Eloise – Avis +

Présentation de l’éditeur

Se pourrait-il qu’Eloise Bridgerton, jolie rousse de vingt-huit ans, trouve en Sir Philipp, jeune hobereau avec lequel elle entretient une correspondance, le Prince charmant ? En effet, cet homme qu’elle n’a jamais vu lui propose le mariage. Surprise, mais en même temps troublée – et s’il était l’homme de sa vie ? -, elle quitte Londres en secret pour le rejoindre dans son manoir…

Avis de Marnie

Qu’il est intéressant de nous indiquer en quatrième de couverture «après Hyacinthe Editions Gutemberg 2007, voici Eloise, le nouvel opus (…)» et bien non, il serait nettement plus exact de préciser qu’Eloise (soit le tome 5 de la série, vient avant Hyacinthe, ce qui dans le déroulement des évènements est franchement gênant. Pourquoi certains éditeurs s’obstinent à faire paraître une série dans le désordre provoquant alors un mécontentement qui aurait pu être facilement évité pour le lecteur ? Aucune idée…

Hormis ce point qui a fait grincer bien des dents, ce roman est comme le plus souvent lorsqu’il s’agit de Julia Quinn, délicieux. Les critiques américaines évoquent le talent de cette jeune romancière, la comparant à une nouvelle Jane Austen… Soyons réalistes, il ne faut pas exagérer. Il lui manque en fait la profondeur et l’acidité si remarquable de la célèbre écrivaine britannique. Par contre, nous pouvons reconnaître qu’elle est la meilleure dialoguiste en romances historiques et ce depuis au moins quarante ans. Les échanges, conversations et remarques en tout genre, sont étincelants, d’une drôlerie irrésistible, mais aussi empreints d’émotion quand l’histoire le demande. Les héros se renvoient la balle avec une spontanéité rafraîchissante dans une ambiance pétillante, et la légèreté constitue ici une vraie qualité. Seul petit bémol : de petites maladresses de traduction, il est étonnant qu’un homme de la haute société dise à une femme de la noblesse au temps de la Régence, qu’elle est imbuvable !

Ce roman, Eloise, est nettement plus réussi que Hyacinthe. Nous le devons certainement aux deux héros à la personnalité très forte. Pour ceux qui comme moi ont eu la chance de lire l’histoire de Colin Bridgerton et de celle qui était devenue son épouse Penelope (Romancing Mr Bridgerton, désolé, ce roman est paru en anglais mais n’a toujours pas été traduit), la vivacité du caractère d’Eloise Bridgerton, important personnage secondaire, sœur de l’un et meilleure amie de l’autre, nous était apparue dans toutes ses contradictions. Satisfaite d’être encore célibataire comme sa très chère Penelope, l’annonce du mariage de Colin l’avait fortement déstabilisée. Prise dans de mystérieuses activités, elle disparaissait dans le dernier chapitre du roman…

Voici qu’au début de cette histoire, l’énigme nous est soudain dévoilée. Sur un coup de tête, la jeune femme s’est enfuie pour rendre visite à l’homme avec lequel elle échange des correspondances de plus en plus chaleureuses depuis des mois, et qui l’a demandée en mariage par écrit, sans l’avoir jamais rencontrée. Eloise veut donc elle aussi vivre sa petite aventure, au risque de perdre sa réputation… Commence alors une intrigue d’une simplicité limpide. Il n’y a aucun vrai rebondissement, et pourtant, nous ne nous ennuyons jamais. C’est notamment du à la richesse du caractère du héros. En fait, bien que le titre soit féminin, la situation est vue pour les trois quarts du roman du côté masculin. Phillip n’aspire au départ qu’à une chose, trouver une mère pour ses enfants devenus orphelins par suite du décès de son épouse, femme qu’il n’aimait pas. Lui-même enfant battu, adolescent perturbé, forcé de prendre en main le domaine familial et donc contrarié dans sa vocation, traumatisé par un mariage malheureux, il ne souhaite qu’une chose, être seul et tranquille… L’irruption de l’intarissable, pétulante, drôle et intelligente Eloise va faire l’effet d’un cataclysme au manoir…

