Oeuvres : tome 1 – Avis +

Présentation de l’éditeur

Premier tome des œuvres complètes de Yasmina Khadra dans la nouvelle collection grand format Julliard, ce volume réunit cinq romans majeurs explorant la complexité des sociétés musulmanes, déchirées entre féodalisme et modernité.

Depuis plus de quinze ans, Yasmina Khadra explore inlassablement l’affrontement meurtrier entre l’Orient et l’Occident. Sans répit, il milite pour l’intelligence et le triomphe de l’humanisme. Le souffle romanesque qui traverse ses romans, son style plein de trouvailles linguistiques, où le français est sans cesse enrichi par la poésie et la culture arabes, donnent à son œuvre une dimension universelle.

Les Agneaux du seigneur (1998) :
Yasmina Khadra dresse le portrait d’une société algérienne dominée par le mal. Avec cette chronique imaginaire d’un paisible village de montagne, happé par l’engrenage meurtrier, on comprendra comment des garçons tranquilles deviennent des tueurs en série.

À quoi rêvent les loups (1999) :
À travers l’itinéraire de Naja, un personnage d’autant plus terrifiant qu’il est un jeune homme ordinaire que tout va pousser à devenir un intégriste islamiste et un monstre, Yasmina Khadra décrit avec un réalisme méticuleux l’évolution tragique et sanglante de la société algérienne depuis la fin des années 80.

Les Hirondelles de Kaboul (2002) :
Dans la capitale afghane de l’an 2000, alors que les talibans font régner sur le pays un régime atroce, quatre personnages survivent dans des conditions morales et matérielles abominables. La lapidation d’une femme va faire basculer le destin de tous les protagonistes dans la tragédie…

L’Attentat (2005) :
Amine, Israélien d’origine palestinienne, a toujours refusé de prendre parti dans le conflit qui déchire son pays. Jusqu’au jour où un kamikaze se fait exploser dans un restaurant de Tel Aviv. C’est à l’hôpital qu’il apprend la nouvelle : sa femme, dont il doit reconnaître le corps mutilé, est accusée d’être l’auteur de cet attentat.

Les Sirènes de Bagdad (2006) :
Un jeune Irakien, né dans un village au mode de vie archaïque, voit son père jeté dans la rue à demi nu par des GI. Sans repères ni ressources, miné par la honte, il devient une proie rêvée pour les Islamistes radicaux, et décide de se sacrifier pour la Cause. Une descente aux enfers dans le gouffre irakien.

Yasmina Khadra, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, est né en 1955 dans le Sahara algérien. Il est aujourd’hui l’une des plus importantes voix du monde arabe et un digne ambassadeur de la langue française. Ses romans sont traduits dans quarante langues.

Avis de Claire

Yasmina Khadra, auteur prolixe, voit enfin avec cette nouvelle édition son talent de grand conteur reconnu. Auteur incontournable de la place parisienne depuis quelques années déjà, cet auteur – algérien dans le cœur et dans l’âme – a su petit à petit imposer son univers, fait d’observation incisive du monde contemporain et d’amour de la langue française.

Le romancier raconte volontiers qu’il écrit depuis très longtemps, en français bien qu’arabophone, car il vit la langue française comme un mariage mixte qui se passe bien. Il ne renie pas pour autant son identité arabe et algérienne, j’écris en français, mais à certains moments, on entend les Algériens parler. J’ai essayé de mettre en relief toutes les particularités algériennes. L’auteur utilise souvent des mots du dialecte populaire algérien, des tournures de phrases propres à l’arabe et qu’il traduit mot à mot en français…cela donne une écriture à la fois dense, riche de sens et populaire…

Dans Les Agneaux du seigneur et A quoi rêvent les loups, nous sommes plongés de plein fouet dans l’horreur de la ‘décennie noire’ qui a ravagé l’Algérie dans les années 90, au plus fort du terrorisme. Yasmina Khadra démonte habilement la machinerie qui fait d’un innocent un terroriste, il ne prend pas parti, tout n’est pas noir ou blanc même si la complexité qui amène à l’indicible se délecte de chemins tortueux. Malgré le tragique des évènements, la langue propre à Yasmina Khadra donne au texte une fluidité savoureuse.

Dans L’Attentat, Les Hirondelles de Kaboul et Les Sirènes de Bagdad, l’auteur quitte l’Algérie pour s’interroger sur les conflits de guerre les plus récents, à savoir le problème palestinien, l’horreur du monde voulu par les Talibans afghans et les exactions de l’armée américaine en Irak. Réflexion sur le monde contemporain et ses travers, cette trilogie se revendique surtout comme une simple observation de notre monde.

L’auteur ne donne ni leçons ni morale, et bien que ses personnages soient toujours très attachants, on sent qu’il éprouve une vraie tendresse pour eux, il est sans concessions. L’humain sera toujours identique à l’Adam de la Création, voué à être parfait, il n’est que défauts, hésitations et faiblesses.

Quelques âmes lumineuses se détachent parfois du lot cependant, ce sont à chaque fois des personnages très réussis chez Yasmina Khadra. Malheureusement, les plus purs sont aussi ceux qui souffrent le plus. Ce sont eux les véritables héros, ils luttent, ils espèrent, mais ils ne gagnent pas forcément, tels des Sisyphe du monde moderne. La morale de l’histoire, si tant est qu’il y en ait une, serait qu’avec l’Homme, tout est toujours à recommencer.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 896
Editeur : Julliard
Sortie : 7 avril 2011
Prix : 29 €