L’Etrange festival 2019 – Internationale Partie 1

L’Etrange Festival fêtait ses 25 ans, néanmoins nous n’avons pas pu voir 25 films de tous ceux qui étaient projetés pendant ces 11 jours de folie au Forum des Images !

Voici le premier retour sur la compétition internationale de l’Etrange festival de cette année. Nous allons diviser en deux ces retours pour éviter une indigestion, c’est parti !

Les films sont classés par ordre alphabétique.

Bliss , film américain de Joe Begos (2019)
Avec une actrice charismatique et un grain de pellicule pour nous renvoyer dans les années 80, Bliss nous offre un film qui ne fera pas l’unanimité. Dezzy est une artiste, elle n’a rien fait depuis un moment et les vendeurs d’arts sont sur le point de la lâcher faute de nouvelles œuvres saisissantes.

Frustrée, énervée et à deux doigts de se faire virer de son appartement, Dezzy décide de faire une petite pause festive allant sniffer de la drogue. Elle espère retrouver l’inspiration et se fait embarquer par ses amis dans une soirée d’alcool, de drogue, de sexe et de sang. Oui, car au réveil, elle est ensanglantée, ne se souvient plus de rien, mais sa toile presque vierge a évolué. Notre héroïne met le doigt (ou le nez) dans une spirale qu’elle n’arrivera pas à arrêter.

Visuellement recherché, Bliss est cependant un film plutôt basique. Si notre affinité avec ces différentes addictions est limitée, la spirale peut être, pour le spectateur, bien longue. Mais le film arrive à nous titiller, on est curieux de voir comment sera la toile à la fin et de voir comment ça se terminera. Mais il y a tout de même des incohérences qui peuvent nous faire soupirer, de plus on se demande à un moment si le geste de tête de l’héroïne permettant de fouetter l’air avec ses cheveux était un point essentiel du contrat. Au demeurant, l’effet de style est vraiment réussi.

Bliss a également une bande son assez assourdissante, on est dans un milieu sombre, un milieu d’artistes et de rébellion. C’est donc en corrélation, mais ça peut être assez désagréable. Bliss ne plaira donc pas forcément, et peut finir par lasser.

Come to Daddy , film americano-néo-zélandais-canadien-irlandais de Ant Timpson (2019)
Elijah Wood incarne ici un homme qui s’appelle Norval. Son père l’a quitté lui et sa mère lorsqu’il avait 5 ans. 30 ans plus tard, il reçoit une lettre de ce dernier qui souhaite renouer avec lui. C’est donc au milieu de nulle part qu’il va faire la connaissance avec un étrange paternel.

Si Come to Daddy prend un peu de temps à se mettre en place et à démarrer, on est rapidement mis dans le bain par l’humour acide qu’il s’en dégage. Bryan, le père de Norval, semble être un alcoolique solitaire et se montre particulièrement méchant envers ce fils qu’il a appelé. Norval est perdu face à ce père qu’il voulait apprendre à connaître.

On ne peut pas trop en dire plus, car cela nous obligerait à révéler des éléments de l’intrigue, et il faut bien dire qu’il est plus intéressant de ne rien savoir. Norval a mis les pieds dans une drôle d’affaire et on rit devant son innocence. Le film est un peu trash et décalé, il aurait pu aller plus loin dans son délire, mais ce n’est pas gênant. Il nous montre surtout tout l’amour que peut porter un père à son fils.

First love , film japonais-anglais de Takashi Miike (2019)
Masataka Kubota est bien présent, cette année, sur les grands écrans français, même si pour Tokyo Ghoul 2 et Diner, ces projections étaient exceptionnelles, on le retrouve dans First Love / Hatsukoi en décembre dans le dernier film de Takashi Miike. Il joue ici, Léo, un boxer qui n’a pas beaucoup de rêve dans sa vie, sans d’ambition, il apprend une terrible nouvelle.

À côté de cela, les yakuzas japonais et la triade chinoise se regardent en chiens de faïence. Alors quand Kase, un petit yakuza dans la hiérarchie, décide de détourner la drogue de sa maison pour mettre le méfait sur le dos des Chinois, la guerre éclate rapidement. Léo va tomber sur Monica, une jeune fille droguée et exploitée pour rembourser les dettes de son père. Elle est cependant l’appât de toute une mascarade.

On pourrait croire comme ça que Léo et Monica seraient au centre de l’attention, certes, c’est le cas à certains moments, mais ils ne monopolisent pas l’écran et c’est plutôt bien. On nous permet de faire la connaissance d’une multitude de personnages barrés, pas toujours doués, mais surtout survoltés.

