Le passage – Avis +

Présentation de l’éditeur

À son père, écrivain, qui lui demandait quel livre elle aimerait lire, la jeune Iris Cronin répondit : « L’histoire d’une fille qui sauve le monde. » Ainsi germa dans l’esprit de Justin Cronin l’intrigue du Passage, la fascinante épopée qui a créé l’événement l’été dernier dans les pays anglo-saxons.

À mille lieues des histoires de vampires pour adolescents, Justin Cronin, sortant du cadre purement littéraire de ses romans précédents, nous présente des monstres à glacer les sangs, et la description saisissante d’une Amérique post-apocalyptique.

Années 2010.

Dans le Tennessee, Amy, une enfant abandonnée de six ans est recueillie dans un couvent… Dans la jungle bolivienne, l’armée américaine recherche les membres d’une expédition atteints d’un mystérieux virus… Au Texas, deux agents du FBI persuadent un condamné à mort de contribuer à une expérience scientifique gouvernementale. Lui et les autres condamnés à la peine capitale participant au projet mutent et développent une force physique extraordinaire. Les deux agents du FBI sont alors chargés d’enlever une enfant – Amy. Peu après que le virus a été inoculé à cette dernière, les mutants attaquent le centre de recherches.

Près d’un siècle plus tard. Une communauté a survécu à l’apocalypse causée par l’attaque des viruls, ainsi qu’ont été baptisés les mutants. Une adolescente la rejoint bientôt. Une puce électronique implantée sous sa peau révèle qu’il s’agit d’Amy, âgée désormais de plus de cent ans mais qui en paraît à peine quatorze… L’aventure ne fait que commencer.

Avis d’Enora

Lorsque l’histoire commence, l’armée américaine est à la recherche d’un virus en Bolivie. Avec l’aide de scientifiques ils vont l’inoculer à douze condamnés à mort, récupérés par deux agents du FBI à travers l’Amérique, afin de constituer un groupe de combattants de choc. Malheureusement la situation va vite déraper et leur échapper, les douze mutants se révélant plus dangereux que prévu. Mais avant le chaos, ils ont aussi enlevé Amy, une petite orpheline, élevée dans un couvent, faisant d’elle une personne à part, la Fille de nulle part, celle qui vint en marchant, la première, la dernière et la seule et qui vécut mille ans.

Un siècle plus tard, nous retrouvons un monde post-apocalyptique ou les derniers humains survivants se regroupent en communauté pour se défendre dans une guerre sans merci contre les douze lignées de viruls. Avec Amy sur laquelle repose l’avenir de l’humanité, un petit groupe va essayer de remonter à la source du problème afin de sauver le monde…

Autant le dire tout net, ce livre est passionnant et les 967 pages se dévorent avec enthousiasme, tant le rythme est enlevé et la prose élégante. Justin Cronin crée un monde tout à fait convaincant et original tout en multipliant les clins d’œil à d’autres maitres du genre ainsi qu’à de nombreuses légendes et même à un certain nombre de références de l’ancien testament. Il part du postulat que les mythes reposent sur une base biologique et que le vampirisme a de tout temps côtoyé l’humanité sous diverses formes.

L’auteur a mis trois ans à écrire ce roman et tout y est parfaitement analysé que ce soit la psychologie des personnages, les détails de mécanique ou les données scientifiques. Par exemple, utiliser le thymus, cette glande qui de nos jours reste encore mystérieuse dans son rôle immunitaire mais qui selon Galien était le lieu de l’âme – d’où son étymologie de thymos/émotion- est particulièrement intéressant. En effet dans un contexte de guerre – thème assez récurrent chez Cronin- on cherche à déshumaniser l’adversaire, et ici les viruls gardent une parcelle de leur humanité originelle. Aucun manichéisme chez ses personnages qui ont tous leur part de contradiction et de secret et déclinent tous la gamme complète des émotions. Ce sont les choix qu’ils font qui vont les révéler.

En refermant l’ouvrage, le lecteur sera peut-être surpris du coté abrupt de la fin car ce n’est que le premier tome d’une trilogie dont le second volume doit sortir en anglais en 2012. Mais dans cette attente on pourra se replonger dans ce roman qui fait partie des œuvres si denses et si foisonnantes que chaque relecture permet de découvrir un nouveau détail négligé ou oublié.

Encore une chose, ce livre n’est pas réservé aux aficionados de SF, si vous aimez les romans bien écrits, bien construits, qui vous transportent à cent lieues de votre quotidien, précipitez-vous, ce livre est fait pour vous !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 966
Editeur : Robert Laffont
Sortie : 17 mars 2011
Prix : 22,90 €