Interview de Natalie Anderson – VF

Onirik : Vous êtes Néo-zélandaise et j’ai constaté depuis quelques temps qu’il y avait beaucoup de vos compatriotes qui publiaient d’excellents livres (Nalini Singh, Jan Colley…). Il me semble qu’elles étaient moins présentes auparavant. Est-ce une coïncidence ou la Nouvelle Zélande est un pays favorable pour les écrivains ?!

Natalie Anderson : En fait, La Nouvelle Zélande a une solide histoire d’écrivains de romance, depuis le tout début lorsque Mills&Boon a commencé à se spécialiser dans le genre de la romance. Essie Summers a sans doute été la première « très grande », elle a écrit 55 livres et vendu plus de 19 millions d’exemplaires. Son premier livre a été publié par Mills&Boon en 1957. Depuis cette époque, Daphne Clair, Robyn Donald, Susan Napier et Alison Roberts ont écrit des centaines de Harlequin Mills&Boon et ça continue, Robyn Donald a publié son soixante dixième l’année dernière ! Il y aussi une longue lignée de toute jeunes auteurs qui écrivent pour d’autres collections Harlequin, Desire, Super Romance, Historicals, The NASCAR series etc. Cette liste comprend Fiona Brand, Jan Colley, Abby Gaines, Helen Kirkman, Yvonne Lindsay, Tessa Rallis… et elle s’allonge ! Nous avons aussi de nombreux autres auteurs qui publient dans d’autres maisons d’édition. Ainsi il semble y avoir avoir un nombre très important d’écrivains romantiques de talent dans ce petit pays… Alors, je pense que la vraie question intéressante est ce que cela nous dit à propos des mâles néo-zélandais !

Onirik : J’ai également constaté que, même si vos oeuvres étaient très différentes, vous aviez des caractéristiques communes : modernité des situations, vocabulaire simple et contemporain… Est-ce également lié à votre nationalité, à une façon de vivre différente en Océanie, peut être ?

Natalie Anderson : Je ne suis pas sûre ! Je pense que beaucoup de Néo-zélandais ont l’habitude de regarder au-delà des mers, cela provient peut être du fait d’être coincé dans un petit endroit à l’extrémité de la planète. Beaucoup d’entre nous ont passé plusieurs années à voyager et à travailler à l’étranger (c’est mon cas) nous avons donc peut être acquis un style « universel ». Bien sûr, comme partout nous sommes exposés à la mondialisation de la culture populaire qui semble se répandre très facilement avec le Royaume-Uni et les États-Unis. Peut-être est-ce aussi notre nature terre à terre qui ressort dans le vocabulaire, j’aime la simplicité dans les discussions et j’essaye de faire des dialogues pleins de répartie. Bien sûr cela peut me prendre trois jours pour concevoir la fine réplique que mon héroïne lance au héros du tac au tac !

Onirik : Vous débutez votre carrière d’écrivain. Écrivez-vous depuis longtemps ? Comment est venue ce désir d’écriture ?

Natalie Anderson : J’ai commencé à écrire en 2005, en juin 2005 pour être précise ! C’est le moment où je me suis assise pour répondre au défi que je m’étais lancée d’écrire une romance. J’ai toujours aimé les livres, surtout les romances et les romans policiers. J’ai étudié la littérature anglaise pour mon diplôme, j’ai travaillé dans des bibliothèques et j’ai lu, lu et relu. J’ai toujours eu ancré en moi l’envie d’écrire mais je n’avais jamais vraiment essayé. Ce n’est que lorsque j’ai eu des enfants et que j’ai eu besoin de quelque chose pour conserver mon équilibre que j’ai tenté le coup. J’ai eu beaucoup de chance de vendre mon premier manuscrit, ça a été alors comme un tourbillon mais tellement merveilleux. J’ai un vie très agréable et une famille formidable et écrire est la cerise sur le gâteau. C’est une forme d’expression créative et cela me permet de me libérer. Je suis bien plus heureuse depuis que j’écris.

Onirik : Quels sont les auteurs qui vous ont influencé ou vous influencent encore ?

Natalie Anderson : Oh il y en a tellement ! Je suis une très mauvaise critique quand il s’agit de romances. Je les aime toutes et en choisir quelques-unes est plutôt difficile. Il y a quelques classiques vers lesquelles je reviens toujours : Georgette Heyer, Mary Stewart, Elizabeth Cadell. J’aime vraiment beaucoup les livres Mills&Boon (bien sûr !) mais aussi la série Rebus de Ian Rankin, les thrillers juridiques de Richard North Patterson, JK Rowling… Je lirais tout ! Mais le plus gros problème est de trouver le temps pour ça, donc je fais des orgies de temps en temps et là, j’en lis quatre en une nuit !

Onirik : Le ton des deux romans que j’ai lu est selon moi très nouveau. Les histoires que vous racontez, si elles restent très intenses, présentent des rapports très différents entre les héros : moins de malentendus et de désaccords, moins de haine mais des échanges « normaux » entre homme et femme. Est-ce uniquement ainsi que vous envisagez les rapports entre les héros ? Cherchez-vous à rester proche d’une certaine réalité ?

