Celle qui avait peur d’aimer – Avis +

Présentation de l’éditeur

Attendre deux jours les pièces nécessaires à la réparation de son tracteur avait mis Ryan Kendrick hors de lui. À Cristal Falls, les neiges tardives réduisent le temps des semailles et perdre quarante-huit heures entraînerait un manque à gagner considérable. De sorte que rencontrer, ce jour-là, la femme de ses rêves était bien la dernière chose à laquelle il s’attendait. Elle pianotait sur son ordinateur, concentrée, derrière le comptoir des pièces de rechange du plus grand magasin d’accessoires mécaniques de la ville.

– Ça ne vous dérangerait pas trop de m’aider ? jeta Ryan d’un ton acerbe, au bout d’un moment. Elle releva la tête et Ryan se figea. Elle avait un visage en forme de cœur, une bouche tendre, des taches de rousseur et les plus beaux yeux bleus qu’il ait jamais vus. D’un bleu qui lui rappela les violettes qui poussaient dans les prés du ranch. Et elle était assise dans un fauteuil roulant…

Avis de Marnie

Emouvant, oui. Larmoyant, non. Catherine Anderson a réussi à éviter le pièce du sentimentalisme facile et du mélo pleurnichard pour mettre en scène deux héros, pleins de contradictions, lancés dans une aventure dont, tout d’abord, ils ne veulent pas, pour aboutir peu à peu, par petites touches, à la découverte de l’autre et de soi-même.

Le premier talent de cet auteur, pour chacun de ses romans, c’est de rendre ses héros attachants, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs certitudes et leurs doutes, et plus généralement leurs défauts et leurs qualités, ce qui ressort est surtout le courage dans l’adversité. Ryan et Bethany sont certainement ses héros les plus réussis. Tous deux sont différents, se rencontrent “simplement”, et apprennent à se connaître et se comprendre tout en n’évitant pas les malentendus qui se dressent soudain entre eux, à cause de problèmes de communication.

Mais le plus original, dans cette histoire, c’est le handicap de cette héroïne qui ne subira pas à la fin du récit une opération miracle qui lui fera retrouver l’usage de ses jambes. Bethany est hémiplégique, et sont racontées soudain d’une façon tout à fait réaliste, toutes ses épreuves journalières, que ce soit d’un point de vue social, financier, ou encore liées à sa vie affective et sexuelle. C’est une jeune femme qui ignore jusqu’ou elle peut aller, ce qu’elle va ressentir, et tente de surmonter, heure après heure, les difficultés petites ou éprouvantes, qui se présentent. Ryan, lui, va devoir apprendre à considérer la femme dont il est tombé amoureux non comme une personne à protéger à tout prix, mais comme un être humain qui ressemble aux autres et dont il faut respecter les choix. N’oublions pas les familles des deux héros, supportant eux-aussi ces épreuves avec courage, tout en tombant eux-mêmes à certains moments dans le piège de la culpabilité de celui qui est « normal » face à une personne dans un fauteuil roulant.

C’est vraiment le point fort de ce livre. En fait, il perd ce côté romanesque et sentimental pour prendre un ton éducatif, réaliste mais heureusement non didactique. Très bien écrit, avec certains moments humoristiques, le ton est sensible (sans sensiblerie), le style harmonieux et alerte. Catherine Anderson est célèbre pour mettre en scène des héroïnes bancales, ce qui peut faire sourire, mais en fait, c’est un auteur extrêmement doué en ce qui concerne l’introspection des être humains dits «différents».

Ce roman appartient à la catégorie trop rare des livres lus et relus et qui restent ad vida eternam dans les bibliothèques de ceux qui aiment les romans sentimentaux.

Fiche Technique

Format : poche

Pages : 348

Sortie : 9 septembre 2002

Editeur : J’ai lu

Collection : J’ai lu Amour & Destin

Prix : 6,40 €

(actuellement épuisé, mais à découvrir sur des sites de vente d’occasion)