Même si les évènements sont attendus, le style de Julia Quinn est si fluide, si gai, enjoué qu’il nous divertit mieux que des dizaines de péripéties toutes plus surprenantes les unes que les autres. Nous assistons aux différents malentendus, à la déconvenue des deux êtres qui pensaient si bien se connaître et s’apprécier aux termes de lettres qui ne révélaient en fait qu’un aspect d’eux-mêmes et qui soudain vont devoir « composer » ensemble. L’orgueil se dispute aux compromis, le caractère brutal de l’un ou de l’autre se heurtant à la vulnérabilité qu’ils se refusent à ressentir… Pour mieux enrichir le tableau, nous retrouvons avec plaisir les frères Bridgerton, différents et si semblables en même temps.

Ce roman est à présenter à tous ceux qui se moquent des romances historiques, tout le talent de Julia Quinn se situant dans le fait de nous raconter une histoire d’amour sans abétifier ni faire couler trop de sirop. Le pari est plus que réussi : un savant mélange de bonne humeur primesautière et d’émotion !

Avis de Valérie

Le premier tome traduit des aventures des Bridgerton nous présentaient Hyacinthe, benjamine d’une fratrie de 4 soeurs et 4 frères. Le récit était gai et pétillante à l’image de l’histoire d’amour entre Hyacinthe et Gareth St Clair.

Nous nous attaquons maintenant à Eloise, cinquième enfant de Violet Bridgerton, qui a passé la totalité de sa jeunesse à rejeter les demandes en mariage de lords peu à son goût. A l’âge canonique de 28 ans, cette vieille fille (pour l’époque) bavarde, quelque peu autoritaire entretien une correspondance épistolaire avec un le mari de sa cousine disparue.

Sir Philipp, lui, est totalement dépassé par les événements. Après avoir vécu avec son épouse atteint d’une mélancolie sévère et n’avoir pu la sauver, il cherche le moyen de remettre la vie de sa famille sur les rails et trouver une nouvelle femme lui semble être la meilleure solution. Suite à des nombreux échanges, il pense trouver en Miss Bridgerton la femme parfaite. Elle lui semble équilibrée, issue d’une bonne famille, qui plus est nombreuse.

Il lui offre le mariage et lui propose de venir le visiter dans sa propriété de Romney Hall accompagnée d’un chaperon afin de se rendre compte sur place de l’opportunité promise. Eloise ne faisant rien comme il faut, part sur un coup de tête, de nuit, rejoindre son correspondant, car sa meilleure amie vient de ce marier, et elle se rend enfin compte de l’avenir que ses refus lui ont réservé.

A partir de là, le roman s’étoffe d’une ambiance plus triste amenée notamment par la disparition tragique de la première épouse de Sir Philipp, la maltraitance évoquée physiquement en rapport avec le père du propriétaire, et moralement vis à vis des jumeaux de 8 ans qui après avoir perdu une mère de toute manière absente sont face à un père qui ne sait pas leur témoigner son amour.

Bien plus profond, plus touchant, ce roman est d’une qualité supérieure. Il nous amène au fur et à mesure à une introspection délicate tout en gardant le ton de l’auteur à la fois piquant et très british. Autre particularité, Julia Quinn a une qualité d’écriture qui rend la lecture de chacun de ses romans d’une fluidité extrême.

Bien qu’édités dans le désordre, chacun des ouvrages de la série se lit totalement indépendamment les uns des autres. Comme pour le premier roman, au moment on nous tournons la dernière page, une seule question subsiste : « A quand le troisième tome ? ».

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 257
Editeur : Editions Gutenberg
Sortie : 30 janvier 2008
Prix : 19,95 €