La cité écarlate – Avis +

Résumé

Crimson City, l’ancienne ville de Los Angeles, est le théâtre d’une cohabitation sous tension entre humains, vampires, croquants et loups-garous. La guerre entre espèces est encore un souvenir vivace dans certains esprits lorsque l’assassinat des chefs des vampires remet à nouveau en cause l’ordre précaire qui s’était établi. Fleur Dumont, qui a pris la tête de cette caste alors qu’elle en était exclue, sait qu’elle n’aura le droit à aucun faux pas. Elle s’associe avec un humain du FBI, Dain Reston, afin de découvrir la vérité au sujet des carnages qui se multiplient dans la ville.

Avis de Francesca

Avis aux fans de films de science-fiction, ce livre est dans la lignée directe de la tendance ! Il est le premier tome de la série Crimson City en 6 livres de différents auteurs, dont J’ai Lu va faire paraître tout au long de l’année.

L’univers futuriste, anticipateur et apocalyptique happe le lecteur dès les premières pages, à tel point qu’on se croit dans un jeu vidéo. Le contexte n’est pas sans rappeler Underworld, film fantastique sorti en 2003, où le monde sombrait dans un chaos perpétré par la lutte entre les vampires et les lycans. Dans ce livre se joue une trame identique avec des vampires surnommés saigneurs et les loups-garous dénommés canidés. Cependant, la difficulté s’accroît avec l’intervention des humains et des croquants qui sont des humains transformés en vampires et qui n’ont pas réussi à se faire accepter des vampires primordiaux. Ces différentes espèces ne se côtoient pas dans la sombre et gigantesque ville de Crimson City. La lutte des classes est d’actualité avec les vampires primordiaux dans les hauteurs de l’élite, à l’écart des croquants et des humains qui demeurent sur terre, alors que les loups-garous investissent les égouts. La tension est extrême entre ces quatre groupes et une infime étincelle peut raviver la guerre entre elles et mettre la ville à feu et à sang.

Dans cette ambiance pesante, cette étincelle s’allume lorsqu’un mech, une machine mi-robot mi-humain, tue les deux dirigeants de la caste des vampires primordiaux. Le film Robocop a du également constituer une référence puisque le mech n’est ni plus ni moins qu’une machine policière contenant un homme au regard dépourvu d’expression, obéissant aux ordres et conçue pour protéger ses concitoyens. Les attaques viennent alors de toutes parts et les vampires sont les premiers visés.

Fleur Dumont est l’héritière naturelle de la famille dirigeante de l’Assemblée primordiale des vampires, qui fonctionne comme un gouvernement. Cependant, la transgression d’une loi lorsqu’elle était plus jeune l’a écartée de la succession lors de la mort de ses parents. Ses demi-frères ont pris les rênes du pouvoir jusqu’à leur assassinat. Fleur a donc du se mettre à la tête des vampires et prendre des décisions cruciales en plain chaos, alors qu’elle est inexpérimentée et insuffisamment préparée pour ce poste. Sa rencontre avec Dain fait remonter à la surface sa faute, d’autant plus qu’elle s’est jurée de ne plus tomber amoureuse d’un humain. C’est une héroïne qui se doit d’être forte, courageuse et implacable mais qui émeut par ses failles, ses doutes et son inexpérience juvénile parfaitement compréhensible. Cependant, elle apprend jour après jour à tenir son rang sans jamais trahir ses valeurs.

Dain Reston est un policier qui a perdu la mémoire alors qu’il tentait vainement de secourir sa femme. Il garde une profonde culpabilité de ne pas se souvenir de sa femme décédée et a une part d’ombre enfoui en lui. Irrésistiblement attiré par Fleur, il laisse tomber peu à peu ses principes à la grande inquiétude de ses collègues et de son supérieur et ami. Il tente néanmoins de lutter contre ce désir. En effet, la relation entre un humain et un vampire est sans avenir. Les mystères qui planent autour de son passé et du drame qu’il a vécu pèsent sur lui et l’amènent à s’interroger sur lui-même.

