Retour sur le Festival des Merveilles 2019

Malheureusement pour nous, nous n’avons pas pu profiter dans son entièreté du Festival des Merveilles, mais ce qu’on a pu voir nous a bien plu !

Le festival a commencé jeudi 17 octobre avec le vernissage de l’exposition des Merveilles. Le festival se déroule dans le lieu de rencontre L’Entrepôt. Le lieu propose un cinéma[[Le cinéma comporte 3 salles, le Premier Festival a également lieu actuellement]], un bar-restaurant et une salle d’exposition (bien cachée). Cette dernière accueille sept artistes trans, trans non-binaires, chacun y expose quelques oeuvres et attire notre attention car chacun a vraiment son propre style.

Il y avait Rolim, Serib Billy, Aimé Pestel, Otto Zinsou, Lea Fernandes D.S., Julie Pomme et Max Pelgrims. On a personnellement eu un gros coup de coeur pour les oeuvres cordées de Serib Billy. Fleurs ou corps, elles étaient fascinantes ! Mais cela n’empêche qu’on a également apprécié les autres, découvert des univers assez différents de nos habitudes.

De plus, tous les soirs, il y a des projections d’oeuvres cinématographiques, avec devant et derrière la caméra des acteurs et staff trans ! Sauf pour le film About Ray[[Déjà sorti en DVD en France]] où c’est l’actrice Elle Fanning qui incarne le jeune adolescent transgenre. Il y a donc une belle variété d’œuvres, des fictions, des documentaires, des drames et des comédies. De nombreux courts-métrages sont également mis en lumière, qu’ils soient projetés avant les longs-métrages ou dans les séances spéciales leur étant dédiées.

Comme nous le soulignons au début de cet article, nous avons cependant eu le temps de ne voir que trois des films projetés :

Océan, documentaire français d’Océan (2019)
Film qui était à la base une série documentaire sur Slash, la chaîne numérique de France télévision où on suit le parcours d’Océan lors de sa transition. Il nous explique sa prise de conscience sur qui il était vraiment. Sur un peu plus d’un an, on voit alors son évolution physique, l’évolution de ses relations avec son entourage, mais aussi son implication dans le milieu militant.

On découvre un documentaire sensible qui est accessible à tous, même les personnes totalement néophytes sur ce sujet. Il exprime sa vision, ce qu’il ressent, il encaisse des propos qui s’avèrent assez douloureux et nous montre les choix qu’il fait face à cela. C’est un documentaire instructif et attentif à son public. On ne verse jamais dans le pathos ou la facilité, et on sourit de nombreuses fois tant Océan et son entourage sont attachants.

Océan est vraiment un documentaire à voir, il fait comprendre des choses, mais comme il le dit lui-même, son film n’est pas une généralité. Chacun a sa vision, sa mentalité, ses extrémités. Ce n’est pas une recette de comment se comporter avec une personne trans, non. Certes le documentaire permet de comprendre ce que peut vivre une personne en transition, mais ensuite, chaque personne est unique et possède sa propre sensibilité.

XY Chelsea, documentaire anglais de Tim Travers Hawkins (2019)
Chelsea Manning n’est pas parfaite, mais elle se bat selon ses convictions et essaye de faire bouger les choses à son niveau. Chelsea est une ancienne analyste militaire américaine qui a fait fuiter sur Wikileaks en 2010 des milliers de documents classés secret défense.

Le documentaire la concernant n’est pas linéaire même si l’on suit un certain fil rouge. On la voit sortir d’incarcération, 7 ans après son arrestation. C’est une femme forte mais fragile émotionnellement car elle est vue comme une traitresse, comme une personne dangereuse, mais surtout elle a subi des choses qu’on ne peut pas imaginer.

Le fait que ce soit une femme trans n’est pas au coeur du documentaire, on en parle car certaines accusations relevaient que c’était son identité de genre qui l’aurait poussée à faire ces révélations. Cette image l’a également poussée à tenir des positions et à militer activement à sa sortie de prison. Cependant, toute la richesse du documentaire est surtout due à ce que le fil narratif s’attache à qui elle était et ce qu’elle est devenue. On ne s’attache pas qu’à une part d’elle, mais à elle dans son entier. Chelsea Manning est une femme qui a fait des choix, s’est parfois trompée, elle a suivi ce que sa conscience lui dictait de faire. C’est une lanceuse d’alerte qu’on le veuille ou non, elle tient fermement ses convictions ce qui lui ont valu deux nouveaux mois en prison en 2019.

Transfinite, film américano-anglais-indien de Neelu Bhuman (2019)
Transfinite est une oeuvre composée de plusieurs histoires, sept courts-métrages de styles divers. Neelu Bhuman n’a pas été le seul à écrire les scénarios de chacune des séquences, il a été accompagné par d’autres personnes trans ou en variance de genre. On retrouve dans chaque séquence des acteurs et actrices trans. Ces différentes histoires sont parfois assez classiques, mais d’autres peuvent nous perdre plus facilement dans leurs aspects métaphoriques. De la magie, du graphisme, des relations, voilà ce qui fait les ingrédients de ce film.

On doit admettre que le jeu des acteurs est plus ou moins convaincant, tout comme les histoires, mais il y a quelque chose d’attachant à voir se dérouler les histoires. Comme l’a souligné Neelu Bhuman avant la projection de son film, Transfinite est là pour montrer qu’il y a des talents qui ne demandent qu’à s’exprimer ! Car même si certaines situations peuvent prêter à sourire, on peut voir le potentiel de chacun des courts-métrages, et certains donnent vraiment envie d’en savoir plus.

Transfinite permet de faire de bien jolies découvertes.

De nombreux films et événements vont encore avoir lieu jusqu’à la clôture le 2 novembre ! Le film projeté sera d’ailleurs le documentaire Les rêves Siamois de Iv C. Ching. L’activiste thaïlandaise, Aum Neko (aka Mimi), sur qui est basée le documentaire, sera présente à cette avant-première mondiale.

Informations pratiques

Date : du 17 octobre au 2 novembre 2019

Lieu : L’Entrepôt – 7/9 rue Francis de Pressensé – Paris 14

Transport : Métro Pernety (ligne 13)