Rencontre avec Chikashi Kubota et Orelsan pour One Punch Man

La première rencontre avec les abonnés de Anime Digital Network, le premier Anime Digital Act, était placée sous le signe de la convivialité et de l’amour des animes, et notamment ici de la série One Punch Man, avec deux invités spéciaux.

Le premier étant Chikashi Kubota (character designer de l’anime) et OrelSan prêtant sa voix la version française de Saitama, le héros au poing destructeur.

Sébastien Abdelhamid : Comment êtes-vous arrivé sur le projet de l’anime de One Punch Man ?

Chikashi Kubota : Avant cette série, je travaillais sur l’anime Space Dandy réalisé par Natsume1. Il a aimé mon travail sur cet anime et m’a proposé de le suivre dans cette aventure.

Sébastien Abdelhamid : Quel est le travail de character designer ?

Chikashi Kubota : Dans l’animation, il y a deux types de projets, les œuvres originales et les adaptations d’œuvres existantes. Pour les originales, il y a parfois des idées de bases des personnages, mais je dois préparer des données pour que les gens aient des références graphiques.

Je vais vous expliquer plus précisément mon travail sur travail sur cette série. Quand on regarde le manga, on a l’impression que les personnages sont tout le temps les mêmes alors qu’ils évoluent du début à la fin. Quand Genos se bat contre le boss de fin, il mûrit et devient adulte.

Pour Sonic le Foudroyant, l’évolution est au niveau du costume qui fait plus ninja au début puis vers la fin, on voit plus la morphologie du personnage. Il y a donc des discussions avec l’auteur et Natsume.

Sébastien Abdelhamid : Aimiez-vous le manga ?

Chikashi Kubota : À vrai dire, avant qu’on ne me le propose, je ne connaissais pas très bien l’œuvre. On m’a alors passé un premier volume et j’ai compris tout de suite l’ambiance, j’ai été saisi.

Sébastien Abdelhamid : Quels sont vos rapports avec Yusuke Murata et ONE2 ?

Chikashi Kubota : Je ne me suis personnellement occupé de l’aspect graphique et non de la narration. Mais j’ai beaucoup discuté avec Murata à qui je montrais mon travail en cours. Parfois, il me demandait des choses ou des modifications. Au cours de ces discussions, j’ai compris ce à quoi il tenait beaucoup.

Sébastien Abdelhamid : Est-ce difficile d’adapter un manga en anime ?

Au Japon, on le fait très souvent, mais je ne peux pas généraliser. Tous les projets ont leur ambiance, ses dessins, donc oui, c’est compliqué.

Sébastien Abdelhamid : Comment avez-vous fait pour y mettre de votre personnalité ?

Chikashi Kubota : J’aime beaucoup les dessins de Murata et je travaille dans le milieu de l’animation. Alors j’ai essayé de me mettre à la place des spectateurs. Je voulais une adaptation fidèle, alors j’ai tout donné pour faire au plus proche. Je n’ai pas cherché à prendre sa place ou à laisser des traces, mais il y en a un peu quand même.

Sébastien Abdelhamid : La qualité d’animation de One Punch Man est telle que beaucoup pensent qu’il y a des dizaines et des dizaines de gens qui travaillent dessus. Qu’en est-il vraiment ?

Chikashi Kubota : On était très nombreux à travailler sur cette série. La série est composée de 12 épisodes. Il y a plein de métiers différents, coloristes, animateurs, personnes en charge du décor, compositing, etc. Donc quelques centaines voire même milliers.

Sébastien Abdelhamid : Quelle est la clé d’une bonne série ?

Chikashi Kubota : Trouver de très bons animateurs. Pour cette série, autour de Natsume il y a eu plusieurs animateurs, mais on se connaissait déjà assez bien. On connaît les qualités des autres, donc c’était plus facile.

Sébastien Abdelhamid : One Punch Man connaît un succès international et unanime. Cela vous surprend-il ?

Chikashi Kubota : Oui, c’était une surprise.

Sébastien Abdelhamid : Quel est le temps nécessaire pour la fabrication d’un épisode de One Punch Man ?

Chikashi Kubota : Un épisode est diffusé chaque semaine, mais ça ne veut pas dire qu’on fait un épisode par semaine. On travaille en amont, plusieurs mois avant, je dirai 3 mois. On fait un épisode en 3 mois, mais il y a plusieurs équipes en parallèle. Mais ici ce qui était exceptionnel, c’est que le manga avait été exceptionnel et donc son attente également. Je n’ose pas dire combien de temps j’ai pris.

Sébastien Abdelhamid : Quelle est votre scène préférée ?

Chikashi Kubota : Les gens pensent souvent à la scène avec Boros à la fin de la série. Mais si je devais en citer une, ça serait la dernière scène, quand Genos s’adresse à un enfant et que Saitama arrive. Elle rappelle la première scène de la série, et cela représente bien l’évolution de leur relation.

Sébastien Abdelhamid : Quel est votre personnage préféré ?

Chikashi Kubota : Fubuki. Je n’aime pas trop Tutsumaki car elle est trop difficile à dessiner avec toutes ses boucles.

Il en a suivi la projection de quelques crayonnés de la série (les photos étaient interdites). Et Chikashi Kubota a rajouté :

Saitama était super facile à dessiner. Tutsumaki, franchement, ses cheveux sont chiant à faire. En plus dans l’animation, il faut les mettre en mouvement en les faisant bouger. D’ailleurs pour elle, il y a aussi eu du changement dans sa tenue. J’ai fait un design au début de la série, mais il y a des changements dans l’épisode final, car le manga était en cours et dans le plus récent, les dessins de Murata étaient assez différents. C’est pourquoi sa tenue change légèrement.

