Ciné+ Frisson – Starship Troopers

– Un bon parasite est un Parasite mort !

Engagez-vous ! Les motivations de John « Johnny » Rico (Casper Van Diem) pour rejoindre les forces armées de la planète Terre n’ont rien de patriotique. Simplement comme sa camarade de classe Carmen Ibanez (Denise Richards) a décidé de faire carrière dans les forces armées, il décide de la suivre.

Renonçant à des études et à la présence de ses parents, il se retrouve dans un camp d’entraînement assez… rude : épuisement physique, cours de close combat quelque peu brutaux, exercices à balles réelles, châtiments corporels (la discipline reposant sur le fouet). Il est vrai qu’alors que son amie a les qualités nécessaires pour devenir pilote, Rico a été désigné comme recrue pour l’Infanterie Mobile.

Les jeunes recrues se retrouvent rapidement en plein conflit. Une guerre avec la race extraterrestre des « Arachnides »(vulgairement appelés « Parasites ») vient d’éclater.

Le roman de Robert Heinlein (Étoiles garde-à-vous ! dans la version française) a été adapté par l’iconoclaste Paul Verhoeven.

Celui-ci a réalisé une parodie des films de guerre en suggérant que le régime que servaient avec enthousiasme les héros était une dictature. Le film de propagande qui apparaît au début du film est d’ailleurs inspiré par le film de propagande Nazi Le Triomphe de la volonté de Leni Riefenstahl. Né en Hollande en 1938 Paul Verhoeven passa sa petite enfance en territoire occupé, il sait donc parfaitement ce qu’est une dictature.

Cependant, dans le roman, la Terre connaît la démocratie. Certes, il ne s’agit pas de la nôtre, mais le régime politique implique des élections et des hommes politiques. La différence notable est que les citoyens ayant le droit de vote et pouvant être élus doivent auparavant avoir accompli un service fédéral, que ce soit en tant que combattant dans l’Infanterie Mobile, membre d’équipage de la flotte, cuistot ou… cobaye pour les scaphandres spatiaux (les tests déterminent la tache pour laquelle ils sont les plus aptes).

En conclure qu’il s’agit d’une dictature militaire serait prématuré. La réalité se révèle plus complexe. Il ne s’agit pas d’une armée de conscription. Chacun est libre ou non d’incorporer le Service Fédéral et d’en retirer les avantages et les inconvénients. De plus, ce régime s’est mis en place suite à une 3e guerre mondiale. Les États avaient disparu et le chaos s’était installé. La population était victime des pillards jusqu’à ce que les vétérans réagissent et neutralisent (définitivement) les pillards (vétérans inclus). La civilisation humaine s’est redressée partout dans le monde grâce à l’action des vétérans. Ceux-ci ont établi que seuls des vétérans devaient gouverner et ceci pour des raisons pragmatiques d’organisation, mais aussi éthiques, le principe étant que toute personne qui sait ce qu’est réellement une guerre sera moins enclin à la déclencher.

Dans le film, un professeur (Michael Ironside que Verhoeven avait dirigé dans le film Total Recall de 1990) essaie bien d’inculquer ces notions historiques et morales à Rico… et y renonce devant les capacités intellectuelles très limitées de son élève. Exit donc la théorie de Robert Heinlein sur les droits et devoirs du citoyen et place à Paul Verhoeven le cinéaste incontrôlable.

Parodiant les sitcoms américaines, il a choisi pour interpréter la plupart de ses héros des acteurs jeunes et beaux, vétérans des feuilletons Beverly Hills 90210, Melrose Place et Docteur Doogie. S’avisant sans doute que la censure frappant les téléfilms américains interdisait les scènes de nudité, il a décidé d’offrir aux spectateurs une mémorable scène de douche collective et… mixte. Les acteurs ont évidemment protesté. Leur argument était qu’ils ne se déshabilleraient pas devant la caméra à moins que leur réalisateur ne se dépouille également de ses vêtements.

La scène a bien été tournée, prouvant ainsi le dévouement de Paul Verhoeven à la grande cause du cinéma.