La ferme africaine – Avis +

Un Massaï et trois Kikuyus étaient très sérieusement blessés, « en morceaux », précisait-on. On venait me demander si je ne consentirais pas à les recoudre? Je commençai par demander ce que les blessés avaient de coupé: « La tête », me fut-il répondu. Pendant que je réfléchissais, assez perplexe, je vis Kamante arriver, tenant, d’une main une aiguille à repriser toute éfilée et de l’autre mon dé à coudre.

De 1914-31 la Danoise Karen Blixen (1885-1962) exploita une ferme au Kenya. Son expérience qu’elle transcrivit dans ce recueil d’histoire inspira le film Out of Africa.

Bien loin du film de Sydney Pollack qui insiste sur les paysages et l’histoire romantiques de son héroïne, le texte original fournit une vivante description de personnages originaux et de la population africaine de l’époque.

Ainsi Karen Blixen assistera au départ d’un Suédois, tragédien de formation, qui souhaitait se rendre au Tanganyika. Karen Blixen croyait bien ne plus entendre parler de ce singulier personnage qui s’était lancé dans un voyage de plusieurs centaines de kilomètres à pied au milieu du territoire des lions. Mais bien plus tard elle appris qu’il avait bénéficié du secours des Massaïs.

On notera à ce sujet l’analyse pertinente de Karen Blixen : « La véritable aristocratie a tout autant que le véritable prolétariat le sens de la tragédie et de ce qu’elle représente (…). Les Massaïs, qui représentent à la fois une aristocratie et un prolétariat, avaient immédiatement discerné que le voyageur solitaire vêtu de noir était un personnage de tragédie. Justice avait été par eux rendue au tragédien. »

Fiche Technique

Traduction du danois par Alain Gnaedig
Editeur : Gallimard
Collection : Folio
Sortie : novembre 2006 (réédition)
Format : poche
Pages : 512
Prix : 7,20 euros