Interview avec Jess « The Joker » Liaudin

Onirik : Tu as commencé les arts martiaux très tôt. D’abord le judo, puis le karaté et ensuite le muay thai pour finir avec le MMA. Que t’ont apporté ces différents sports ?

Jess : En fait, j’ai toujours eu cet esprit d’apprendre des techniques de divers arts martiaux, dès le début. Les films de Hong-Kong et les mangas japonais ont bercé mon enfance, et mon rêve était de devenir l’un de ces héros qui traverse le monde en s’entraînant avec des maîtres divers.

Tout cela pour ensuite se tester face à un grand combattant de chaque discipline. De plus, dès le début, j’ai toujours recherché l’efficacité et le besoin de faire des combats plein-contact. Je pense que chaque discipline m’a apporté quelque chose à leur façon, et c’est ce qui fait ma force car lorsque je combats, j’utilise des techniques de styles différents que se soit debout, en lutte ou au sol.

Onirik : Tu as vadrouillé dans le monde entier, tu sembles aimer aller au bout de toi-même. D’où tires-tu cette force de caractère ?

Jess : Oui j’aime voyager et apprendre de nouvelles choses et cela vient, comme je l’ai dit, du fait que je voulais devenir une sorte de héros des arts martiaux, mais pas comme un acteur pour un film, dans la vraie vie. Comme ces aventuriers que je regardais à la télévision ou dans les bandes-dessinées. Je viens d’un milieu pas très riche, et j’ai grandi dans des quartiers sans trop d’argent alors je voulais m’évader de tout ça et découvrir d’autres choses.

C’était risqué et je ne savais pas à quoi m’attendre mais c’est aussi ce qui est amusant et excitant. Ce goût du risque et de l’aventure fait partie de ma vie maintenant et cela me manque parfois dès lors que je reste trop longtemps au même endroit. L’adrénaline des combats, prendre des risques et partir à l’aventure sont devenues des drogues dont j’ai du mal à me passer.

Onirik : Penses tu que les arts martiaux sont à même d’aider certains jeunes à mieux s’insérer dans la vie sociale ?

Jess : Oui je le pense. Mais les arts martiaux sont un peu comme les religions. Chacun a sa vision des choses et on a tous une perception différente. Au lieu d’apprécier tout ce que cela peut leur amener, les gens passent plus de temps à se chamailler et à se faire des « guéguerres ». Ils feraient mieux de développer d’avantage tous les bienfaits des arts martiaux et autres sports de combat comme le respect, la discipline, le courage, le dévouement et bien d’autres choses encore. Parfois, on voit des jeunes apprendre plus de choses avec les arts martiaux qu’ils n’en apprendraient avec leurs propres parents.

Onirik : Alors que le MMA est un sport relativement violent, ceux qui le pratiquent sont bien plus respectueux et humbles que dans d’autres sports plus « pépères ». Comment expliquer cela ?

Jess : Tout d’abord, je tiens à préciser que je ne trouve pas le MMA ou les autres sports de combat soient violents. Je trouve plus agressif des joueurs de foot qui se font de mauvais tacles, se chamaillent ou attaquent l’arbitre, que de voir deux pratiquants d’arts martiaux se rencontrer sous des règles de plein-contact dans un esprit de respect et de compétition.

En ce qui concerne les arts martiaux plus traditionnels, il est vrai que certains se la jouent un peu parce qu’en grande partie ils vous parlent toujours de rencontre physique qu’elle soit en compétition ou en situation de self-defense alors que leurs connaissances sont seulement théoriques, et sans pratique réelle.

De leur côté, les compétiteurs combattent régulièrement et n’ont plus grand chose à prouver sur ce sujet, donc c’est pour cela qu’ils sont en général plus zen. Mais il ne faut pas tous mélanger non plus, car il y a des pratiquants de MMA cons et des pratiquants d’arts traditionnels qui sont très durs et ont déjà combattu hors des tatamis.

Onirik : Des rumeurs parlent d’un retour de ta part à l’UFC. Confirme-tu cette possibilité ? As-tu une date à nous donner ?

Jess : L’UFC m’a simplement demandé d’obtenir des victoires, c’est donc ce que je fais. Je viens de faire deux combats et je les ai gagnés tous les deux. Personnellement, j’aimerais me battre 5 fois avant la fin de l’année et retourner à l’UFC l’année prochaine. Pour le moment j’apprécie d’être free-agent, car cela me donne plus de libertés non seulement dans mon emploi du temps mais aussi pour mes choix de combats et les dates.

Pour le moment, j’apprends de nouvelles choses et j’essaye de devenir un meilleur combattant que je ne le suis.

Onirik : Tu donnes des cours particuliers à Londres et à Paris. En quoi consistent ces cours ? Est-ce pour tout public et quelles techniques enseignes-tu ?

Jess : Pendant longtemps je donnais des cours publics et privés sur Londres. Ces derniers temps, j’étais beaucoup en France alors cela m’a donné la possibilité de donner des cours particuliers ici aussi.

Mais pour être honnête, ce que je préfère ce sont des stages car je trouve que c’est plus intéressant pour moi, mais aussi pour les pratiquants. Ces derniers mois j’en ai fait à Lille, Paris, Liège et la je pars pour la Suisse ce dimanche, puis la Bulgarie a la fin du mois.

Chaque stage est différent en fonction du nombre de personnes et du niveau des participants, mais je travaille beaucoup la lutte pour le MMA, puis quelques conseils pour tout ce qui est combat debout, et je finis avec quelques soumissions.

Un grand merci au Joker pour avoir pris le temps de répondre à nos questions.