Le monde de Narnia – Avis +

Résumé

Quatre enfants doivent fuir Londres bombardée par les Allemands. Ils se réfugient à la campagne dans un manoir habité par un vieux professeur énigmatique et sa gouvernante. Lors d’une partie de cache-cache, la plus petite de la fratrie, Lucy, découvre un passage vers un monde merveilleux envahit par le froid et la neige…

Avis de Valérie

Encore l’adaptation d’une saga-fleuve d’un anglo-saxon avec des relents fantastico-magique. C’est un peu comme cela que l’on attendait ce énième film du genre. Après que Peter Jackson eut ouvert le chemin (et où il nous a tout de même un peu perdu) Andrew Adamson nous plonge dans un monde onirique et merveilleux pour le prix d’une place de cinéma avec, peut-être, encore plus de félicité que le talentueux Hobbit.

Première surprise ce long métrage ne fait que 2H20 ! Temps brillamment maîtrisé et occupé par le réalisateur de Shrek 1 et 2.

Si l’histoire est conforme à l’oeuvre de C.S. Lewis, l’esprit l’est aussi. Le récit se déroule d’une manière fine et spirituelle. Andrew Adamson ayant travaillé auparavant sur les effets spéciaux de nombreux films, il apporte ici sa compétence et son savoir-faire. Mais chose que l’on n’attendait pas, il obtient des acteurs souvent débutants énormément de talent et de maîtrise. Véritable peintre, il se sert des émotions et du professionnalisme de chaque protagoniste pour créer une émotion vraie qu’il ajoute aux divers tableaux. Il a également dominé le montage et le fil de l’ouvrage pour nous donner une pellicule sans temps mort. Alors qu’un journaliste lui demandait si le passage des créatures en 3D aux créatures vivantes avait été difficile, il répond que non, que cela avait été beaucoup plus facile que prévu. Demander à un acteur de cligner l’oeil d’une certaine manière était beaucoup plus facile et rapide à obtenir que lorsqu’il fallait le faire calculer par des super-ordinateurs sur plusieurs jours ! Ce vrai maniaque de l’image a réussi à transposer tous ses rêves sur le grand écran, sans omettre la magie qui régnait dans ses yeux d’enfant.

Le talent n’est pas servi d’un seul côté de la caméra. Tilda Swinton donne à son rôle sa beauté glaciale et androgyne. Déjà remarquée dans Constantine (elle incarnait l’ange Gabriel), elle fait ici une prestation exceptionnelle, dans ce rôle de méchante absolue. Elle a la grâce et la beauté qu’on aurait prêtées à la Reine des Neiges de Hans Christian Andersen. Chez les enfants, c’est Lucy la petite fille qui remporte nos suffrages. Elle est étonnante de fraîcheur, de douceur, d’émotions et arrive à nous livrer une interprétation digne d’une actrice chevronnée alors que c’est son tout premier rôle. A à peine 10 ans, Georgie Heinley nous a donné beaucoup de bonheur, merci ! Dernière interprétation remarquable, celle du faune « Monsieur Tumnus » joué par James McAvoy. La première rencontre avec la petite Lucy est splendide. Leur deux visages doux et sans malice nous font passer beaucoup d’amour et de chaleur humaine.

Le bestiaire fantastique est généreux et l’on n’a pas souvenir d’avoir vu un ensemble aussi homogène que ce soit chez les animaux mythiques (licorne, phénix, centaure, faune) ou parmi les méchants (troll, nain, géant, Minotaure, cyclope, etc.). Le lion Aslan (ainsi que les marmottes, les ours et autres) est magnifique. Son poil et sa crinière sont si bien animés et rendus que l’on ne voit pas de différence avec un véritable félin.

La nature merveilleuse de la Nouvelle-Zélande est de nouveau mise en valeur et l’on se prend à rêver qu’il existe un vrai paradis terrestre dans cette partie de notre planète. La bande-son excelle à mettre en valeur les images : une coloration celtique, des voix aériennes et féeriques aboutissent cette oeuvre.

C.S. Lewis était chrétien et théologien et son oeuvre est l’expression de sa foi. Certains y voient en cela un a priori négatif. Ce qui est bien dommage car contrairement à l’oeuvre d’un Mel Gibson qui souhaite nous montrer a tout prix l’horreur, la souffrance la peine, la douleur, la torture, l’humiliation et j’en passe, ici on comprend la substance de l’amour de Dieu : son sacrifice à la place du traître pour le sauver et pour vaincre la mort. Si vous êtes réfractaire à toute forme de croyance, ne vous inquiétez pas, ce conte se laisse voir, surtout en cette période de fin d’année, sans que votre esprit soit soumis à aucune pression.

Profitez des vacances pour ne pas rater l’un des plus beaux films de l’année, si ce n’est pas le plus beau. Laissez-vous porter par la simplicité de l’histoire, ses divers niveaux de compréhension, sa beauté graphique et l’ingéniosité que dégage chaque image.

Fiche Technique

Sortie : 21 décembre 2005