Rize est le pendant réaliste et crédible d’une autre grande réussite sortie en salle dernièrement : Collision. Le racisme omniprésent dans la fiction y est car confrontée aux différences (ethnicité, rang social, etc.). Dans le documentaire de David LaChapelle, il est à la base du mouvement (les émeutes de Los Angeles) avec la misère et la pauvreté.
Tommy le clown est un afro-américain de Los Angeles qui sort de prison après être tombé pour trafic de drogues. Il repart de zéro car Dieu lui a donné une seconde chance qu’il ne veut pas gâcher. C’est un born-again christian, c’est à dire un chrétien sans aucune dénomination mais né-de-nouveau (Jean 3/3)*. Il fait le clown dans les goûters d’anniversaire (typiquement blanc-américain, avec le poney en prime pour les plus riches) pour apporter la joie et l’espoir dans le « Hood », l’ensemble des quartiers mal-famés de Los Angeles peuplés des minorités noires et latines. Il recycle le hip-hop et le break-dance dans une dance qui sera ensuite baptisée Krump, pour faire vibrer son assistance, de plus en plus fournie. Son but est de sortir les gamins des gangs et de créer un mouvement pacifiste mais qui ne nie pas la violence en chacun des jeunes. Il donne une alternative à cette génération condamnée d’avance. Ils peuvent porter où les couleurs d’un gang ou se grimer en clown, choisir ou la vie ou la mort.
Là où le mouvement initié par Tommy le Clown a des chances de perdurer c’est qu’il n’est pas dans le carcan de la religion ou de la répression morale comme l’ont été les autres religions par exemple (les blacks muslims, les fondamentalistes chrétiens), le durcissement des lois (au bout de la troisième récidive, c’est la prison à vie pour n’importe quel délit criminel) sans nier la nature humaine. Si Dieu il y a, c’est dans le coeur. L’excitation extatique que produit les mouvements ultra-rapides du Krump équivaut à un bon shoot et finissent par remplacer le besoin de s’envoyer en l’air à l’aide de substance chimique.
On est étonné également de voir que si la violence est présente dans les mouvements, les gestures et la chorégraphie, elle est accompagnée du respect de l’autre. C’est pratiquement impossible. Pourtant, lorsque les battles (sorte de compétitions où deux personnes s’affrontent à coup de Krump) font affronter un homme une femme, on n’y trouve pas l’attitude sexiste par exemple du rap ou les regards graveleux habituels. De plus, les petits, les gros, les obèses ont leur catégorie et ne sont ici pas marginalisés. Le sexe est ici un besoin humain et non pas un moyen d’oppression. Il est absent des battles par égard pour les plus jeunes. Et si les mouvements saccadés du bassin sont proches de ceux des filles du rap, ils sont ici drôlement absent de concupiscence.
On ne trouve pas que des saints, mais une vrai liberté de choix. Après avoir suivi Tommy le Clown beaucoup ont décidé de créer leur propre mouvement car il n’est ni aisé, ni sain, de faire sien le rêve de quelqu’un d’autre. Tommy c’est sûrement senti trahi, abandonné, laisé, mais il reste optimiste et son noyaux dur le soutien avec fidélité.
Un principe de foi sans religion obligatoire avec l’acceptation de la violence, du sexe mais sans la valorisation d’aucune domination, est exceptionnellement rare. Elle vaut la peine que vous le découvriez
Le film se termine sur les minorités qui « krumpent » : les rize Tracks (des jeunes asiatiques très fiers de krumper et fort de l’acceptation des premiers krimpeurs) et un « caucasien » (un blanc) qui revendique également Dieu (qui n’est pas le Dieu d’une couleur mais du coeur) et aussi une tolérance qui a semblé plus difficile à obtenir car il s’est directement intégré à un groupe entièrement noir.
*Born again : il s’agit d’une rencontre personnelle avec Dieu, au delà de toute considération, avec Jésus, le Dieu de la Bible. Alors qu’il parlait avec Nicodème un pharisien de grand renom, il lui a dit « je te dis que si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ». S’il y a des BAC ( born-again christian) partout, dans tous les pays, toutes les religions, aux États-Unis, il s’agit d’un mouvement humain connus et reconnus. Vous entendrez ce mot (born-again) dans de nombreux films et séries TV, en VO. Par exemple, La petite maison dans la prairie, Les Blues brothers, etc ou des acteurs qui se réclame d’être « né de nouveau » comme : ici. Cela n’implique pas qu’un Homme est meilleur, mais qu’il peut devenir meilleur s’il accepte que Dieu l’aide.