous intéresser à cette Miss Texas 1990, qui dès qu’elle apparaît laisse béat d’admiration les hommes qu’elle croise (y compris le héros), qui ne sait rien faire de ses dix doigts, ne brille pas d’une intelligente fascinante, n’est pas une mère modèle, et a assez d’argent pour vivre sans travailler ? Au début, nous nous amusons d’elle. Ses tentatives pathétiques et superficielles pour se remettre de son divorce ne sont pas passionnantes mais se laissent lire en souriant.
En fait, ce roman est écrit comme le tome précédent. Le jugement à l’emporte pièce que nous portons contre Rebecca, pauvre petite fille riche, est partagé par le héros, Matt Parrish, très sur de lui, carrément désigné comme le meilleur avocat du Texas. Lui, est très séduisant, très intelligent, séducteur, et gentil avec ses proches… le héros parfait ! Et nous tombons dans le piège de prévoir ce qui va se passer… la jeune femme qui ne connaît rien à rien, parachutée au milieu d’une campagne électorale, va nous la jouer vengeance d’une blonde… du style, je suis beaucoup plus intelligente que j’en ai l’air et je vais devenir le meilleur stratège de campagne électorale, en plus pour soutenir un candidat démocrate, donc, idées progressistes en prime, alors que les deux héros tomberont dans les bras l’un de l’autre, Matt sera totalement bluffé par la formidable intelligence triomphante de notre héroïne.
Pas du tout. La grande idée, c’est qu’au début, après avoir accumulé les clichés, Julia London va plus que nuancer ses propos, en introduisant une réelle étude de caractères tout ce qu’il y a de captivante. Dépassant la comédie sentimentale légère et quelque peu sexy, nous allons soudain comprendre peu à peu, que Rebecca est une femme perdue, à la dérive, égocentrique surtout parce qu’elle tente désespérément de se reconstruire, en oubliant le contexte dans lequel elle tente de surnager. D’un autre côté, le très brillant et fonceur avocat, va peu à peu se fragiliser, réalisant que ses buts et objectifs toujours atteints et qui ne lui ont jamais posé de problème, ne sont peut être pas ce pour quoi il est vraiment fait. En fait, c’est suite à une scène dramatique essentielle, très surprenante, très violente entre les deux héros, d’une efficacité et d’une rupture de ton extrêmement bien mise en scène, qu’ils vont réfléchir sur eux-mêmes… et réagir.
La morale de l’histoire, banale mais qu’il est bon de se rappeler, c’est qu’il ne faut pas surpasser, être meilleurs que les autres ou chercher à épater ceux qu’on aime pour mieux se sentir bien, mais qu’il faut juste être honnête envers soi-même, apprendre à se connaître pour mieux s’accomplir, même dans les petites choses de la vie… L’aventure est enjouée, au rythme rapide. C’est sexy en diable, tout en instaurant des petits moments comiques très drôles. L’auteur maîtrise son sujet de bout en bout, tout en continuant comme fil rouge, les relations difficiles entre les parents de Rebecca, approfondies dans ce roman ci. Nous avons le plaisir de revoir Robin, héroïne du premier tome, et les autres personnages secondaires sont attachants, sympathiques et nuancés.
Donc, le deuxième tome de la trilogie des trois filles du milliardaire Lear (Merci Shakespeare) qui sait toujours mieux que ses filles, se rend insupportable avec ses idées toutes faites, et qui apprend à mieux les connaître, l’une après l’autre, est une des meilleures réussites de Jailu, cette année ! Prochainement le troisième opus… et c’est vraiment tant mieux !
Avis de Francesca
Après l’excellent Material girl qui mettait en scène Robin, l’aînée des 3 sœurs Lear, voici le tour de la cadette, Rebecca, dans un livre d’un genre différent du précédent mais tout autant réussi. En effet, s’il est plus développé émotionnellement au tant du point de vue de l’intrigue que du caractère de l’héroïne, cet auteur nous surprend décidément avec un style drôle et enlevé qui recèle cependant une gravité et des failles intéressantes à découvrir tout au long de la lecture.
Rebecca est une femme qui est lassée par le fait que tout le monde, que ce soit sa famille ou les hommes, ne la considèrent que comme une belle plante qui est incapable de faire quoique ce soit de ses 10 doigts. Blessée moralement par son ex-mari à de multiples reprises, elle décide de leur prouver et de se prouver à elle-même qu’elle peut réussir quelque chose qu’elle entreprend. Si elle se sent ridicule au départ, elle a le courage de ses opinions, apprend et s’accroche pour amener sa contribution à la campagne. C’est une femme très attachante, nettement moins superficielle que sa sœur Robin, plus préoccupée par son fils Grayson que par sa vie amoureuse.
Matt est un homme que l’on pourrait qualifier de très macho dans le mauvais sens du terme. Il est séduisant, intelligent et a du succès autant dans son travail qu’avec les femmes. Persuadé de détenir la vérité absolue, il ne fait pas l’effort de comprendre Rebecca, pense qu’elle n’est pas à la hauteur de la mission qu’on lui a confiée et critique systématiquement ses suggestions ou ses actions. Au contraire de Rebecca que l’on trouve immédiatement sympathique, Matt m’a rapidement horripilé par ses jugements hâtifs et irrémédiables et le fait qu’il fasse l’effort de s’amender ne compense pas le fait qu’il renouvelle plusieurs fois son manque de confiance envers celle qu’il dit aimer. Il pourrait être un être méprisable s’il n’était pas sincèrement épris de Rebecca et s’il ne vouait pas une véritable affection envers Grayson.
L’auteur a le chic pour nous concocter des rencontres incongrues et totalement hilarantes qui marquent longtemps les esprits. La relation entre Rebecca et Matt est émaillée de prises de bec et de tensions sexuelles qui donne du piment au récit. Parallèlement à ces deux personnages principaux, on retrouve avec plaisir Robin et Jack qui apparaissent le temps de nous apporter une bonne nouvelle, ainsi que les parents Lear qui ont des rapports plus difficiles et plus qu’ambigus. Aaron, rongé par un cancer, est toujours aussi infect, échoue à concrétiser ses tentatives de réconciliation avec sa femme et ses filles et n’arrive au contraire qu’à se fâcher avec elles et les faire s’éloigner affectivement un peu plus loin.
Le dernier opus consacré à Rachel, la plus jeune sœur, paraîtra en octobre et clôturera cette sympathique et amusante trilogie qui a su divertir sans négliger d’apporter des moments réels d’émotion et des questions plus profondes.
Fiche technique
– Format : poche
– Pages : 443
– Editeur : J’ai Lu
– Collection : Romance d’aujourd’hui
– Sortie : 15 juin 2007
– Prix : 7,40€