Scientifiction, Blake et Mortimer – Avis +

Présentation officielle

Destinée à un large public, l’exposition offre de multiples explications, modes d’emploi, archives et citations. Entre illusion, jeu d’échelle et de lumière, le visiteur est propulsé dans un décor d’«  opéra de papier  » où science et fiction se jouent de l’espace et du temps. Il s’agit de la première exposition publique d’une sélection de plus d’une centaine de planches originales d’Edgar P. Jacobs préservées par la Fondation Roi Baudoin.

En octobre 2019, l’intégralité des planches présentées sera renouvelée, proposant ainsi une deuxième lecture de l’exposition.

Pour des raisons techniques, et à partir du mardi 23 juillet, l’exposition Scientifiction, Blake et Mortimer au musée des Arts et Métiers est temporairement fermée au public. Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée et nous vous tiendrons informés de la date de sa réouverture.

Avis de Hirone

L’exposition ScientiFiction au musée des Arts et Métiers de Paris se déroule en deux parties. Du 26 juin au 30 septembre une soixantaine de planches sont exposées au côté de machines et objets appartenant au musée. Puis, ces planches seront intégralement renouvelées à partir du 3 octobre jusqu’au 5 janvier 2020. Les planches originales de Blake et Mortimer proviennent du Fond Jacobs détenu maintenant par la fondation Roi Baudoin de Bruxelles. Il a d’ailleurs été précisé avec humour qu’aucune planche volée ou de collectionneurs ne se trouve dans l’exposition[[Affaire des planches originales volées qui a explosé en 2018]].

L’exposition qu’on s’apprête à découvrir est destinée à montrer l’œuvre de Jacobs sous un nouvel angle, les deux commissaires ont bien conscience que beaucoup de choses ont été dites sur la bande dessinée, il fallait donc trouver un moyen de mettre en valeur les planches inédites tout en évitant une simple répétition. Nous n’avons pas une monographie ordinaire, Jacobs est un auteur qui va au-delà de Blake et Mortimer, c’est un précurseur, un créateur. Comme nous le présente la première pièce, il est né au début du XXe siècle et a d’abord commencé par nourrir sa passion pour le dessin et la scène avec le dessin de publicité. Ce travail alimentaire l’a amené ensuite à faire des œuvres pour le théâtre italien de la comedia del arte. Malheureusement, la seconde guerre mondiale a poussé le théâtre à se séparer de ses collaborateurs étrangers, dont lui.

Il reviendra dans le dessin par le magazine Bravo et sa reprise de la série Flash Gordon, puis il travaillera avec Hergé et mettra Tintin en couleur. Enfin, dès le premier numéro du magazine Tintin en 1946, Blake et Mortimer va se mettre en place, et ça sera huit aventures que les fans pourront découvrir. Cependant, il ne faut pas croire que ScientiFiction, Blake et Mortimer est inaccessible pour les personnes néophytes de cet univers. En effet, le choix a été fait de ne pas se focaliser sur une aventure en particulier, les pages présentées ne sont pas dans un ordre chronologique ou de pagination, mais par thème.

Dans la salle principale, c’est une scénographie sous forme d’opéra de papier, les feuillets au plafond ondulent tout comme le son et les différentes sources de lumière. Où qu’on soit dans la pièce, on n’entend pas le même bruit, il y a un appel à nos sens. Ensuite, c’est sous l’égide des quatre éléments qu’on retrouve les planches et leur mise en relation avec des objets spécifiques appartenant au musée. Les 4 éléments sont présents dans toutes les histoires, ces derniers se déforment parfois pour agir sur les personnages de manière sauvage telle une colère divine. Le défoulement de cette nature permettait également à Jacobs de mettre en scène des images colorisées de manière originale et puissante servant de levier scénaristique aux personnages.

Comme on nous l’a rappelé, les objets ont été sélectionnés pour la fascination qu’ils peuvent exercer sur les personnes, et sur ces choix, les commissionnaires ont eu l’oeil juste. Les objets mis en valeur sont magnifiques et ils donnent envie de les voir sous toutes les coutures. On veut savoir à quoi ils ont servi et leur contexte. Les planches de Blake et Mortimer mises en relation avec ces objets ne sont d’ailleurs jamais en vis à vis avec eux afin que l’un n’écrase par l’autre, car le but n’est pas d’avoir une comparaison entre fiction et réalité, mais d’avoir un vrai dialogue.

Il est intéressant de voir les nuances dans les planches, les différents détails des étapes de la coloration et des cadrages. Mais aussi les anecdotes historiques qu’il peut également y avoir, notamment autour de l’espadon de la bande dessinée et d’un turbo générateur de bord Espadon présenté à l’exposition. Il y a des hommages, des échos, une volonté forte de coller à la réalité pour Jacobs. On se rend compte à quel point Blake et Mortimer est fondé sur des recherches, sur des inventions de son temps ou sur des objets qui pourraient potentiellement exister. C’est cela qui marque le génie d’Edgar P. Jacobs.

Cette exposition ScientiFiction est une belle réussite, car elle fascinera même les néophytes de cet univers. C’est une découverte d’objets mécaniques, techniques, d’objets anciens et magnifiques avec la touche du 9e Art qui donne une autre perspective et une histoire à ceux-ci.

Fiche technique

Adresse : Musée des Arts et Métiers – 60, rue Réaumur – Paris 75003

Date : du 26 juin 2019 au 5 janvier 2020

Horaires : du mardi au dimanche 10H-18H, nocturne le jeudi jusqu’à 21H30

La salle d’exposition temporaire est directement accessible depuis l’entrée du musée, cet espace est entièrement dédié à la présentation des expositions temporaires.

Tarifs : 9 € et 6,50 € (réduit) et 4 € pour les moins de 18 ans.

Site officiel