Les enfants sont la mémoire des hommes – Avis +

Présentation de l’éditeur

Les enfants sont la mémoire des hommes est un conte philosophique à la fois poétique et violent qui par le biais de l’art, induit une réflexion sur ce qu’est être un enfant aujourd’hui…

Louise Gaggini a décidé de reverser l’intégralité de ses droits de texte à l’Unicef.

Avis d’Enora

Tout commence par Le livre des légendes, il était une fois un roi et une princesse qui vivaient heureux et amoureux. Un jour une querelle éclata entre eux, le roi ayant décidé que grammaticalement le masculin l’emporterait sur le féminin. Mais comme il aimait la princesse, il rédigea le début d’un décret «Au commencement était le verbe… » et lui proposa de trouver la suite du texte. Elle ajouta aussitôt : « …mais la musique arriva et l’emporta avec son LA, c’est comme ça que toi et moi on devint nous ». Ils créèrent alors le ciel, la terre, les étoiles et tous les enfants du monde. Ce fut le moment de tous les possibles où même les adultes faisaient des rêves d’enfants ; mais peu à peu Le livre des hommes grignota Le livre des légendes. Mensonge, violence, meurtre, exploitation, prostitution, les adultes détruisirent peu à peu tous les enfants et le monde sans enfance devint un chaos noir, glacé…

Louise Gaggini nous convie à la lecture d’un conte que ses tableaux illustrent et complètent. Chaque chapitre est enrichi par une œuvre sur toile utilisant l’huile, l’acrylique, le collage et d’autres techniques mixtes. Grâce au CD dans lequel Eric Ferrat lit son texte sur une musique qu’elle a composée, Louise Gaggini fait appel à tous nos sens pour aller à la rencontre de son message. Son constat est très dur et pourtant l’espoir est là, l’artiste veut y croire, les hommes ont encore, enfouis au fond de leur cœur, le souvenir de leur rêves d’enfant. C’est en cela que les enfants sont la mémoire des hommes.

Elle nous invite alors à aller voir les enfants de Neve Shalom (Neve Shalom, en hébreu ; Wahat as-Salam, en arabe ; Oasis de Paix, dans la Bible des Chrétiens) est un village établi conjointement par des Juifs et des Arabes palestiniens, tous citoyens d’Israël, mais aussi un endroit où se côtoient les trois religions. L’activité principale du village est le travail éducatif auprès des enfants pour la paix, l’égalité et la compréhension entre les peuples.

L’artiste nous parle aussi du plaisir, celui qui naît de l’amour, avec un A et un LA parce que c’est la musique du bonheur qui donne une équation exponentielle où toi et moi devient nous. Elle l’oppose à ce plaisir ou l’autre devient un objet, un instrument et où l’équation devient 1+1 =0 car l’autre est nié, est tué et elle nous renvoie ainsi à la prostitution infantile, à la pédophilie.

Son chapitre La dévoration en marche fait écho au livre de Claire Brisset Un monde qui dévore ses enfants. Dans cet ouvrage, la porte parole de l’Unicef, ex-défenseur des droits de l’enfant, lance un cri d’indignation : nos enfants sont battus, violés, enrégimentés sur les champs de bataille, mis au travail et nous ne réagissons pas contre ce massacre de notre génération future.

Ce conte à la fois poétique et philosophique nous amène à réfléchir sur ce que nous sommes, des homos-sapiens qui se targuent de sagesse, qui se veulent supérieurs aux autres espèces animales, qui se vantent de réflexion… mais qui détruisent leurs enfants depuis la nuit des temps !

L’exploitation des enfants m’est revenue en tête en regardant la télévision, en cette période ou commencent déjà les publicités pour les jouets de Noël. Quelque soit notre culture religieuse, Noël est censé être une fête de l’amour, une fête aussi pour les enfants or notre civilisation la transforme en un enjeu commercial dont l’enfant est la principale victime. Quel message lui envoie-t-on ? Que l’amour se mesure par une surenchère de biens de consommation ? Quels Hommes veut-on faire de nos enfants ? Où sont la spiritualité, le rêve et l’imagination dans tout ça ?

Je vous laisse méditer en conclusion sur ces paroles d’enfants tirées du très beau livre de Louise Gaggini : « Je voudrais être oiseau, bulle de savon… voler plus haut… vivre, vivre, vivre ! Enfin… »

L’auteur

Descendante d’Antonello Gaggini, sculpteur sicilien du XVIe siècle, elle est une artiste éclectique. « Peinture, musique, écriture, sculpture, art de vivre et art d’aimer, tout est art et tout est vie » dit-elle. Journaliste, elle a écrit des reportages sur le Sida, la toxicomanie, l’école, l’art-thérapie, l’adolescence et a lancé un magazine Points sur les Infos. Romancière, elle a publié en 2001 chez Multitudes « Dernière année avant le bac ».

Pourquoi ce don pour les enfants ? Peut être en souvenir de sa propre enfance « à cinq ans, j’étais anorexique et je croyais en Dieu » lorsque quelqu’un de malveillant la traite de « juive », elle intègre alors qu’elle est beaucoup et surtout différente. En grandissant on l’identifiera par une chose ou une autre mais jamais dans son entité. Mais pas les enfants, leurs regards lui ont permis de retrouver son identité « ils m’ont renvoyée à la transmission et aux origines de la vie et j’ai définitivement intégré que les enfants sont la mémoire des hommes »

Eric Ferrat est acteur et fondateur de la compagnie, Le théâtre du reflet.

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : Multitudes
Collection : Sciences
Prix : 39 €