Natalie Anderson : Premièrement, je vous remercie de dire cela, c’est très sympa de penser que les gens voit quelque chose de nouveau dans mon style. J’aime penser que chaque livre est un fantasme romantique mais basé sur la réalité. Donc les situations et les personnages sont crédibles, cela pourrait arriver, vous pourriez connaître cette fille, vous pourriez être cette fille. Mais bien sûr, ils vont au-delà de la vie, je ne veux pas que mes personnages aient à s’inquiéter de leur bien hypothéqué à la fin du livre, donc il y a toujours cet aspect glamour ! Dans la série Modern heat pour laquelle j’écris, le conflit provient de l’intérieur des personnages. C’est leur personnalité, le passé qui les a formés, leurs craintes et leurs rêves qui vont les faire agir dans les situations dans lesquelles je les place. J’essaye de rendre leurs préoccupations contemporaines et en rapport avec les hommes et les femmes modernes d’aujourd’hui, des éléments comme l’équilibre entre travail et vie privée et changement de carrière et direction aussi bien que les grands thèmes traditionnels comme la peur de perdre quelqu’un, la peur d’être rejeté, d’échouer, etc…

Onirik : Les héros semblent particulièrement nouveaux. Ils sont moins dominateurs ou arrogants et reconnaissent facilement leurs sentiments. Ne trouvez vous pas que cette vision est plus nouvelle dans ce genre de littérature ? Est-ce pour, là aussi, se rapprocher plus de la réalité ?

Natalie Anderson : Je pense qu’ils reconnaissent leurs sentiments en eux-mêmes (et donc pour la lectrice) mais que c’est peut être moins évident pour les héroïnes. J’adore lire ce que pensent le héros dans les livres parce que ça m’aide à comprendre ses motivations et comment il est parvenu jusque là, donc j’ai tendance à écrire de la même manière. Je pense que cette caractéristique est dans l’air depuis un moment. Il y a une grande différence dans les publications chez Harlequin et dans certaines le héros est plus facilement deviné que dans d’autres. J’aime vraiment imaginer mes héros avec un solide sens de l’humour, j’aime un homme qui sait me faire rire. Ils sont toujours arrogants, et que Dieu vous protège si vous les énervez mais ils ont un côté plus jeune, légèrement insolent peut être, de la même façon que certaines héroïnes ont tendance à ne pas avoir la langue dans leur poche.

Onirik : Vos romans sont basés sur une forte attraction sexuelle entre les héros. Est-ce un élément indispensable dans toute romance ou pourriez-vous écrire des histoires moins sensuelles ?

Natalie Anderson : Mes livres sont très sensuels mais cela provient des personnages que je créée. Ce sont des superbes citadins ou citadines jeunes (très) et dans les tout débuts de leur relation. Bien sûr que l’attraction physique est intense (et avec un peu de chance ça restera le cas tout au long de leur vie !). Mon histoire ne serait pas cohérente avec le développement de leur relation si je n’allais pas jusque là et je crois que cela montre au lecteur le genre de relation qu’ils continueront à avoir après la fin du livre. J’adore écrire ce que les personnages se disent lorsqu’ils sont devenus intimes. J’adore autant monter leur côté joueur, tendre que leur aspect profondément passionné, s’ils ne peuvent pas rire ensemble au lit, quel espoir ont-ils pour les vingt ans à venir ?! Et j’aime avoir une héroïne qui correspond totalement au héros à tous points de vue et pour tous les appétits ! Je pense que ça fait partie intégrale de ce genre d’histoire, les relations naissantes entre ces personnages très beaux et fascinants. Et c’est aussi une part de ce qu’attend le lecteur dans ce genre de livres, de la passion !

Onirik : Vous avez écrit jusqu’alors des romans contemporains plutôt courts. J’ai très envie de lire des romans plus longs et plus développés ! Est-ce en projet ou envisagez-vous de rester encore dans ce genre de roman ?

Natalie Anderson : En ce moment ma vie est très pleine, je jongle entre l’écriture, ma fille de cinq ans, mon fils de trois et mes deux petites jumelles d’un an. J’écris le soir et le week-end. Donc je n’ai pas le temps ni la disponibilité d’esprit pour écrire des histoires plus longues à ce stade. Cependant, d’ici quelques temps, je pourrai écrire une partie de la journée donc écrire des histoires plus conséquentes, cela pourrait être possible. Mais même si je dis ça, j’adore écrire des romances contemporaines courtes, j’aime l’objectif resserré sur le couple central et la douce satisfaction de l’aboutissement et des fins heureuses, donc quoi que je fasse d’autre ce sera lié avec ce genre d’histoires, elle m’apportent trop de plaisir pour que j’abandonne.

Onirik : Nalini Singh, votre compatriote, a commencé en publiant elle aussi des romans courts mais aujourd’hui elle est l’auteur d’ une série paranormale particulièrement réussie. Pourriez-vous suivre son chemin et écrire dans d’autres genres ?

Natalie Anderson : Nalini est géniale, n’est-ce pas ? Et en ce moment sur la liste des meilleures ventes du NY Times ! J’aimerais bien espérer que ça soit possible pour moi un jour, mais comme je le disais précédemment, en ce moment, mon objectif est de développer mon écriture de ces livres en m’occupant de mes enfants en bas âge. Je ne peux pas imaginer autre chose à ce moment précis mais je peux certainement rêver…

Onirik : Vous êtes encore inconnue en France pour les lectrices qui ne lisent pas en anglais. Une publication française de vos livres est-elle à l’ordre du jour ?

Natalie Anderson : Je l’espère ! mais pour être honnête, je ne suis pas sûre, on me poste en général les traductions après leur sortie dans chaque pays. Cependant, plusieurs Modern heat, la série à laquelle je collabore ont été traduits en français. Ils sont vendus dans la collection Passions. En mars, il y en deux disponibles, à voir sur le site de l’éditeur www.harlequin.fr :

Le retour de l’Irlandais de Trish Wylie
Les amants de Penang de Kelly Hunter

Vous pouvez vérifier sur le blog des auteurs de Modern heat pour avoir davantage d’informations à propos des auteurs publiés. Avec un peu de chance, l’un des miens sera publié en français bientôt, dès quand je serai sûre je vous préviendrais. Merci beaucoup pour m’avoir invité sur votre site !