Quand la nuit devient jour – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

« On m’a demandé un jour de définir ma douleur. Je sais dire ce que je ressens lorsque je m’enfonce une épine dans le pied, décrire l’échauffement d’une brûlure, parler des nœuds dans mon estomac quand j ai trop mangé, de l’élancement lancinant d’une carie, mais je suis incapable d’expliquer ce qui me ronge de l’intérieur et qui me fait mal au-delà de toute souffrance que je connais déjà.
La dépression.

Avis d’Emilie

Voilà un livre que l’on referme avec un sentiment mitigé. Le thème, l’euthanasie, est sensible. Il est traité ici avec beaucoup de justesse, de délicatesse, et sans fausse pudeur. Servi par une écriture limpide et organisée, le récit bascule peu à peu du passé, où la narratrice racontait son enfance, au présent, alors qu’elle est internée volontairement avant de mourir.

De fait, un sentiment d’imminence s’insinue dans le texte, sans pour autant bousculer le lecteur. Avec un grand calme, Camille se dirige vers ses dernières heures, en s’inquiétant plus de ceux qui restent que d’elle-même, qui vit au contraire un véritable soulagement.

Toute la première partie du roman, c’est à dire l’aspect témoignage, est captivante. Camille dévoile sa prise de conscience qu’elle a un grave problème avec son corps. Elle ne comprend par ailleurs pas l’utilité de sa vie sur Terre, et voudrait disparaître. Ses tourments prennent vie dans des douleurs physiques : elle somatise.

Sa vie devient peu à peu impossible. Elle a trop mal, elle refuse de continuer à vivre alors même qu’elle sait que rien ne la guérira jamais. Ecrit à la première personne, le texte est bouleversant de justesse. Les parents de Camille sont des personnages particulièrement touchants, qu’on comprend, qu’on approuve même.

Toutefois, la fin du roman nous laisse dubitatifs. L’histoire d’amour de dernière minute est tout à fait improbable. On soupire à chaque nouvel élément qui vient se greffer au récit comme un cheveu sur la soupe. Qu’il est dommage d’avoir transformé ce si beau texte en histoire d’amour somme toute très banale mais surtout très invraisemblable… Camille a toute sa vie été solitaire, et avait une façon bien à elle de se raconter, de s’analyser. On perd cette profondeur dans le dernier tiers du roman.

Toutefois, ce texte reste un indispensable, qu’il faut lire. Qu’on soit contre ou pour l’euthanasie, il nous procure un début de réflexion du point de vue d’un patient. C’est précieux.

Fiche technique

Format : poche

Pages : 254

Éditeur : J’ai lu

Collection : Littérature générale

Sortie : 10 janvier 2018

Prix : 6,70 €