Nosferatu – Avis +

Résumé

L’histoire se passe dans les Carpathes en 1838. Hutter, jeune clerc de notaire, arrive dans un sinistre château afin de conclure une vente. De rencontres inquiétantes en incidents sinistres, le jeune homme est reçu par le comte Orlock qui n’est autre que la réincarnation du vampire Nosferatu, qui dort le jour et vit la nuit, se nourissant du sang de ses victimes…

Avis de Marnie

C’est un des rares films muets qui reste figé dans ma mémoire. Adaptation assez fidèle du célèbre roman de Bram Stocker, Dracula, publié en 1897, le studio n’ayant pas pu obtenir les droits, seuls les noms changent. Le comte se nomme maintenant Orlock et Dracula deviendra Nosferatu…

Une partie du tournage a lieu en décors naturels ce qui est très rare à l’époque. Mais le choix des angles et des prises de vue sont issus de l’expressionnisme allemand : utilisation de l’image en négatif qui blanchit les décors extérieurs mais noircit le ciel, certaines scènes en bleu qui donnent une touche personnelle et menaçante. Cela ajoute à l’atmosphère oppressante et étrange de cette œuvre. On passe de scènes gothiques, en visions romantiques, au sens littéraire et pictural du terme. Cependant, le plus impressionnant est Dracula lui-même, interprété par Max Schreck, totalement habité par son personnage. (On raconte même qu’il s’amusait à dormir dans un cercueil et passait son temps à jouer au vampire).

Certaines scènes sont cultes… ainsi les moments ou Dracula apparaît et suce le sang de ceux qui ont le malheur de tomber entre ses mains, la scène ou il monte les escaliers et que l’on voit seulement son ombre grandir sur le mur, ou encore lorsque le bateau du Comte accoste et que les rats quittent le navire. Film d’horreur, noir et pesant, tourné dans cette Allemagne vaincue de l’après première guerre mondiale, on ressent presque physiquement le malaise des héros. Ombre sinistre, silhouette menaçante, Dracula représente le crépuscule qui va s’abattre sur ce pays, le comte semant la mort et la peste sur son passage. Il ne faut pas oublier que la fin est assez pessimiste. Le monstre est vaincu mais un des héros meurt…

On a parlé pour ce film de l’utilisation de l’expressionnisme servant à cacher les tendances sexuelles refoulées de Murnau. Je ne sais si c’est vrai mais les relations entre Nosferatu et Hutter sont loin d’être claires. Le comte est fasciné par l’épouse du jeune homme, mais la première partie du film met en valeur les relations ambiguës mêlées de fascination qui se nouent peu à peu entre les deux hommes. Tout se lit sur plusieurs niveaux captivants : la morsure de Nosferatu est l’apogée de cette séduisante approche.

Je ne sais pas s’il faut considérer Nosferatu comme un chef d’œuvre ou simplement comme un des premiers films d’horreur, mais la vision tout à fait singulière du réalisateur en fait un film inoubliable.