Les bienfaits de la mort – Avis +

Présentation de l’éditeur

Deux jeunes prostituées sont retrouvées sauvagement assassinées dans une maison close de Londres. Dans la main de l’une des victimes, un morceau de papier sur lequel est inscrite une énigmatique citation biblique. Quelques jours plus tard, un cadavre est volé dans un cimetière de la capitale. L’inspecteur Decimus Webb de Scotland Yard suspecte rapidement un lien entre ces deux macabres affaires. Si Webb connaît par cœur les dédales crasseux et les maisons cossues de la capitale britannique, il est aussi aguerri aux turpitudes de l’âme humaine. Ses investigations vont bientôt le mener jusqu’à un honorable homme d’affaires et bon père de famille, Jasper Woodrow. Au cœur des faux-semblants de la société victorienne, Webb devra user de sa légendaire perspicacité s’il veut empêcher un nouveau meurtre…

Avis de Marnie

Si la deuxième enquête policière de l’inspecteur Decimus Webb de Scotland Yard est de facture plus que classique, nous ne sommes pourtant pas déçus du traitement infligé par Lee Jackson, qui possède décidément le talent de dépeindre en quelques lignes la société victorienne. La bonne idée, ici, c’est de la dessiner à travers le regard critique d’une jeune américaine de Boston, venue visiter le vieux monde et qui tente de s’adapter aux mœurs et coutumes de la bourgeoisie londonienne.

Si en fait, faute de suspects, nous devinons assez facilement l’identité de l’assassin, ses motivations resteront jusqu’aux deux derniers chapitres, nébuleuses. Tout semble démarrer comme une énième variation de Jack l’Eventreur, impression renforcée par l’époque et les victimes. Cependant, l’auteur nous fait pénétrer dans une demeure assez cossue d’un riche quartier de Londres, où l’on accueille avec plus ou moins de faste, la riche jeune cousine d’Amérique.

Jasper Woodrow, respectable entrepreneur d’objets funéraires, marié à une bourgeoise languissante et dépensière, et père d’une fillette dite fragile, va devenir le point central de l’affaire, tous les indices le désignant. C’est bien évidemment le comportement hypocrite fait d’apparente respectabilité qui est pointé du doigt. Notre Bostonienne, journaliste à ses heures, ne sera pas comprise par sa cousine, bourgeoise passive, superficielle à cause de son éducation, pour qui le mariage est la solution de tous les maux des femmes de sa condition. Mais en voulant faire éclater la vérité et secouer le joug de cette classe sociale cloisonnée et intolérante, la jeune femme va déclencher des évènements inattendus.

Ce n’est bien évidemment pas l’intrigue, pourtant maîtrisée et bien pensée qui retient toute notre attention, mais le comportement de tous ces personnages dont les réactions très ancrées dans leur époque, nous prouvent une fois de plus que Lee Jackson sait décrire la société victorienne avec ses traditions, ses clichés, mais aussi ses aspects plus cruels. Ainsi, il suffit d’une scène pour que la franchise de la jeune américaine plonge la femme de chambre dans l’embarras, la domestique se révélant plus à cheval sur les principes que sa maîtresse, ou encore qu’elle soit évaluée dans une conversation entre hommes, de la seule manière possible, la dot qu’elle apportera à son futur époux… alors que Lee Jackson nous transporte au détour de certains quartiers où la misère règne victime du progrès mais bien loin de la révolution industrielle qui transforme peu à peu le visage de Londres.

Comme toujours, Lee Jackson sait nous rendre cette atmosphère passionnante, grâce à son écriture façon cockney, très haute en couleurs, s’attardant sur le visuel, les odeurs et l’aspect grouillant de cette société en marche. C’est avec plaisir que nous découvrons que le roman policier historique a encore de beaux jours devant lui !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 346
Editeur : 10/18
Collection : Grands detectives
Sortie : 21 mars 2007
Prix : 7,90 €