For your consideration – Avis +

Résumé

Nous assistons au tournage d’un film indépendant supposé médiocre intitulé Home for Purim, où des comédiens confirmés mais oubliés, cotoyent des jeunes artistes off. A la suite d’une rumeur qui sous-entend que l’actrice principale pourrait faire partie des cinq nominées au Oscar, la situation échappe bien vite à tout ce petit monde, en effervescence !

Avis de Marnie

Très bonne surprise que cette comédie satirique, qui éclaire de façon lucide et acide, l’hystérie qui règne à Hollywood autour de la conquête des Oscar. Construite comme un documentaire, structurée comme une pièce de théâtre, le spectateur se plonge dans cette montée en puissance d’une folie collective et sa chute brutale équivalente à une descente tragique aux enfers.

S’il faut cinq bonnes minutes pour s’adapter au parti pris du “faux” : soit un faux documentaire, un faux film indépendant, un faux jeu outrancier, on est rapidement emporté par la gentille ironie, puis l’humour sarcastique se transformant peu à peu…. pour devenir corrosif confinant à la cruauté.

Personne n’est épargné.

– en premier, les acteurs du film. Catherine O’Hara (Beetle Juice, Maman j’ai raté l’avion) est une actrice oubliée qui se projette intérieurement dans le Hollywood mythique des années 40. Harry Shearer (l’une des voix des Simpson) interprète un comédien raté et pathétique acceptant compromis sur compromis, obligé de passer des castings pour être homme-sandwich dans des publicités, et qui pense à chaque rôle, qu’il va enfin saisir la chance de sa vie. Parker Posey (une des égéries du cinéma indépendant, primée au festival de Sundance) semble se parodier en interprétant le ressenti excessif de cette jeune première exaltée issue du théâtre “off Broadway”.

– viennent le réalisateur interprété par Christopher Guest lui-même, ni expérimenté, ni doué, considéré comme un pion négligeable et un défouloir par les dirigeants ou les deux scénaristes à l’égo surdimensionné, la productrice (Jennifer Coolidge connue pour sa prestation dans American Pie) qui ne sait pas quoi faire de son argent gagné par sa famille dans les couches-culottes, les attachés de presse incompétents, la journaliste du studio aux questions ineptes, le patron du studio idiot et déjanté jusqu’au président distributeur du film, tout puissant (Ricky Gervais qui confirme une fois de plus son talent).

– N’oublions pas tout de même les techniciens totalement habités par leur mission de cocooner les acteurs fragiles dont ils ont la charge (génial Ed Begley Jr) ou encore l’agent interprété par Eugene Levy (le père dans la trilogie American pie) qui ne croit même pas en son client, et dont les conseils peu éclairés, ne l’ont pas vraiment pas aidé.

Mais Hollywood ne serait rien sans les animateurs et journalistes qui en l’espace de quelques minutes, broient les proies qui ont eu le malheur de tomber entre leurs mains. Jouant d’un pouvoir sans limite, ils passent de la vulgarité à la méchanceté gratuite, avec comme prétexte d’être au service du téléspectateur. Bien que cet univers soit très américain, beaucoup ont entendu parler du David Letterman night show ou encore de l’émission de Jay Leno. Nous retrouvons alors tous les excès que nous reprochons souvent à cette société qui vit sur l’instant, superficielle et si commerciale que chacun des protagonistes va gommer peu à peu ses différences pour rentrer dans le moule destiné à plaire aux plus nombreux, et donc à rapporter de l’argent à l’industrie.

L’égoïsme est au centre du film, à l’opposé du navet que l’on tourne intitulé Home for Purim, un ramassis de clichés sur la fête juive la plus sympathique, centrée sur le personnage de la yiddishe mamme, mourante, destinée à promouvoir l’usine à rêves hollywoodienne comme on le faisait dans les années 40.

Dans cette folie collective, même les plus sympathiques seront emportés par leur propre passion et l’aspiration à décrocher leur quart d’heure de gloire… et aucun n’en sortira indemne. Mais le vrai talent de Christopher Guest, est d’avoir su garder tout au long du film, une certaine tendresse envers ses personnages, pour lesquels le spectateur éprouve une réelle empathie. Si vous appréciez Seinfeld, ou encore Larry et son nombril, bien plus que Friends, vous adhérerez totalement à cet humour décapant et salutaire…

A voir !

Fiche Technique

Sortie : 17 Octobre 2007

Avec Eugene Levy, Parker Posey, Harry Shearer, Jennifer Coolidge, Catherine O’Hara, Ricky Gervais, etc.

Genre : comédie

Distribué par CTV International

Durée : 86 minutes