Suite à cela, Sébastien s’est ensuite tourné vers Orelsan pour le questionner sur sa participation à la version française de l’anime.

Sébastien Abdelhamid : Comment t’es-tu retrouvé ici ?

Orelsan : À cause de toi. Tu m’as appelé en me disant « On voudrait te proposer un truc avec Kazé, tu devrais venir à la réunion. ». Je ne voulais pas y aller d’abord, en pensant me retrouver avec une proposition à la noix. Mais à la réunion, on me propose de faire la voix de Saitama. C’est un métier dur, j’y réfléchis un peu puis je me force, je me suis dit « arrête de faire ta victime ». C’est un rêve de gosse. Et c’était une proposition différente à celle marketing qu’on proposerait à quelqu’un de célèbre auprès des ados, il y avait une volonté de rendre la version française cohérente.

Sébastien Abdelhamid : Il s’est tué en studio pour rendre bien.

Orelsan : C’est compliqué, car Saitama change constamment d’expression, c’est dur à trouver le ton juste. J’ai essayé quelque chose de plus neutre, mais ça ne marchait pas, car Saitama n’est pas blasé tout le temps, il va s’énerver pour des choses inutiles. Et l’ambiance du manga est basée sur ces décalages.

Sébastien Abdelhamid : Tu regardes beaucoup de versions françaises ?

Orelsan : Comme beaucoup non, mais j’ai dû en regarder beaucoup pour me remettre dans le bain, et je me suis rendu compte que le doublage français c’était beaucoup amélioré. Mais c’est le personnage de Saitama qui m’a décidé de le faire.

Et les questions du public :

Question du public : Est-ce une consécration ou bien, c’est juste pour ce rôle ?

Orelsan : C’est plutôt un rêve, on a un système différent du Japon, mais si l’occasion se présente, je le referai.

Question du public : Avais-tu déjà fait du doublage avant ?

Orelsan : J’ai fait une série sur Canal + et un film3 mais je n’avais pas fait de doublage avant.

Question du public : Du coup, as-tu eu du mal à suivre le rythme ?

Orelsan : J’ai bossé avec une fille qui dirige la version française. Au début, elle ne voulait pas me lâcher, mais le plus dur n’est pas le rythme, mais de trouver la bonne intention dans la voix, on a pris une journée de travail.

Question du public : Dans l’équipe, on t’a demandé de faire du freestyle ?

Orelsan : Non pas trop.

Question du public : Quel est ton personnage préféré en excluant Saitama ?

Orelsan : Genos, il est trop marrant. J’ai pris 1 ou 2 épisodes à comprendre qu’il est d’une naïveté hors norme. Il fonce tout droit, j’aime ce genre de personnage.

Question du public : Si quelqu’un te proposait de faire un opening dédié, serais-tu intéressé ?

Orelsan : J’aimerai bien si on me le propose.

Question du public : Quel est ton meilleur souvenir d’enregistrement ?

Orelsan : C’était marrant, il y a une scène dans les OAV4 entre Genos et Saitama qui prennent un bain. Et cette scène était marrante à faire, car il y avait beaucoup d’onomatopées.

Question du public : Si on te propose un autre anime, le ferais-tu ?

Orelsan : Ça dépend du rôle, c’est éventuel, mais là, je me concentre sur One Punch Man.

Question du public : Voudrais-tu faire un film de ce style ?

Orelsan : Je voudrais faire un film avec les codes des animes, mais d’abord par un court-métrage.

Question du public : N’es-tu pas fâché avec le rappeur Volt Face ? Car il se présente avec Saitama5.

Orelsan : Je ne sais pas, je lui demanderai.

Question du public : Quel est ton anime préféré de 2016 et sinon, quel ovni conseillerais-tu ?

Orelsan : Là je dirai One Punch Man, parce que c’est bien. Sinon, arf c’est difficile à dire, j’aime beaucoup One Piece que je n’ai pas lâché depuis le premier épisode. En décalé bizarre, je dirai Tonkatsu DJ Agetarou6. Voilà ce que je conseillerai.

Question du public : N’est-ce pas éprouvant toutes vos activités qui s’enchaînent ?

Orelsan : C’est fatigant, mais je m’ennuie vite, je fais alors tout d’un coup. Et tout ce que je fais reste assez lié, et ça se ressemble pour moi. Par exemple, j’ai été acteur, et quand j’enregistre, je suis dans un espace réduit, c’est une combinaison des deux.

Question du public : Peux-tu nous dire si tu prévois un nouvel album ?

Orelsan : Oui, en septembre… Je veux dire, en septembre prochain de 2017.

Question du public : Et il n’y aura pas d’autres projets ?

Orelsan : Non, je veux me concentrer sur le disque, il y aura peut-être quelques trucs, mais ce n’est pas encore prévu.

Album photos de la rencontre et de l’événement

Kazé pour le coffret DVD de l’anime

  1. Shingo Natsume – réalisateur de One Punch Man ↩︎
  2. ONE est le scénariste et Yusuke Murata le dessinateur du manga ↩︎
  3. Comment c’est loin, sorti en 2015 ↩︎
  4. original animation video : production d’animation de différents formats destinée à l’exploitation sur support vidéo sans diffusion télévisuelle ni cinématographique préalable. ↩︎
  5. Private joke – le rappeur en question utilise bien une image de Saitama en couverture de sa page Facebook ↩︎
  6. Anime disponible sur Anime Digital Network ↩︎