L’auteur réussit à ne pas sombrer dans le manichéisme avec lequel les bons se retrouvent d’un côté et les méchants de l’autre. La situation est plus complexe qu’elle n’en a l’air, chacun agit selon ses convictions et sa nature qui ne sont pas toujours pures et innocentes, mais avec le sentiment d’avoir fait ce qui était juste, ce qu’on ne peut pas condamner. La relation amoureuse est classique et peu passionnée, l’intérêt résidant plutôt sur le cheminement que ces deux personnages suivent au fur et à mesure de l’évolution de l’histoire. Les clichés concernant les espèces en présence ne sont pas nouveaux : les vampires sont des êtres qui vivent dans l’opulence et le luxe, s’habillent comme des dandys et se sentent supérieurs à tout ce qui n’est pas leur caste ; les loups-garous sont des bêtes regroupées en meutes, vivant des les bas-fonds peu ragoûtants, et qui ne sont pas très intelligents. Ces opinions sont tombées dans la banalité commune de la culture fantastique mais ne remettent pas en cause l’originalité du récit.

Ce livre est une réussite sur tous les points, ce qui confirme la qualité de la collection Mondes Mystérieux qui constituent la référence pour ceux et celles qui aiment la rencontre entre le surnaturel et la romance.

La suite, L’odeur du loup de Marjorie M. Liu, paraît bientôt pour ma plus grande joie !

Avis de Domino

La cité écarlarte est le premier volume de la série éponyme (Crimson City) qui en comprend 6 et dont le premier et le sixième volume sont l’oeuvre du même auteur, Liz Maverick.

Crimson City est le surnom donné à Los Angeles après la guerre qui a opposé les humains aux créatures surnaturelles (vampires et loups-garous) et qui s’est conclue par l’instauration d’une trêve fragile entre les espèces et la partition de la ville.

Les héros de cet opus sont Fleur Dumont, une jeune vampire que sa naissance propulse à la tête de la communauté des vampires après le meurtre de ses deux demi-frères et Dain Reston, officier du F.B.I, chargé de découvrir qui a commandité le meurtre des frères Dumont et pourquoi.

Si l’intrigue est somme toute assez classique : deux êtres que tout oppose obligés de travailler ensemble pour empêcher le déclenchement du nouvelle guerre entre les espèces avec le corollaire quasi obligé de l’attirance irrépressible qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, l’originalité réside dans la personnalité des héros. Dain Reston est amnésique. Il n’a aucun souvenir de sa femme morte, assassinée par des vampires et ne connaît son passé qu’à travers le récit que lui en a fait son patron. Fleur, que sa lignée pourtant destinait aux plus hautes fonctions n’y accède que de façon fortuite.

Alors que tout devrait les opposer ils sont attirés l’un vers l’autre malgré les mises en garde de leur entourage respectif. Leur histoire d’amour va crescendo, au rythme de l’enquête qui au fil de sa progression se fait plus complexe pour se terminer par un coup de théâtre final très bien amené.
Les héros sont très attachants car très complexes, déchirés entre leur sentiment du devoir et leurs sentiments tout court.

On retrouve là le bon vieux thème cornélien « le coeur a ses raisons, que la raison ne connaît pas« . Mais ce sont aussi des héros avec leur part d’ombre et de fragilité qui les rend souvent très poignants. Dain torturé par son absence de souvenirs, déchiré de ne pas se souvenir de sa femme et de l’amour qui les liait, Fleur hantée par une faute commise des années plus tôt et qui l’a condamnée aux yeux de la communauté des vampires et qui n’en finit pas de payer. Deux héros qui émeuvent car tellement humains dans leurs erreurs et dans leur doutes … Les personnages secondaires qui entourent les deux héros sont également très réussis et on se surprend à espérer les retrouver dans les prochains récits.

Liz Maverick réussit dans ce roman à créer une histoire autonome, celle de Fleur et Dain et dans le même temps à poser les jalons des histoires qui constitueront les cinq romans suivants. Mais c’est aussi le portrait d’une ville qu’elle dessine. Une ville à l’allure crépusculaire, hantée par les fantômes de la guerre, rongée par la drogue et les tensions inter-espèces, morte de peur et qui retient son souffle.

Ce livre sert à la fois d’exposition et d’introduction à la série et ce n’est pas chose facile. Liz Maverick réussit donc le tour de force de nous donner une histoire bien construite avec des personnages très intéressants tout en introduisant d’autres pistes qui seront exploitées… ou pas dans les romans à venir.

Quand la narration s’achève, l’histoire de Fleur et Dain est terminée mais les dernières lignes nous rappellent qu’un certain nombre de questions sont restées en suspens et c’est avec impatience qu’on attendra le 1er juin avec la suite L’odeur du loup de Marjorie M. Liu.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 313
Editeur : J’ai Lu
Collection : Mondes mystérieux
Sortie : 23 mars 2007
Prix : 6,50 €