Ciné Cinéma Classic – La dame de Shangaï

Si Citizen Kane est considéré par beaucoup de critiques comme le plus grand film de l’histoire du cinéma, pour ma part, j’éprouve encore plus d’admiration pour celui-ci. Bien qu’ils soient en pleine procédure de divorce, Orson Welles offrit à son épouse, Rita Hayworth, son plus beau rôle de femme fatale. La publicité autour de cette œuvre reposa sur la transformation de la chevelure de l’actrice… la pétulante rousse coupa ses mèches pour de courtes boucles blondes sophistiquées, ce qui fit sensation.

Tout cela n’est qu’anecdotique. Ce film mythique est célèbre essentiellement pour l’atmosphère envoûtante, lourde et singulière qui se dégage de cette superbe histoire mêlant suspense, trahison, amour fou, haine et violence… La photographie met en valeur le regard insondable, vénéneux et sans vie de Rita Hayworth, effrayante de noirceur, alors que Orson Welles s’efface derrière son personnage de marin lourdaud, sans charisme, ni séduction. Le bateau sur lequel a lieu une grande partie du tournage est en fait celui de l’acteur Errol Flynn (que l’on peut apercevoir le temps d’une scène en arrière-plan).

Les dix dernières minutes nous offrent un monument de l’histoire de cinéma : au théâtre chinois, dans la galerie des glaces, des dizaines de Rita Hayworth un revolver à la main… hurlant «I don’t want to die !» (Je ne veux pas mourir !).

Woody Allen fera un hommage à cette scène cultissime à la fin de son film Meurtre mystérieux à Manhattan où il rejouera ce passage, en décalage derrière l’écran d’une salle de cinéma où justement est projeté ce film. C’est saisissant, grandiose et aussi une image projetée à l’infini d’un mariage qui vole en éclats comme l’écriront plus tard les critiques.

En fait, c’est surtout un des plus beaux films noirs de tous les temps !