Bound by your touch – Avis +

Résumé de l’éditeur

Silver-tongued Viscount Sanburne is London’s favorite scapegrace. Alas, Lydia Boyce has no interest in being charmed. When his latest escapade exposes a plot to ruin her family, she vows to handle it herself. Certainly she requires no help from a too-handsome dilettante whose main achievement is being scandalous.

But Sanburne’s golden charisma masks a sharper mind and darker history than she realizes. He shocks Lydia by breaking past her prim facade to the woman beneath . . . and the hidden fire no man has ever recognized. But as she follows him into a world of intrigue, she will learn that the greatest danger lies within—in the shadowy, secret motives of his heart.

Avis de Callixta

Il y a des livres parfaits dont pas une ligne est inutile et dont les dernières pages font regretter que la lecture soit déjà terminée. Bound by your touch est de ceux-là. Meredith Duran a sorti discrètement un livre il y a plus d’un an. Il montrait déjà beaucoup de talent, une façon d’aborder la romance intelligente et nouvelle[[Vous aurez le plaisir de le découvrir en 2010 puisque J’ai Lu le publiera]]. Elle confirme largement tout le talent que nous sentions poindre en réussissant une romance historique magistrale, remarquablement écrite et qui n’a rien d’une bluette vite lue.

Pourtant les protagonistes n’ont rien d’original. Lydia Boyce est une vieille fille de vingt-six ans considérée comme ordinaire et perdue pour le mariage. Absorbée par les travaux de son père, égyptologue distingué, elle a la redoutable réputation de bas-bleu confirmée par le port de lunettes et un goût prononcé pour les conversations savantes sur les antiquités. Quant au héros, le Vicomte Sandburne, c’est un charmant aristocrate porté sur la bouteille et les chanteuses d’opéra. Même sa personnalité que l’on devine plus profonde n’est pas follement originale puisqu’il traine une sorte de spleen assez désespéré pour des raisons que le roman révélera.

Pourtant, sur ces bases qui ont donné de nombreuses romances, Meredith Duran va écrire un récit remarquable à plus d’un titre. Tout d’abord, elle dépasse complètement le classicisme de ses personnages en les dotant d’une personnalité riche, complexe. Tous deux sont bien plus que ce que les apparences montrent. Lydia cache de grandes incertitudes sur elle-même et James vit un drame personnel particulièrement douloureux. Mais ils ont également des amis, une vie, des idées et sont profondément ancrés dans leur époque, dans cette Angleterre victorienne. Ils deviennent presque réels, d’une humanité tangible, avec leurs défauts et leurs qualités. Peu d’auteurs parviennent à ce stade, se contentant de faire interagir les personnages sans vraiment aller au-delà.

De la même façon, Meredith Duran livre une histoire d’amour très belle qui va plus loin que la plupart des romances. Bien-sûr, il y a une attraction physique entre eux et la séduction commence très vite mais c’est autant celle du corps de l’autre que de son esprit. C’est par des dialogues brillants, fins et très intelligents que Meredith Duran nous montrent leur communauté d’âme. Le lecteur n’a rapidement pas de doute sur le fait que ces deux-là sont faits pour s’entendre.

Chacun des personnages est également pris comme membre d’un tout, d’un groupe. Ils ont d’ailleurs une famille fort différente. Lydia est l’aînée de trois filles et a, avec sa sœur Sophie des rapports compliqués. Elle idolâtre son père, un savant, qui en Egypte poursuit des fouilles et fait le commerce de petites antiquités. James est au contraire en conflit avec son père depuis son enfance et leurs relations se sont encore dégradées lorsque Stella, sa sœur, a été enfermée dans un asile après avoir tué son mari. Ce drame a bouleversé le jeune homme qui ne supporte pas l’internement de sa jeune sœur et ne trouve aucune issue pour l’en sortir.

Cette partie de l’histoire est remarquable, plutôt peu conventionnelle et évite la caricature que l’on pourrait craindre sur les asiles. Stella semble d’ailleurs un personnage fascinant tout à fait digne de devenir une héroïne un jour, même si rien n’est prévu pour elle actuellement. James a aussi des amis plutôt pittoresques comme la très belle Miss Chudderley, mannequin (c’est original pour cette période victorienne), son ami Phin, le Comte d’Ashmore qui aura sa propre histoire, et une certaine Mina fait une apparition étrange et remarquée avant de devenir elle-même centrale dans le prochain livre de Meredith Duran. Et puis, il y a les deux figures des pères, trop aimés ou trop détestés. Là aussi, l’analyse psychologique autour de ces deux personnages est remarquable et n’a rien de simpliste.

De plus, pour couronner un roman qui présente tant de qualités, une intrigue policière rythme le roman autour de la découverte de fausses antiquités livrées par le père de Lydia. Est-il au courant ou victime d’un intermédiaire peu scrupuleux ? Que cache ce pitoyable trafic ?

Meredith Duran a enfin une écriture élégante et un style remarquable avec de nombreuses images et comparaisons. Cela tranche singulièrement avec certaines romances écrites simplement. Ici, romance et littérature se rejoignent pour notre plus grande joie. Je me livre rarement à ce genre d’exercice mais la qualité de ce roman devrait lui permettre de figurer dans les nominés des RITA de l’année prochaine. L’avenir nous dira si ce pronostic était juste mais n’attendez pas cette confirmation de sa qualité, précipitez vous pour le lire !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 368
Editeur : Pocket Books
Langue : anglais
Sortie : juin 2009
Prix : 5,57 €