Le Grand Hôtel Babylon – Avis +

Présentation officielle

La fille du magnat américain Theodore Racksole veut un steak et une bière, mais un palace d’un si haut standing que le Grand Hôtel Babylon ne saurait s’abaisser à des mets aussi vulgaires. Qu’à cela ne tienne : Racksole rachète donc l’hôtel.

Mais le milliardaire ne s’attendait pas à ce que la gestion hôtelière soit semée de tant d’embûches : la réceptionniste disparaît, le maître d’hôtel démissionne, un jeune diplomate est trouvé mort et son corps est subtilisé. Et que devient donc le prince Eugène, qui devait descendre au Grand Hôtel Babylon et dont personne n’a de nouvelles ? Les énigmes s’accumulent et des machinations internationales semblent s’ourdir dans les corridors chics du palace.

Avis d’Artémis

Pour apprécier ce roman à sa juste valeur, il faut tout d’abord le replacer dans son contexte. En effet, Arnold Bennett est un romancier et journaliste britannique né en 1867 et son Grand Hôtel Babylon a été publié en 1902. Cet aspect avant-guerre marque le ton, l’ambiance et le contexte. Ainsi, le livre a un côté un peu désuet, mais tout à fait charmant et Bennett a un humour très anglais.

Ce ton amusant et absurde se concentre sur le personnage de l’Américain Theodore Racksole, un milliardaire de passage avec sa fille dans le palace anglais Grand Hôtel Babylon. Tout commence alors que M. Racksole commande un cocktail Angel Kiss. Jules, le maître d’hôtel, au lieu de chercher à satisfaire le riche client, s’indigne de cette impudence ! « S’il s’agit d’un breuvage américain, je crains que nous n’en ayons pas ici, Monsieur », ose-t-il répondre. Mais hors de question que le milliardaire se fasse marcher sur les pieds, et il insiste avec bonhomie, allant jusqu’à indiquer comment préparer le breuvage.

Evidemment, quand sa fille, pour son anniversaire, commande un bifteck et de la bière au même Jules, cela se passe à peu près de la même manière, et le chef, un Italien du nom de Mr Rocco, refuse de les servir. Ne reste alors qu’une solution à Theodore Racksole, dans sa logique bien à lui : il va racheter le palace à son fondateur, Félix Babylon, pour obtenir son plat.

L’affaire est conclue avec une rapidité confondante. Mais M. Babylon l’avertit : « Ne percevez-vous pas que le toit qui abrite habituellement toute la puissance, toute l’autorité du monde doit aussi nécessairement abriter d’innombrables et innommables conspirateurs, intrigants, malfaiteurs et autres fauteurs de troubles ? (…) » Et en effet, des choses bien étranges se déroulent au Grand Hôtel…

On y croise de riches aristocrates et des familles royales désargentées, des diplomates et des filous, et beaucoup de faux-semblants. Racksole se retrouve face à un assassinat, des disparitions plus ou moins volontaires, une tentative d’attentat, entre autres ! Présenté comme une comédie policière, on y suit en effet un mystère que les personnages principaux vont tenter d’éclaircir. Toutefois, on reste dans un roman de 1902, donc ne vous attendez pas à un incroyable retournement comme dans les romans contemporains (le degré de mystère fait penser aux premiers Miss Silver de Patricia Wentworth).

En fin d’ouvrage se situe une brève nouvelle policière intitulée Minuit au Grand Hôtel Babylon (1905).

Un roman qui se déguste pour son ambiance et son humour si anglais ! On salue également la très jolie couverture vintage, réalisée à partir d’une illustration de Gordon Nicoll (1888-1959).

Fiche technique

Format : poche
Pages : 312
Editeur : 10/18
Sortie : 17 juin 2021
Prix : 7,80 €