Rancune tenace – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Une femme sans cervelle, futile et snob ! « . Décidément, l’agent fédéral Harry O’Dell a une piètre opinion de celle qu’il doit protéger. Alessandra Lamont est certes très belle – subliment belle !-, mais elle n’est pas son genre. De surcroît, elle est la veuve d’un lieutenant de la mafia. N’empêche qu’il doit désormais passer 24 heures sur 24 avec cette femme qui, à son insu, sert d’appât au FBI. Au fil des jours pourtant, le mépris de Harry s’émousse. Alessandra se révèle plus courageuse et débrouillarde qu’il ne l’aurait cru. Malgré lui, il est touché par sa combativité. Et c’est avec une crainte grandissante qu’il voit se refermer sur la jeune femme le piège inexorable sont il est lui-même l’instigateur…

Avis de Marnie :

Très bonne surprise que ce «bodyguard» (meilleur titre anglais que le Rancune tenace qui n’a aucun sens lorsqu’on réfléchit au dénouement !) et ce pour plusieurs raisons.

Si l’héroïne est assez conventionnelle, superbe blonde pas si sotte que cela (et là, on nous refait le coup de Oeil pour oeil de Linda Howard…) qui va soudain montrer qu’elle est bien plus futée qu’elle n’en a l’air, Harry, lui, sort vraiment de l’ordinaire. Au lieu du beau ténébreux, ou du viking aux muscles d’acier ou encore d’une copie conforme d’un men in black, ce héros est un parfait… anti-héros, et là c’est un coup de maître : physique quelconque, vêtu comme l’as de pique, paranoïaque et suicidaire à l’humour noir et de mauvais goût, il a tout pour ne pas faire rêver. Mais nous le découvrons à travers les yeux d’Alessandra, qui va assez rapidement tomber sous son charme, parce que sous ses dehors qui peuvent rebuter n’importe qui, c’est un homme attendrissant et émouvant qui va peu à peu se révéler.

Deuxième point original : Suzanne Brockmann a créé une vraie complexité en décrivant ses personnages secondaires, que ce soit le fils de Harry, écorché vif devant assumer ses choix, ou encore le trio George, Nicole (son ex-femme) et Kim (sa maîtresse) évoluant parallèlement, dans une tragique histoire dont l’issue est pour ainsi dire annoncée. Chacun a une personnalité bien à part, des qualités et des défauts, des forces et des faiblesses et donc un côté humain plus qu’intéressant, ce qui est tout de même assez rare pour des personnages censés seulement étoffer l’intrigue autour des deux héros. En fait, le second homme, George, le partenaire et ami de Harry, a tout, lui, pour être un véritable héros classique, mais, l’auteur fait le choix de nous raconter seulement une partie de son histoire, en arrière plan, récit qui restera en quelque sorte inachevé. Est-ce pour nous offrir un autre livre où il aurait le premier rôle ? Il faut l’espérer.

Dernier point appréciable : les dialogues familiers. Pourtant bien écrit dans la narration, les personnages parlent « comme tout le monde », ils peuvent être grossiers et vulgaires, ce qui les rend vraiment humains. Les échanges sont vifs, pleins d’humour, de tristesse, d’inquiétude et de colère. L’évolution de leurs sentiments et leurs réflexions intérieures sont longuement évoquées, ce qui, là encore, contribue à nous les rendre proches, émouvants et passionnants.

Je regrette seulement ce que j’appellerai une fin un peu bâclée. Le dernier chapitre coupe court soudain à cette longue réflexion qui en faisait tout le sel. Cela laisse un goût d’inachevé, et aussi malheureusement de déception. En fait, l’histoire se finit avec la résolution de l’enquête, même si un épilogue style quelques années plus tard est offert au lecteur, à la va vite… et le rythme est trop soudainement cassé.

Mais il faut pas bouder pour autant son plaisir. Ce Bodyguard est une réussite tant l’attention du lecteur est retenue tout au long du récit, et l’histoire sentimentale est un vrai cadeau, après tout, c’est exactement ce que j’attendais !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 312
Editeur : J’ai Lu
Sortie : 29 août 2006
Collection : J’ai lu suspense
Prix : 6,40 €