Alexander – Avis +

Avis de Valérie

Souvent comparé à Troy, Alexander est loin devant par sa qualité dans le traitement historique, la mise en scène et l’interprétation.

Si certaines conquêtes ont été omises sûrement pour permettre de centrer le film majoritairement sur la psychologie et la vie intime du grand stratège, il n’en demeure que pour une fois, un film anglo-saxon à gros budget ne foule pas du pied l’histoire avec un petit ou un grand « h ».

Le film tente de montrer aux spectateurs la force du destin qui a conduit ce Macédonien à conquérir le monde, non pas à la manière d’un film d’action, mais plutôt en forme d’un puzzle qui s’assemble et démontre l’obligation qu’à eu le jeune héros de fuir et réussir.

Si les spéculations sur son état mental sont à mettre aux crédits du réalisateur et de son consultant historique, tout est crédible. On nous le dépeint comme un bipolaire paranoïaque et narcissique qui, à cause de son enfance, du rejet du père, de la possessivité de sa mère laisse planer en filigrane le mythe d’Oedipe et, donc, sous-entend inceste et manipulation de la part de sa mère et meurtre du père.

Les parts d’ombre que l’histoire ne révèle pas sont éclairées à la manière d’un restaurateur de tableau : par touche homogène qui prend en compte l’époque et ce que l’on connaît des protagonistes. Le tableau ainsi créé est crédible, même si quelques discordances sont à notées (les lettres que Angelina Jolie écrit à son « fils » sont écrites en anglais alors que Alexandre lit en même temps des papyrus écrit en grec, la même qui parle (en VO) avec un drôle d’accent…)

Malgré la longueur du format, on ne s’ennuie pas, les acteurs sont émotionnellement forts. Et si le côté homosexuel de la société macédonienne est bien montré, la condition du « page » (ou boy dans la version original, c’est à dire le jeune-homme qui accompagne un noble pour assouvir ses instincts) est dépeinte crûment, comme un objet sexuel pur et simple. Il n’a pratiquement aucune valeur, ni aucun respect est cela est choquant pour les plus sensibles. L’amour que l’auteur fait éprouver à Alexandre envers son ami Hephaistion tente de renverser la vapeur et valoriser Alexandre mais ne réussit pas à enlever un goût amer persistant.

Si ce n’est pas le film de l’année, c’est un grand film qui mérite le déplacement et la réflexion qu’il suscite. Il a le mérite d’avoir reconstruit Babylone telle qu’on peut se l’imaginer, d’avoir dépeint des scènes de guerre, rugueuses et quelques fois belles (combat contre les éléphants), d’avoir montré la puissance et la mort d’un être exceptionnel qui a réussi ce que personne d’autre ne réussira. Si la fin ne produit pas les applaudissements que produit un film qui caresse dans le sens du poil, il laisse une trace forte. Un grand bravo est à adresser à Oliver Stone.