Petit déjeuner avec Marc Levy

Autour d’un petit déjeuner au café des Editeurs (Odéon), nous avons pu rencontrer le romancier Marc Levy à l’occasion de son dernier roman Une autre idée du bonheur.

Il a choisi de se pencher sur une époque charnière des Etats-Unis, les années 70, qui ont coïncidé avec la protestation contre la guerre du Viêt Nam, la fin de la guerre froide, la lutte pour l’égalité des Noirs, bref un passage à l’âge adulte difficile pour une population bercée par un patriotisme aiguë. La France a également protesté en 68, mais le divorce d’avec l’autorité paternelle s’est beaucoup mieux passé !

Nombreux sont les séries ou films qui reprennent ces destins brisés de jeunes pensant qu’il suffisait de défiler jusqu’au Capitole pour montrer au président en place le désaveu du peuple. Car quelques activistes ont franchi un pas celui de l’action terroriste pouvant entraîner des morts, et c’est ce dont parle le dernier roman de Marc Levy, considéré comme le meilleur qu’il n’ai jamais écrit.

D’ailleurs, il l’avoue lui-même, il apprend encore le métier de romancier et s’il ressent une progression depuis le premier livre, il comprend qu’il lui manque encore certains atouts, comme par exemple écrire un bon roman chorale (c’est à dire à multiples personnages et donc qu’ils soient tous distincts, sans alourdir la trame et sans que le lecteur ait besoin de faire des aller-retours entre les pages).

Il ajoute que sa responsabilité par rapport aux lecteurs est de ne pas raconter la même chose à chaque fois. C’est pourquoi il change de genre chaque année même si bien sûr les fidèles lecteurs reconnaissent sa patte ! Il a comparé cela au travail d’acteur.

Avec un bon interprète, certains ne verront jamais qui est derrière le personnage car un bon acteur peut enfiler n’importe quel rôle alors que d’autres se servent de leur charisme pour atteindre l’émotionnel des spectateurs mais alors, c’est la vedette que l’on voit, pas le personnage de fiction.

Par respect pour ses lecteurs, il ne commence jamais à écrire tant qu’il n’a pas maturé son histoire. Etre romancier donne une grande liberté et cela se mérite par une fidélité aux lecteurs et une honnêteté sans failles. Il ne faut jamais mentir à son lecteur, l’induire en erreur sciemment par facilité c’est perdre sa confiance.

En ce qui concerne Une autre idée du bonheur, Marc Levy a choisi de mettre en avant le passé d’Agatha (celui d’activiste dans les années 70) car il veut laisser quelques choses de plus que le seul plaisir de lecture. Il souhaite que lorsqu’on termine son ouvrage, on puisse avoir appris quelque chose, s’être intéressé à un sujet auquel on ne pensait pas.

Marc Levy nous avoue avoir pris beaucoup de plaisir à écrire du point de vu féminin pour son dernier livre. Il y a quelque part un jeu de séduction qui se construit entre son personnage et lui-même. Relation qu’il n’éprouve pas lorsqu’il relate la trame par une voix masculine.

Il converse beaucoup avec ses lecteurs et il est étonné de voir que chacun a sa vision physique de ses héros sachant qu’il ne les décrit jamais. Par exemple, il ne voyait pas du tout Mark Ruffalo dans le rôle de Arthur mais malgré tout il l’a aimé et a adhéré. Il raconte que certains lecteurs se disputeraient presque en affirmant qu’il a décrit tel personnage alors que ce n’est pas le cas. Il donne le minimum d’information laissant à son lectorat la possibilité de développer son imaginaire.

Il a terminé sur des considérations politiques concernant le réveil des jeunesses européennes et également en nous informant qu’il travaillait au scénario de l’adaptation de son roman Si c’était à refaire. Ce n’est pas encore une pré-production, mais les fans peuvent se réjouir de cette bonne nouvelle !