FFCP 2017 – Section Focus

Toujours dans le cadre du Festival du Film Coréen à Paris, la section focus est une section à thématique. Que ce soit autour d’un réalisateur en particulier ou bien d’un sujet qui tient à coeur. Cette année, c’est la rude période des années fin 1970 à 1987 qui a été abordée. A ce moment, la Corée du Sud était dans un dur processus de démocratisation, mais faisait l’objet d’une dictature militaire.

Nous n’avons malheureusement pu voir que deux films concernant cette thématique. Curieusement (et c’est avec surprise qu’on l’a remarqué), le personnage principal des deux films était joué par le même acteur : Song Kang-Ho !

A Taxi Driver, film sud-coréen de Jang Hoon (2017)
(Sortie VOD officielle : 30 mars 2018)
Alors qu’il a besoin de se faire de l’argent pour payer son loyer, un chauffeur de taxi (Song Kang-Ho) profite d’une aubaine qui arrive rarement. Il prend en charge un étranger qui veut se rendre à Gwangju et qui paye une fortune pour cela. Sauf qu’il n’est pas au courant que tous les accès pour Gwangju sont fermés par des barrages militaires. Il ne sait pas non plus que cette ville est le théâtre d’affrontement violent entre les forces de l’ordre et les habitants.

Pour lui, comme pour le reste de la Corée, ce sont ces foutus étudiants communistes qui mettent le bordel et qui agressent les militaires chargés d’encadrer leur manifestation. Notre chauffeur de taxi découvrira une tout autre réalité. Une vérité piégée et enfermée dans la ville où ceux qui manifestent se font massacrer. L’étranger est d’ailleurs là pour ça, car en réalité, c’est un journaliste allemand qui a pour mission de révéler au monde ce que la population coréenne subit.

Ce film est une claque énorme. Encore une fois, le réalisateur arrive à jongler entre les registres. Tout n’est pas noir tout le temps, il y a de l’humour, de l’amitié et des scènes qui nous donnent envie de pleurer. C’est d’autant plus violent lorsqu’on sait que le réalisateur s’est basé sur les images d’archives, mais aussi sur des témoignages pour tourner son film. A Taxi Driver est vraiment bouleversant et marque nos esprits comme jamais. Il fait partie des films pour lesquels on espère vraiment une sortie nationale. Ici, le réalisateur ne cache pas les actes horribles que le gouvernement sud-coréen a pu faire. Cela fait partie de l’histoire du pays, et c’est le genre d’événement dont il faut avoir conscience, surtout que ce n’était pas il y a si longtemps que ça.

On en profite une nouvelle fois pour mentionner Ryu Jun-Yeol pour son rôle d’étudiant, il est touchant et permet de mettre un peu de gaieté dans ce film assez dur.

The Attorney , film sud-coréen de Yang Woo-Seok (2013)
Woo-Suk (Song Kang-Ho) est un avocat qui n’a que le bac, les autres du milieu ne le respectent pas, mais il s’en fiche comme l’an 40. Ce qui l’importe, c’est d’avoir réussi, d’avoir de l’argent et de pouvoir donner à sa famille un avenir confortable. Cependant, nous sommes dans les années 80, et un jeune étudiant (Im Shi-Wan) qu’il connaît va se faire brutalement arrêter et jeter dans un procès où il est déjà coupable. Malgré tout ce qu’il dit, Woo-Suk ne comprend pas qu’une telle injustice peut avoir lieu, et il se mettra alors à vouloir se battre contre le système.

Nous avons ici un homme qui ne s’intéressait pas vraiment à l’environnement dans lequel il évoluait. Il faisait ce qu’il avait à faire jusqu’au moment où une de ses connaissances s’est fait prendre dans un système immonde et dilatoire. Woo-Suk est de base un homme allant à l’encontre du système, il fait cavalier seul depuis tant de temps que ce n’est pas le gouvernement qui lui fait peur. C’est un électron-libre qui montrera beaucoup plus de hargne que beaucoup.

The Attorney est un film qui nous donne envie de nous bouger et de nous battre avec les armes qu’on a entre nos mains. Et ici, Woo-Suk se bat avec la loi et jusqu’au bout, on ne peut pas deviner l’issue de ce procès. C’est encore une fois, un très bon film qui a été projeté. Sans être démoralisant, on se retrouve tout de même crier contre le monde.