DVD : La vie des autres

Résumé

Au début des années 1980 en Allemagne de l’est, un auteur à succès et sa compagne actrice sont mis sur écoute à la demande du ministre de la culture. Le réalisateur nous fait vivre le destin de l’Allemagne entre 1984 (clin d’œil à Orwell et à son Big Brother ?) et 1989 à travers le point de vue émotionnel de trois protagonistes : l’auteur, sa compagne et l’agent de la Stasi.

Avis d’Enora

Ce film a remporté de nombreuses récompenses, à mon avis largement méritées, surtout lorsqu’on sait qu’il s’agit d’un premier long métrage. Florian Henckel Von Donnersmarck décrit ici le régime communiste, montre le détournement des valeurs marxistes fondatrices et les répercussions sur la vie des individus. Les personnages sont fouillés, pas de manichéisme, chacun d’eux possédant sa part d’ombre et de lumière.

– L’agent de la Stasi HGW XX/7 (référence à Herbert George Wells et à son État-Monde ?) est un pur et dur qui croit au système auquel il a consacré son existence. Ses convictions vont être ébranlées quand il apprend les causes de la surveillance mise en place pour faire tomber le dramaturge : non pas parce qu’il est un ennemi du régime mais pour que le ministre qui s’est épris de l’actrice puisse avoir le champ libre. Son sens de l’honneur va trouver plus d’échos dans le comportement « des suspects » que dans celui de ses propres chefs. La vie des autres c’est celle qu’il vit à travers son espionnage.

– L’actrice est un très beau personnage de femme, très humain. Pleine de doutes sur son talent, sur l’amour de son compagnon et sur sa propre valeur, son «moment de faiblesse » et sa réaction finale en font une héroïne très shakespearienne.

– L’artiste est un personnage qui veut croire en l’Homme, il essaie de garder une certaine intégrité morale tout en surnageant au régime en place. Tout va basculer pour lui, quand un ami scénariste « interdit de travailler » depuis une dizaine d’années se suicide, il réalise que l’art véritable ne peut pas exister sous un régime dictatorial et choisit alors de dénoncer le régime en passant des articles à l’ouest. Après la chute du mur de Berlin en se rendant dans les locaux de l’ancienne Stasi pour consulter son dossier, il apprend sa mise sur écoutes et comprend la protection dont il a bénéficiée. Il publie alors un livre, « La Sonate de l’homme bon« , qu’il dédie à l’agent HGW XX/7.

Florian Henckel Von Donnersmarck nous confie : » Enfant, cela m’intriguait et m’amusait de ressentir la même peur que les adultes. Et d’ailleurs, ils avaient vraiment peur : lorsqu’ils passaient la frontière pour aller voir leurs amis d’Allemagne de l’est, mes parents voyaient bien qu’on nous regardait parce qu’on venait de l’Ouest. Les enfants ont un sixième sens quand il s’agit de capter les émotions. Je crois que si je n’avais pas vécu cela, je n’aurais pas su comment aborder un tel sujet « [[interview pour As Cinema, mai 2007].]

Pari gagné, c’est un film réussi qui bouleverse, dérange, interroge et on ne peut s’empêcher de penser après son visionnage qu’on a beaucoup de chance de vivre dans une démocratie, même si elle n’est pas parfaite.

Notes : l’acteur Ulrich Mühe qui avait reçu en février l’Oscar du meilleur film étranger pour « La vie des autres » est décédé d’un cancer de l’estomac en juillet de cette année.

Fiche Technique

Titre original : Das Leben der Anderen

BO : Gabriel Yared (compositeur français)

Durée : 137 minutes

Sortie en salle : janvier 2007

Sortie DVD : 25 octobre 2007

Genre : drame

Avec Martina Gedeck, Ulrich Mühe, Ulrich Tukur, Sebastian Koch