Petit guide du crime à l’usage des ladies – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Une femme peut-elle être journaliste en 1865 ? Certainement pas pour les bien-pensants, qui estiment qu’une dame ne doit être exposée ni à la vulgarité ni au vice. Katherine Bascomb n’a que faire des ragots et prend la direction de La Gazette de Londres. Au diable les commérages !

La jeune lady est une forte tête. D’ailleurs, sa rencontre avec l’inspecteur Eversham de la police métropolitaine est plutôt houleuse. Mais Katherine va rapidement s’imposer comme une alliée précieuse dans l’enquête criminelle qu’il mène. Et cet homme intègre au charme austère ne tarde pas à éveiller en elle une passion que nulle convention ne saurait brider…

Avis de Valérie

Katherine Bascomb est veuve, mais issue de la noblesse et ayant hérité de son mari la direction d’un journal, elle n’est pas à plaindre et d’ailleurs, elle ne s’apitoie pas sur son sort. Son statut lui permet de se promener dans les quartiers malfamés de la capitale anglaise, de prendre amant si le ‘coeur’ lui en dit, de dire ce qu’elle pense, et même de supplanter Scotland Yard qui piétine dans une enquête particulièrement retorse autour d’un tueur en série dans les rues de Londres.

Sauf que lady Katherine n’est pas en plein boum de la période industrielle qui a vu une certaine émancipation de la femme, mais à l’époque victorienne (1837 – 1901). Après la Régence où les femmes étaient plus libres socialement, le règne de Victoria voit leurs actions bridées et surveillées d’une manière rigide, avec une volonté puritaine de redresser les femmes. On n’imagine pas un seul instant qu’une femme jeune – même veuve – puisse diriger un empire de presse, être journaliste et empiéter sur les plates-bandes de la police.

Si certaines pouvaient prendre amant, elles perdaient le respect de leur cercle familial et social, cela pouvant mener à l’ostracisation totale, plus terrible qu’un coup de couteau. Nul noble ne pouvait survivre à Londres sans l’approbation de la Reine ou de ses pairs. Un autre détail, le terme de tueur en série, employé par l’auteur, est très récent (1970) et pas du tout adéquat à l’époque. Un peu comme si on utilisait le terme de string dans une description de vêtements.

Ce qui est dommage est que cette collection a publié des pépites et ce titre bourré d’anachronismes, de personnages absolument pas de leur temps déçoit. De plus, alors que mêler au badinage une intrigue criminelle avec de nombreux meurtres pouvait transformer ce premier essai de Manda Collins en réussite, l’intrigue est prévisible et ennuyeuse. Quel dommage !

Il existe de nombreux autres romans, mieux contextualisés, dans l’escarcelle de l’éditeur, pourquoi s’en priver. Peut vraiment mieux faire !

Fiche technique

Format : poche
Pages : 320
Éditeur ‏: ‎J’ai lu
Sortie : 3 novembre 2021
Prix : 7 €