Tout le petit monde se croise, interagit, se bat. Nous sommes dans un Takashi Miike, si le sang et l’extravagance vous dérangent, ce film ne vous plaira pas. Autrement, vous passerez un extrêmement bon moment, le rythme est soutenu avec des petites pauses qui ne nous ennuient pas. Les personnages sont nombreux et haut en couleur, ils ont chacun une réplique ou un gimmick qui fait qu’on se souvient d’eux. Et puis surtout, on rit, on ne peut pas s’empêcher de glousser tant les personnages sont parfois crétins ou qu’ils n’ont pas de chance. Bref, First Love est un film qu’il faut aller voir ! (Sortie nationale : le 25 décembre 2019)

Furie , film français d’Olivier Abbou (2019)
Furie est un film français se basant dans un premier temps sur une histoire vraie. Un couple part en vacances avec leur fils et laisse pendant ce temps leur maison à la nounou de ce dernier. Le problème c’est qu’à leur retour, le couple découvre que la nounou et son mari se disent être chez eux. Ils ont changé les codes, les serrures et peuvent légalement rester dans la maison.

D’abord choqué, le couple pense récupérer rapidement la maison, mais ce n’est pas le cas au regard de la loi française qui protège les plus faibles, c’est-à-dire les locataires. En attendant, ils doivent vivre dans un camping, où Chloé retrouve un ancien camarade de lycée. Paul, lui, perd peu à peu pied, il est moqué, se sent impuissant et va essayer de retrouver sa place.

Si le film part plutôt bien en montrant l’absurdité de certaines situations, il met surtout en avant les failles du système qui est censé être là pour protéger. Ces failles sont exploitées et nous sentons la frustration du couple Diallo face à ces squatteurs. Cependant, après la deuxième partie, on peut se sentir plutôt mitigé par le déroulement des événements. La déchéance de Paul ressemble à une crise d’adolescence en retard, il reproche aux autres certains de ses choix. Furie qui partait d’abord sur un fond réaliste part et c’est un peu bizarre.

Il avait beaucoup de potentiel, mais on a plutôt l’impression d’un pétard mouillé, néanmoins, il est intéressant de voir que le réalisateur a pris des risques. (Sortie nationale : 6 novembre 2019)

Idol , film sud-coréen de Lee Su-jin (2019)
Thriller et coréen sont normalement deux termes qui font bon ménage, cependant ici, on était un peu déçu du mélange. Idol narre l’histoire d’un politicien dont le fils a tué un homme en le renversant. Il décide néanmoins que son fils doit assumer la conséquence de ses actes et qu’il se rendra à la justice, en mettant en avant l’aspect accidentel et son honnêteté.

Cependant, le père de la victime ne l’entend pas de cette oreille et sent que quelque chose ne va pas puisque sa belle-fille a également disparu.

Idol souffre de différents problèmes, il est assez long (voire trop long), mais surtout, il s’évertue à mélanger différentes intrigues et ça ne fonctionne pas toujours. On a surtout l’impression que cela était nécessaire pour avoir quelque chose à raconter. Si on n’accroche pas, on peut perdre le fil, et même si on suit bien, on n’est pas spécialement embarqué par le récit vu qu’aucun personnage ne nous intéresse vraiment.

L’esthétique du film est assez classique et les acteurs sont plutôt bons, il y a même des personnalités assez piquantes, mais ce n’est pas suffisant.

Knives and skin, film américain de Jennifer Reeder (2019)
Carolyn, une lycéenne, voit en douce Andy, un beau sportif du lycée, même s’il est en couple. Cependant, elle change d’avis au dernier moment et Andy, frustré, l’abandonne au milieu de nul part. Après cela, Carolyn ne réapparaît pas, elle est recherchée, perdue et sa mère, qui l’élevait seule, s’effondre. Malgré ce concept de base, Knives and Skin ne s’intéresse finalement que très peu à la jeune fille.

Nous avons ici un film assez particulier de part son ambiance, mais cela reste un film choral où l’on s’intéresse à différentes personnalités. Mais le timing n’est pas toujours le bon et on ne nous montre pas forcément des choses très intéressantes.

Knives and skin est un film dont on ne savait pas vraiment trop quoi s’attendre, et on en sort plutôt mitigé, malgré la parodie cynique des œuvres audiovisuelles teenager mis en scène. (Sortie nationale : 20 novembre 2019)

Koko-di Koko-da , film danois-suisse de Johannes Nyholm (2019)
Le coq est mort, le coq est mort, koko-di, koko-da est une ritournelle qui est ici utilisée dans sa version suédoise comme fond d’histoire. Elle est au coeur d’une boite à musique qu’un couple offre à leur fille avant qu’un drame ne survienne.

Le couple n’a pas surmonté ce drame et se détruit à petit feu. Dans un élan, ils essayent de faire une pause et de partir en vacances pour faire du camping. Cependant, leur séjour dans la forêt va les emmener à faire une mauvaise rencontre avec d’étranges individus.

Si le début arrive à titiller notre curiosité, on se retrouve rapidement dans une boucle sans fin pas vraiment intéressante. On aime bien suivre l’évolution des personnages et voir s’ils vont arriver à s’en sortir, mais même cette curiosité n’arrive pas à nous tenir tout le long. Quelque chose ne fonctionne malheureusement pas, et pourtant, certains passages sont absolument fascinants. (Sortie nationale : 13 novembre 2019)