Ma très chère grande sœur – Avis +

Présentation de l’éditeur

Au coeur de l’enfance de l’auteure brille le sourire de Bongsun. Maltraitée et affamée, Bongsun s’est réfugiée chez eux il y a des années. Pour autant, elle n’occupe pas une place égale à celle des autres enfants de la famille, elle reste une subalterne, une petite bonne. Mais pour Jjang-a, c’est sa très chère grande soeur, qui dort dans sa chambre, la porte sur son dos partout où elle va. Surtout, elle est une porte ouverte sur un monde différent, comme si on franchissait une ligne interdite.

Avis d’Emilie

Ce roman écrit à la première personne a tout de l’autobiographie. Pourtant, il s’agit bien d’un roman. Avec précision, méticulosité même, la romancière se remémore son enfance en Corée. On entre dans le récit par la grande soeur, Bogsun.

Un coup de téléphone apprend à Jjang-a, la narratrice, que sa sœur a disparu, sans doute avec un homme. Alors qu’elle a 50 ans, tout de même, plus personne ne pensait que ça lui arriverait encore. Car Bogsun est coutumière du fait : quand elle avait 15 ans elle disparaissait la nuit pour aller voir les garçons, puis a eu plusieurs enfants illégitimes au cours de sa vie. Cette disparition est l’occasion pour Jjang-a de se souvenir de la Bogsun qui l’a élevée.

Fille cadette d’une mère indifférente et d’un père absent, Jjang-a a toujours vu en Bogsun une grande soeur, alors même que celle-ci n’est qu’une gamine recueillie pour en faire une bonne à tout faire pas chère. L’enfant va trouver en la dynamique Bogsun toute l’affection qui lui est refusée autrement.

Mais Bogsun grandit, devient adolescente, et ses préoccupations changent. Elle délaisse Jjang-a, qui vit très mal cette nouvelle solitude. Enfant précoce douée d’une sublime capacité d’analyse, elle observe les changements de son aînée, qui lui font miroiter un monde dont elle ne sait rien, mais qu’elle découvre au fil des traumatismes de la vie.

Avec beaucoup de tendresse, et en même temps un certain détachement qui donne un ton curieux, on plonge dans la vie d’une famille coréenne, corps et âme. On se sent immédiatement très proche de Jjang-a et Bogsun, qui garde le sourire quoi qu’il arrive. Le mode de vie des personnages, pourtant si éloigné du nôtre, n’empêche pas de nous identifier à eux. Humanisme et pudeur sont les valeurs de ce très beau roman.

On regrette juste que l’autrice s’attarde longtemps sur la grande jeunesse de Jjang-a (de ses 3 à 6 ans), alors qu’on aurait aimé en savoir plus sur son adolescence.

Fiche technique

Format : broché

Pages : 192

Éditeur : Philippe Picquier

Collection : Grand formar

Sortie : 4 janvier 2018

Prix : 18,50 €