A chacun ses dieux – Avis +

Résumé

En ces temps où l’avenir de la planète, les problèmes liés à l’environnement se font de plus en plus pressants, la lecture du roman de Clifford D Simak « A chacun ses dieux » permet de s’apercevoir que loin d’être une préoccupation somme toute récente, ce sujet interpellait déjà les auteurs de science-fiction il y a près de 35 ans !

Avis de Domino

Le postulat de départ est d’une simplicité désarmante : un matin, la Terre se réveille vidée de la quasi-totalité de sa population. Sur les 8 milliards qu’elle comptait, ne sont restés que quelques humains, une tribu d’indiens et la totalité des robots qui servaient les hommes. Le reste de l’humanité a disparu sans laisser aucune trace et sans que l’on sache ni comment, ni pourquoi. A cette disparition vient s’ajouter le fait que la population restante se découvre une longévité exceptionnelle. Ce petit nombre n’est pas suffisant pour faire fonctionner la panoplie technologique mise au point et d’abord par nécessité puis par choix conscient et volontaire, abandonne cette voie. Ce dépouillement permet l’émergence de capacités parapsychiques et un nouveau rapport au monde. De leur côté, les Indiens retrouvent leur mode de vie ancestral en symbiose totale avec la nature, tandis que les robots suivent un chemin qui leur est propre. Lorsque l’humanité enlevée (les « Autres »), annonce sa volonté de revenir sur Terre ceux qui sont restés sont confrontés à un dilemme : de quel droit les empêcher de revenir, même si leur retour doit sonner le glas de cette « nouvelle » Terre ? Mais tous autant qu’ils sont, sont-ils encore réellement acteurs de leur destin ou bien des pions dans un jeu qui les dépasse ?

Disons-le d’entrée de jeu, il ne faut pas se laisser abuser par la minceur de l’ouvrage ! Il s’agit d’un roman dense qui en un peu plus de deux cents pages propose une thématique extrêmement riche. Simak dans ce roman prémonitoire aborde des sujets qui sont devenus de réels enjeux pour nous aujourd’hui mais sans jamais tomber dans le dogmatisme. Dès 1972, l’auteur pose le problème de l’avenir de la planète avec sa démographie galopante et l’épuisement des richesses, celui de la course en avant du tout technologie et au final celui du sens que l’Homme veut donner à sa vie. Cela pourrait se résumer par le choix entre deux verbes : l’Homme doit-il être ou doit-il avoir ? Peut-on concilier les deux ou ces deux notions sont-elles antinomiques ? A cette réflexion, vient se surperposer une autre réflexion philosophique sur la notion de Création et de son Créateur. Simak offre là aussi une vision pour le moins originale assortie d’une note d’humour un brin iconoclaste… Pour parfaire le tableau, il convient d’ajouter une bonne dose de poésie qui baigne tout le roman, lui conférant une sorte de sérénité même dans les moments les plus désespérés.

Si la lecture du roman est aisée, la richesse des thèmes développés peut surprendre le lecteur qui ne s’attend pas à une telle densité. Le récit s’impose alors au lecteur et l’oblige à s’interroger sur ses propres certitudes voire à les remettre en question. A chacun ses dieux vous hante longtemps et après l’avoir lu vous ne poserez plus sur le Monde le même regard.

A découvrir ou à redécouvrir de toute urgence… !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 217
Editeur : Denoël
Collection : Présence du futur étoile
Sortie : 14 avril 1998
Titre original : A Choice of Gods
Sortie originale : 1972
Prix : épuisé mais se trouve d’occasion