Journal d’une femme de chambre – Avis +

Présentation officielle

Au début du XXe siècle, Célestine, une jeune bonne, accepte une place en province, dans la riche demeure des Lanlaire. Immédiatement en butte à l’autorité maniaque de sa patronne et au lutinage de monsieur, elle passe ses journées à courir dans les escaliers et ses nuits à se souvenirs de ses emplois précédents, notamment auprès d’un jeune bourgeois poitrinaire, au bord de la mer.

Célestine étouffe à grand peine la rébellion qui gronde en elle. Joseph, l’homme à tout faire des Lanlaire, à l’abord bourru, commence à lui manifester de l’intérêt. Violemment antisémite, plus cupide qu’il ne le laisse paraître, il fait à Célestine une étrange proposition…

Avis de Claire

La trop belle et élégante ­Célestine est une jeune bonne qui va de place en place, au gré de ses besoins et de ses envies. Chez les Lanlaire, en Normandie, elle se retrouve au service d’un couple de petite bourgeoisie. Entre Monsieur, qui saute sur tout ce qui bouge et Madame, horrible bêcheuse, elle n’a pour compagnie que Marianne (épatante Mélodie Valemberg) la cuisinière et Joseph, jardinier taciturne et inquiétant (Vincent Lindon, écorché vif)…

Le roman éponyme et subversif d’Octave Mirbeau, publié en 1900, a déjà été adapté sur grand écran, en 1916, en Russie, par M. Martov, puis en 1946, par Jean Renoir, et en 1964 par Luis Buñuel. Benoît Jacquot nous en livre une adaptation fidèle et audacieuse.

Dans Les Adieux à la reine, il sublimait déjà la beauté effrontée de la jeune Léa Seydoux, qui campe une Célestine à la fois attachante et agaçante, fragile et arrogante, on la suit au plus près, elle est souvent filmée de dos, active, combative, toujours en mouvement.

Costumes et décors participent à donner à cette histoire une ambiance précieuse, fouillée, réaliste, voire même par moments impressionniste, avec des plans aux couleurs de tableaux de Manet ou de Renoir. Autant de belles images qui viennent se catapulter aux ressorts de l’intrigue, qui dénonce sans relâche les conditions de vie des petites gens, leur servitude chevillée au corps, leur désespoir en bandoulière, on pense tout particulièrement au personnage de Marianne, qui a eu son lot de drames.

Le film prend ainsi le chemin de la satire sociale, sur fond d’affaire Dreyfus, qui n’a de cesse de tourner en ridicule les moeurs de la bourgeoisie de ­province. Dans des flash-backs, on suit le parcours de Célestine à travers ses différentes places, qui en a vu de toutes les couleurs, qui a goûté à la belle vie, mais aussi au fruit du malheur.

Les comédiens des rôles secondaires sont extraordinaires et méritent d’être cités, Clotilde Mollet et Hervé Pierre (les Lanlaire, couple de province), Patrick d’Assumçao (le capitaine complètement allumé) mais également Rosette, actrice fétiche de Rohmer. A ne pas manquer !

Fiche technique

Sortie : 1er avril 2015
Durée : 95 minutes
Avec : Léa Seydoux, Vincent Lindon, Clotilde Mollet, Hervé Pierre, Mélodie Valemberg, Patrick d’Assumçao
Genre : drame