Delicious – Avis +

Résumé de l’éditeur

Famous in Paris, infamous in London, Verity Durant is as well-known for her mouthwatering cuisine as for her scandalous love life. But that’s the least of the surprises awaiting her new employer when he arrives at the estate of Fairleigh Park following the unexpected death of his brother.

Lawyer Stuart Somerset worked himself up from the slums of Manchester to become one of the rising political stars of England’s Parliament. To him, Verity Durant is just a name and food is just food until her first dish touches his lips. Only one other time has he felt such pure arousal—a dangerous night of passion with a stranger, a young woman who disappeared at dawn. Ten years is a long time to wait for the main course, but when Verity Durant arrives at his table, there’s only one thing that will satisfy Stuart’s appetite for more. But is his hunger for lust, revenge—or that rarest of delicacies, love ? For Verity’s past has a secret that could devour them both even as they reach for the most delicious fruit of all…

Avis de Callixta

Sherry Thomas avait fait une entrée remarquée dans la romance avec un premier livre excellent, Private arrangements où son talent d’écrivain et sa connaissance de la romance éclataient. Son deuxième roman était évidemment très attendu et Delicious ne devrait pas vous décevoir tellement il renouvelle le genre et vous emmène avec lui. Sherry Thomas a concocté, mijoté un roman gourmandise où le sujet et est la gastronomie et l’héroïne une cuisinière. C’est aussi un conte de fées revendiqué comme tel par l’auteur qui dès le tout début du livre annonce qu’il pourrait bien s’agit d’une nouvelle version de Cendrillon.

La petite souillon est ici Verity Durant, une brillante cuisinière employée par Bertram Somerset. Celui-ci, à la surprise générale, meurt brutalement et bien trop jeune à trente-huit ans, léguant son titre et ses biens à son frère, Stuart. Fâchés depuis de longues années, les deux hommes ont évolué de façon différente. Bertram a coulé des jours heureux à la campagne alors que Stuart est devenu un brillant homme politique dont la carrière est sur le point de prendre son envol définitif grâce au vote d’une loi sur l’Irlande[[C’est une allusion assez développée au Home Rule, une loi qui visait à donner un statut d’autonomie à l’Irlande. Le premier ministre Gladstone échouera plusieurs fois à la faire passer]]. La mort de Bertram va bousculer le fragile équilibre de Stuart qui s’apprêtait à se marier et celui de Verity Durant, sa cuisinière mais aussi ancienne maîtresse… et tellement d’autres choses.

Difficile de résumer davantage un tel livre qui, comme un riche repas, va satisfaire toutes vos envies et tous vos besoins. Il faut tout d’abord saluer le style impeccable de Sherry Thomas qui colle à l’époque qu’elle a choisie comme un gant. Le vocabulaire est riche et évocateur, les formules originales, les métaphores brillantes. Par bien des aspects, elle se rapproche d’un auteur, inconnue en France et qui malheureusement n’écrit plus, Judith Ivory. Il y a ce style si personnel et cette pointe d’ironie qui assaisonne la lecture. Sherry Thomas admire cet écrivain, cela se sent et elle a le talent nécessaire pour l’évoquer sans l’imiter.

La construction du roman est également remarquable. L’histoire est simple quand on a fini le roman, mais complexe par toutes ses ramifications et ses conséquences. Sherry Thomas nous apporte petit à petit les éléments de la vie de Verity, de Stuart, de leur couple mais aussi d’autres personnages qui tournent autour d’eux et l’on ne devine l’ampleur des souffrances endurées que lorsque l’on a tourné la dernière page. Entre temps, on a passionnément voulu les deviner !

Verity et Stuart sont deux personnages exceptionnels, richement décrits, ciselés par tous les détails donnés, sur leur vie, sur ce qu’ils sont. Ils ont connu un parcours presque opposé. Verity, de haute naissance a chuté dans l’échelle sociale de la façon la plus classique qui soit. Stuart, enfant naturel, a, à la force du poignet mais aussi grâce à un peu de chance réussit à échapper à sa condition subalterne. Il n’aurait pas dû se croiser, n’aurait jamais dû s’aimer mais le sort et la cuisine peut-être en ont décidé autrement. Ils se sont vus une fois et le coup de foudre a été immédiat, tellement profond qu’ils ont compris tous deux que c’était pour la vie. Mais, les choses n’ont pas été si simples. La deuxième rencontre aura le même impact bien qu’elle soit ténue, que Stuart ne sache pas que c’est celle qu’il a rencontré avant… Qu’y a-t-il de plus romantiques que ces amours qui résistent au temps, à l’impossible ? Sherry Thomas réussit à nous faire croire à cette histoire envers et contre tout.

Et puis, il y a la cuisine et l’appel sensuel qu’elle représente : les sauces aériennes, les soufflés, légers, le chocolat fondant… Une véritable fête des sens qui va profondément déranger l’austère et sérieux Stuart, celui qui n’a jamais aimé manger, celui qui ne satisfait ces besoins là que parce qu’il faut manger pour vivre. C’est par ce biais que Verity va l’atteindre.

Et comme le talent de Sherry Thomas est vraiment complet, il y a une excellente romance secondaire entre le secrétaire de Stuart, William Marsden et la fiancée de Stuart. Là aussi, la conquête de l’une par l’autre est une merveille du genre, une subtile séduction par des dialogues brillants et notamment un jeu de mot autour des orchestres symphoniques (lisez le livre, vous comprendrez !). Et que dire du personnage remarquable de Michael, l’enfant adoptif du garde-chasse dont l’identité des parents biologiques demeure trouble ?

Sherry Thomas réussit à renouveler le genre de la romance historique de façon magistrale. Non seulement l’histoire explore un terrain qui a été peu foulé (une jeune femme déclassée qui travaille en cette Angleterre victorienne) mais elle va là où la romance s’arrête en général. Verity n’a rien d’une virginale héroïne avec ses trois amants dont un qui a été celui d’une nuit. Le mariage est gentiment bousculé avec des héros presque prêts en s’en passer. Nos deux personnages ont eu une longue vie compliquée et perturbée, ils en portent les stigmates. Ce sont aussi des adultes qui s’assument et réagissent comme tels face aux coups de la vie. C’est toujours très agréable d’avoir des histoires d’amour qui parlent aux adultes.

Bien sûr, la fin est peut-être un peu trop heureuse et l’amour entre Verity et Stuart est un coup de foudre, une prise de conscience brutale et définitive mais elle convient à ces deux personnages. Et puis, Sherry Thomas avait annoncé qu’elle écrivait un conte de fées. Cendrillon-Verity, bien qu’elle ait fini par croire que les princes charmants restaient des crapauds et que la marâtre l’emportait toujours, découvre que Stuart est venue la ravir sur son blanc destrier. Réjouissons-nous avec elle de cette merveilleuse histoire !

Fiche Technique

Format : poch
Pages : 432
Editeur : Bantam
Sortie : 1 août 2008
Langue : anglais
Prix : 5,19