To survive, Emma Langolet has committed a shoking crime. But, to her amazement, the notorious scoundrel James Killoran has agreed to accept responsability for her desperate act, though the handsome irish James Killoran earl professes no interest whatsoever in the enchanting miss whom he has surely rescued fram the gallows. Hurt and confused by his indifference, Emma is nonetheless drawn to this elegant, arrogant rogue who uses people for his own amusement, but is always there when she most needs him. For she believes Killoran hides true goodness behind his decadent facade. And only the power of love can restore hope and tenderness to a dark and damaged heart, and release the passionate lover imprisoned within.
Avis de Marnie
Si Anne Stuart écrit désormais des romans contemporains, voici un historique datant de 1994, où l’on retrouve pourtant tout ce qui fait l’intérêt et les qualités de ses ouvrages actuels, les affrontements passionnés et tendus entre les héros et les traumatismes liés à la culpabilité. En fait, le contexte (comme toujours chez cet auteur) est totalement en arrière-plan, et même si l’histoire se situe à Londres en 1775, l’intrigue aurait pu être transposée n’importe quand et en n’importe quel lieu.
Petite facilité, Anne Stuart construit une introduction très provocante pour choquer et attirer le lecteur. L’héroïne, sans aucun remord et avec un sang froid qui la rend bizarrement antipathique, tue celui qu’elle considère comme son oncle, en état de légitime défense, réfléchissant froidement seulement dans une sorte d’attentisme cynique, à sa probable condamnation pour meurtre. Mais en fait, le récit va évoluer de manière très différente, Emma étant bien plus nuancée et plus sensible que ces premières pages le laissaient supposer.
Si nous subissons une intrigue très classique, sur près de 80 pages, avec quelques rebondissements attendus, ils servent surtout à souligner la complexité du caractère et le mystère qui entourent le héros, un des plus réussis créés par l’auteur. Il est de loin l’attrait principal du roman, vampirisant toutes les scènes, par ses traits d’humour grinçant, ses réparties cyniques et cinglantes, ses poses affectées et son physique charismatique mais glacial. Pour accentuer sa formidable présence, nous le découvrons avec ses propres paroles et pensées, mais également à travers les yeux révoltés d’un lointain cousin, le vertueux Nathaniel, venu passer quelques semaines dans la capitale, hébergé par le comte qui a accepté de le recevoir, dans un moment d’ennui, afin de pouvoir s’amuser de lui.
Cet aspect de la personnalité de James est ce qui ressort le plus… le comte est joueur. Il a gagné toute sa fortune de cette façon, il n’a peur de personne puisqu’il ne tient à rien, les individus qu’il place autour de lui ne servant qu’à ses propres desseins. Il n’apprécie qu’une chose, les manipuler comme des pièces d’un jeu d’échecs, d’une part pour assouvir une vieille vengeance, mais aussi et surtout pour voir ce qui va résulter de ces rencontres et des affrontements entre eux, lui n’étant qu’un spectateur.
C’est ainsi que le pauvre Nathaniel se voulant la conscience du comte, est mis en présence de Lady Barbara, la très belle maîtresse de James, toute aussi cynique et sans scrupule que lui, et de Emma qu’il souhaite sauver d’un sort pire que la mort. Mais vont se joindre à eux, le dépravé Lord Darnley, un pair du royaume, dont le comte cherche à se venger et Miriam, la cousine de Emma, qui souhaite ouvertement la mort de cette jeune femme qui possède l’argent de la famille. Cependant, au beau milieu de cette partie d’échecs, les sentiments éprouvés peu à peu par James, vont le submerger, pour le transformer irrémédiablement, faisant resurgir les traumatismes et les remords qu’il avait enfermés au plus profond de sa conscience.
Le talent d’Anne Stuart est d’avoir su faire évoluer des adversaires à la mesure du comte, non pas les deux méchants (comme souvent chez cet auteur, ils manquent de nuances, sont caricaturaux et n’offrent que peu d’intérêt), mais ces trois personnages :
– L’héroïne est forte et volontaire. Anne Stuart insiste plusieurs fois sur le fait que Emma est grande et solide. On l’admire pour ce qu’elle a enduré mais aussi d’en être sortie encore plus indomptable, et cela transparaît rien qu’en observant son physique. S’ajoute le cliché de la couleur des cheveux… c’est une rousse flamboyante. Heureusement, pour éviter une caricature certaine, sa sensibilité, sa douceur, sa gentillesse et l’amour qu’elle va éprouver pour James, et qui la fragilise vont nuancer sa personnalité.
– Nathaniel représente, lui, ce qui pourrait être un futur héros dans une romance classique. Il est chevaleresque, bon… presque parfait. Il méprise James et le lui montre avec courage. Toutefois, et c’est une des grandes qualités du roman, si les agissements du comte lui font trouver la force de résister avec ce qu’il y a de meilleur en lui, il va découvrir malgré lui les moins bons aspects de sa personnalité, dont il ne soupçonnait certainement pas l’existence. S’ajoute le fait que ce qu’il y a d’admirable en Nathaniel va insidieusement s’insinuer dans les pensées de James, enrichissant la profondeur de leurs deux caractères.
– Lady Barbara ne voit aucun inconvénient à se présenter elle-même comme une prostituée de luxe. Elle aime s’étourdir avec des bijoux précieux et de beaux vêtements, tout en menant une existence de plaisirs faciles. Se considérant elle-même comme le pendant au féminin du comte, la jeune femme participe cyniquement aux petits jeux de James, tout en orchestrant ses propres amusements. Toutefois, derrière sa façade de femme fatale s’offrant à tous ceux qui peuvent financièrement se le permettre, Barbara est beaucoup plus complexe et attachante qu’elle ne le laisse entrevoir. C’est lorsqu’elle va se découvrir à travers les yeux de Nathaniel, que sa véritable personnalité va refaire surface, dévoilant ses propres traumatismes.
L’originalité de ce roman tient dans la qualité et l’intensité des scènes qui se déroulent entre les quatre personnages, tout au long du récit. Habituée au huis-clos étouffant du couple de héros, récurrent dans tous les livres de Anne Stuart, j’ai été étonnée et séduite par ce passionnant quatuor, aux réactions d’écorchés vifs ou la sensibilité de chacun est révélée tour à tour par celui qui l’affronte. Si mon enthousiasme a été un petit peu tempéré par un épilogue très convenu (comment croire qu’un caractère diabolique se transforme en agneau bêlant…), ce n’est qu’un détail. Voici une histoire qui m’a réconciliée avec les romances historiques !
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 409
Editeur : Avon Books
Genre : romanque historique
Sortie : décembre 1994
Langue : anglais
Prix : épuisé (voir sur les sites de ventes d’occasion)